CURLING, JOSEPH JAMES, ministre de l’Église d’Angleterre et auteur, né le 31 janvier 1844 à Herne Hill (Londres), fils unique de Joseph Curling, homme d’affaires, et d’une dénommée Wilson ; le 27 septembre 1876, il épousa à St John’s Emily Marion Robinson, fille benjamine de Bryan Robinson*, et ils eurent trois fils et une fille ; décédé le 18 novembre 1906 à Datchet, Angleterre.
Joseph James Curling fit ses études à Harrow et à la Royal Military Academy de Woolwich (Londres). En 1865, il s’enrôla dans le génie royal et reçut le grade de lieutenant. Sa carrière militaire allait bien. En 1869, on le nomma aide de camp du major général sir Frederick Edward Chapman, alors gouverneur des Bermudes. L’année suivante, sir Frederick fut rappelé en Angleterre ; Curling demeura son aide de camp.
Assez riche depuis la mort de son père, Curling se signala aux Bermudes par sa générosité envers l’Église d’Angleterre. Pendant son séjour là-bas, il rencontra l’évêque de Terre-Neuve et des Bermudes, Edward Feild*, et son coadjuteur, James Butler Knill Kelly. En 1871, il donna à l’Église de Terre-Neuve son yacht, le Lavrock, pour remplacer le Star, qui avait fait naufrage. Il l’équipa à ses frais d’accessoires religieux, le mena à St John’s en 1872 et le remit à l’évêque Kelly. Ensuite, il fit une tournée rapide dans l’est de l’Amérique du Nord.
En 1873, Curling quitta son poste d’officier pour se faire missionnaire de l’Église d’Angleterre à Terre-Neuve. Apparemment, c’était les entretiens qu’il avait eus avec les évêques Feild et Kelly aux Bermudes, ce qu’il avait vu à Terre-Neuve et une série de sermons à laquelle il avait assisté à Londres en décembre 1872 et en janvier 1873 qui l’avaient amené à prendre cette décision et à opter pour ce territoire. Bien des régions isolées de l’Amérique du Nord britannique avaient besoin de ministres du culte, et la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, importante société missionnaire de l’Église d’Angleterre, cherchait intensivement des recrues. Les anglicans de Terre-Neuve étaient alors tout près de 60 000 ; il y avait 5 000 communiants, 54 membres du clergé et 51 paroisses ou missions.
Curling fut fait diacre le 1er novembre 1873 à St John’s et ordonné ministre environ un an après. On l’affecta à la mission de la baie des Îles, sur le littoral ouest de Terre-Neuve, qui s’étendait de la baie proprement dite jusqu’à l’île St John, une centaine de milles plus au nord, dans la région connue sous le nom de côte française. La mission était isolée du reste de la colonie et négligée par le gouvernement. Deux petits ports de pêche se trouvaient sur son territoire : Birchy Cove dans la baie des Îles (cette localité rebaptisée Curling en 1904 fait maintenant partie de Corner Brook) et Woody Point dans la baie Bonne. On pouvait aller d’un port à l’autre seulement en bateau ou à pied, ou encore en traîneau à chiens en hiver, et le terrain était accidenté. Au début des années 1870, la baie des Îles et la baie Bonne comptaient en tout moins de 2 500 habitants, surtout des protestants.
Curling était le deuxième ministre anglican à œuvrer dans cette mission que la Society for the Propagation of the Gospel avait ouverte en 1865. Il établit ses quartiers à Birchy Cove, y construisit un presbytère et fit quelques travaux à l’église. Grâce à son indépendance financière, il put engager plusieurs instituteurs et construire un certain nombre d’églises, d’écoles et de maisons. Il sillonnait souvent sa mission, célébrait des offices et donnait de l’instruction religieuse. Apparemment, on le respectait et on l’aimait bien. Son énergie et son expérience de la navigation lui gagnèrent l’admiration de ses ouailles, des familles de pêcheurs, d’agriculteurs et de bûcherons à qui ni les privations, ni le travail pénible et dangereux n’étaient étrangers. En 1874, un marin et un étudiant en théologie qui travaillait avec Curling se noyèrent, et Curling lui-même faillit perdre la vie.
En 1879, Curling fut chargé, à titre de doyen rural, des paroisses et missions anglicanes situées le long de la côte ouest et du détroit de Belle-Isle, région d’environ 500 milles de longueur. Pour pouvoir se déplacer plus facilement, il fit construire un bateau de mission, le Sapper ; il en avait dessiné les plans et le paya lui-même. Vers cette époque, il obtint un certificat de navigation ; en 1885, il publia un ouvrage intitulé Coastal navigation.
En 1886, après avoir passé près de 13 ans dans la baie des Îles, Curling rentra en Angleterre avec sa famille, car les épreuves physiques de son ministère commençaient à nuire à sa santé. Il étudia à l’Oriel College d’Oxford, où il obtint une licence en théologie en 1890 et une maîtrise peu de temps après. Puis il retourna à St John’s avec sa femme ; leurs enfants demeurèrent en Angleterre pour y poursuivre leurs études. En 1891–1892, il dirigea le Queen’s College, établissement fondé en 1841 pour préparer des candidats au ministère à Terre-Neuve. Pendant ces années, il commença une histoire du collège ; son successeur à la direction, Charles Knapp, allait l’achever.
Après ce séjour à Terre-Neuve, Curling retourna en Angleterre pour de bon. Il fut curé de Hamble dans le Hampshire durant environ huit ans ; il travailla aussi dans la région pour la Society for the Propagation of the Gospel et fut délégué de l’évêque de Terre-Neuve. Il démissionna de la cure de Hamble en 1900, mais continua de vivre dans cette localité avec sa femme. À l’occasion, ils séjournaient à Londres et, lorsque Curling allait assez bien, ils voyageaient en Europe. Curling mourut à Datchet en novembre 1906 ; sa santé était chancelante depuis cinq ans déjà.
Joseph James Curling semble avoir été un homme énergique et un excellent organisateur. Son expérience de l’armée et de la navigation, tout comme sa formation d’ingénieur, lui furent utiles dans le travail qu’il avait choisi. Le fait que, de son vivant, une localité ait changé de nom pour s’appeler Curling témoigne qu’il n’était pas populaire uniquement auprès de ses coreligionnaires.
Joseph James Curling a rédigé Coastal navigation ; or, notes on the use of charts [...] (Portsmouth, Angleterre, et Londres, 1885), et a aussi dressé le Catalogue of the Royal Engineer Corps libraries ; (except Chatham and Dublin), Charles Edward Luard, édit. (Londres, 1876) et la List of missions of the Church of England in Newfoundland and Labrador [...] compiled in 1877 with the assistance of the clergy, by one of their number (Londres, 1877 ; il se peut qu’une autre édition ait été publiée la même année à St John’s). Il a aussi produit Historical notes concerning Queen’s College, St. John’s, diocese of Newfoundland, 1842–1897, notes complétées par Charles Knapp (Londres, 1898), et une brochure, The sign of the cross ; being a conversation between a clergyman and a dissenter from the church (Oxford, 1904).
Royal Gazette and Newfoundland Advertiser, 3 oct. 1876.— Times (Londres), 20 nov. 1906.— Diocesan Magazine (St John’s), 2 (1890), no 9 : 9 ; 3 (1891), no 4 : 1 ; 4 (1892), no 7 : 1 ; 19 (1907), no 1 : 4s. (exemplaires aux EEC, Diocesan Synod of Eastern Newfoundland and Labrador Arch., St John’s).— DNLB (Cuff et al.).— Encyclopedia of Nfld (Smallwood et al.).— Joseph Hatton et M[oses] Harvey, Newfoundland, the oldest British colony ; its history, its present condition, and its prospects in the future (Londres, 1883).— R. H. Jelf, Life of Joseph James Curling, soldier and priest (Oxford, 1910 ; 2e éd., 1910).— T. R. Millman et A. R. Kelley, Atlantic Canada to 1900 ; a history of the Anglican Church (Toronto, 1983), 119s.— Prowse, Hist. of Nfld (1895), suppl. : 14s.— SPG Report (Londres), 1873.— Who was who, 1897–1915 (1988).
Davena Davis, « CURLING, JOSEPH JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/curling_joseph_james_13F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
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