DARLING, sir CHARLES HENRY, soldat et administrateur colonial, né le 19 février 1809 à Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse, fils aîné du major général Henry Charles Darling et d’Isabella Cameron, fille d’un ancien gouverneur des Bahamas, décédé le 25 janvier 1870 à Cheltenham, Angleterre.

À la naissance de Charles Henry Darling, son père, lieutenant-colonel, était affecté à la milice en Nouvelle-Écosse. En décembre 1826, après des études au Royal Military College, à Sandhurst, Angleterre, il débuta dans la carrière militaire comme enseigne dans le 57e régiment d’infanterie. Entre 1826 et 1831, Darling fut en garnison avec son régiment en Nouvelle-Galles du Sud et, pendant une partie de cette période, il fut secrétaire particulier adjoint puis secrétaire militaire de son oncle, le gouverneur sir Ralph Darling. Il devint lieutenant en 1830 et obtint, en 1831, la permission de s’inscrire à nouveau aux études supérieures, à Sandhurst. Il y demeura jusqu’en 1833, date à laquelle il fut nommé secrétaire militaire du lieutenant général sir Lionel Smith sous les ordres de qui il servit à la Barbade et dans les îles du Vent de 1833 à 1836 puis à la Jamaïque jusqu’en 1839.

Darling était capitaine lorsqu’il quitta l’armée en 1841 après avoir assumé, pendant deux ans, le commandement d’une compagnie indépendante. Il s’était marié deux fois : en 1835, d’abord, il avait épousé la fille d’Alexander Dalzell, de la Barbade, qui mourut en 1837 puis, en 1841, la fille aînée de Joshua Billings Nurse, membre du Conseil législatif de la Barbade ; celle-ci mourut en 1848. Entre 1843 et 1847, Darling fut agent général de l’immigration à la Jamaïque sous les ordres du gouverneur lord Elgin [Bruce]; il fut conseiller législatif, adjudant général de la milice et de nouveau secrétaire du gouverneur pendant un certain temps après le départ d’Elgin.

Darling occupa le poste de lieutenant-gouverneur de l’île Sainte-Lucie, de 1847 à 1851, et de la colonie du Cap (République d’Afrique du Sud) pendant l’absence du gouverneur en 1851. Au cours de l’année, il épousa Elizabeth Isabella Caroline Salter, de Stoke Poges dans le comté de Buckingham. De mai à décembre 1854, Darling se vit à nouveau confier l’administration de la colonie du Cap. À cette époque, il fut nommé gouverneur en chef d’Antigua et des îles Sous-le-Vent, mais le ministre des Colonies, sir George Grey, le pria d’aller plutôt à Terre-Neuve.

Darling fut envoyé à Terre-Neuve préparer l’instauration d’un gouvernement responsable, que le gouverneur en poste, Ker Baillie Hamilton*, avait rendue difficile par son opposition aux libéraux. En mars 1855, Hamilton fut informé de sa mutation à Antigua, et Grey déclara que Darling allait « avoir l’avantage de rencontrer la nouvelle Assemblée et d’entreprendre l’instauration d’un gouvernement responsable sans avoir été mêlé auparavant à la politique de l’île ». Accueilli par le procureur général Edward Mortimer Archibald* comme un homme particulièrement versé dans les affaires coloniales, Darling entreprit son mandat de gouverneur en annonçant l’inauguration d’un gouvernement responsable. Il faillit cependant se heurter à de graves difficultés en arrivant dans la colonie alors qu’il n’avait reçu aucune instruction pour scinder l’ancien Conseil, en Conseil exécutif et en Conseil législatif, mesure qui s’imposait, selon la pratique établie dans les colonies dotées d’un gouvernement responsable. Heureusement pour Darling, les membres les plus influents de ce Conseil étaient impatients de se retirer. Le procureur général Archibald, le secrétaire colonial James Crowdy et l’arpenteur général Joseph Noad* prirent des mesures pour que leur démission soit acceptée si la nouvelle Assemblée qui allait être élue en mai 1855 était dominée par les libéraux. Les élections donnèrent une nette majorité aux libéraux et, le 22 mai, la nouvelle Assemblée adopta des résolutions confirmant la victoire du parti libéral de Philip Francis Little* et reconnaissant les vainqueurs comme les seuls admissibles à composer le Conseil exécutif sous le régime du gouvernement responsable. Un gouverneur opiniâtre aurait pu insister sur son droit de trancher la question, mais Darling laissa passer ce manque d’égards et se borna à réprimander l’Assemblée, dans le discours du trône, en rappelant la pratique constitutionnelle conforme à l’usage.

Les résolutions en faveur du parti de Little eurent pour effet l’abolition de l’ancien régime ; l’empressement de Darling à les accepter surprit les libéraux qui s’attendaient à plus d’opposition. Par bonheur également, les libéraux étaient suffisamment nombreux à l’Assemblée pour renverser les résolutions proposées par Hugh William Hoyles*, leader de l’opposition conservatrice et protestante, qui accusa Darling d’attitude inconstitutionnelle. Il y eut ensuite deux sessions fructueuses en 1855 et 1856. Cette période d’assez bonne entente, plutôt brève cependant, s’explique en partie par l’amélioration des conditions économiques à la suite du traité de réciprocité de 1854 avec les États-Unis, dans lequel on avait inclus Terre-Neuve. Le problème séculaire de la côte française ne tarda cependant pas à venir rompre l’harmonie politique.

À partir de 1783, les Français avaient revendiqué des droits de pêche exclusifs sur la côte ouest de Terre-Neuve, du cap St John au cap Ray ; les Terre-Neuviens s’opposèrent fermement à cette revendication et firent valoir un droit opposé. En 1856, Henry Labouchere, le ministre britannique des Colonies, reprit les négociations avec la France à partir de modifications aux propositions de 1851 formulées par le négociateur britannique, sir Anthony Perrier. Le gouverneur Hamilton avait récusé les propositions de Perrier, à la satisfaction des Terre-Neuviens, mais Darling souscrivait cette fois à plusieurs modifications proposées par Labouchere visant à diviser la côte française en deux sections distinctes, l’une française et l’autre britannique, et à reconnaître aux Français le droit de prendre des appâts sur la côte sud ; il soutenait que, puisque les Américains pouvaient y prendre des appâts en vertu du traité de réciprocité, il serait impossible d’empêcher les Français d’en faire autant. Bien que Darling n’acceptât pas toutes les conditions des nouvelles propositions de Labouchere, la dépêche qu’il lui envoya en juillet 1856 vint renforcer, semble-t-il, la résolution du ministre des Colonies de parachever l’entente le 14 janvier 1857. Lorsque le texte de l’entente fut présenté, un mois plus tard, l’Assemblée de Terre-Neuve et le Conseil législatif s’y opposèrent vivement. Darling déclara qu’il ne pouvait « absolument rien faire » pour mettre cette entente à exécution devant une opposition aussi unanime. Labouchere rappela en fin de compte l’entente et fit parvenir une dépêche dans laquelle il reconnaissait « que le consentement de la communauté de Terre-Neuve [serait] considéré [...] comme la condition primordiale à toute modification de ses droits territoriaux ou maritimes ».

Gravement compromis par ce triomphe des vues de l’Assemblée, même s’il avait tenu compte des représentations de cette dernière, Darling quitta la colonie en février 1857, au milieu de critiques amères, pour devenir gouverneur de la Jamaïque. Sa nouvelle nomination n’était peut-être pas un moyen qu’on avait pris pour le retirer de Terre-Neuve puisqu’elle eut lieu en février, avant que les protestations aient atteint toute leur ampleur ; cependant, il est possible que le rôle qu’on lui attribuait dans les négociations ait nui à son efficacité.

En 1863, Darling fut nommé gouverneur de Victoria (Australie), l’un des postes les plus intéressants du ministère des Colonies. Cette affectation prit fin brutalement cependant en 1866 à la suite d’une mésentente entre Darling et le Conseil législatif de la colonie. Il revint vivre en Angleterre, à Cheltenham, où il mourut en 1870. Il avait été fait chevalier en 1865 en raison de « ses longs et fructueux états de service ».

Frederic F. Thompson

PRO, CO 194/144–151.— Royal Gazette (St John’s), 15 mai 1855–28 avril 1857.— ADB.DNB.— G.-B., WO, Army list, 1827–1841.— Gunn, Political history of Nfld., 139–149.— Thompson, French shore problem in Nfld., 25–47.

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Frederic F. Thompson, « DARLING, sir CHARLES HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/darling_charles_henry_9F.html.

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Année de la publication:    1977
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