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CUNDALL, HENRY JONES, arpenteur, agent immobilier et philanthrope, né le 13 janvier 1833 à New London, Île-du-Prince-Édouard, aîné des enfants et fils unique de William Cundall et de Sarah Louisa Haszard ; décédé célibataire le 16 juillet 1916 à Charlottetown.
Henry Jones Cundall naquit dans une famille très distinguée, sinon exceptionnellement riche. Son père avait quitté l’Angleterre pour l’Île-du-Prince-Édouard en 1828 afin de gérer les grandes terres familiales. Comme ses propriétés ne lui rapportaient pas un revenu suffisant, il se lança en affaires à Charlottetown. Devenu par la suite directeur de la Central Academy, il accéda en 1856 au poste de caissier (directeur général) de la Bank of Prince Edward Island. La mère de Henry Jones venait d’une illustre famille loyaliste de l’île.
Grâce à la situation de sa famille, Cundall put non seulement faire de bonnes études, en l’occurrence à la Central Academy, mais aussi recevoir une formation professionnelle. Il apprit l’arpentage avec un oncle et, vers l’âge de 16 ans, il commença à travailler au bureau de Samuel* et Edward Cunard à Charlottetown. Dès 1853, il était l’arpenteur de ces grands propriétaires fonciers de l’île. En 1851, il avait terminé une carte de la colonie ; réalisée de sa propre initiative, elle fut reconnue comme un modèle d’exactitude. Cundall avait ouvert un bureau en 1863, et déjà, en 1868, il avait une solide réputation d’arpenteur et d’agent immobilier ; il exécutait notamment des levés pour le Prince Edward Island Railway. Il ferait plus tard partie du comité d’examinateurs des futurs arpenteurs. En outre, il se fit connaître par sa prudence et sa compétence en administration financière. Après l’expropriation des grandes propriétés foncières en 1875 [V. Lemuel Cambridge Owen], des anciens propriétaires, désireux d’investir leurs indemnités, le choisirent comme fiduciaire. Cundall lui-même plaça de l’argent dans la banque de son père, dans la compagnie locale de gaz et dans des prêts sûrs. Il fut président de la Telephone Company of Prince Edward Island de 1894 à 1901. En gérant soigneusement son capital, il finit par devenir l’un des hommes les plus riches de l’île.
La prudence et la compétence, mais non l’éclat, caractérisaient la vie professionnelle de Cundall. Ses contemporains reconnaissaient son importance dans la vie économique de l’île, mais il était renommé surtout pour sa participation à toute une gamme d’œuvres de bienfaisance. Certaines d’entre elles avaient un caractère religieux ; Cundall était en effet un fervent anglican de la Basse Église. Avec des protestants influents, il aida à fonder en 1883 le Prince Edward Island Hospital, où il accepta une fonction d’administrateur. Les anglicans qui prirent l’initiative d’ouvrir une école dans le district le plus pauvre de Charlottetown, le Bog, purent également compter sur son appui. Il se joignit de bonne heure à la Young Men’s Christian Association, et il en fut trésorier de 1863 jusque dans le courant du xxe siècle. L’hôpital, la Young Men’s Christian Association, son église paroissiale et diverses sociétés missionnaires figuraient dans son testament à titre de légataires, mais la plus forte portion de son héritage, y compris sa vaste résidence, Beaconsfield, fut consacrée à l’établissement d’un foyer pour « jeunes dames et jeunes filles seules » à qui l’on inculquerait « des habitudes industrieuses et chrétiennes » afin de les aider à mener une vie utile et respectable.
Cundall se mêla assez peu de politique locale. Il prônait la tempérance et participa à la campagne pour la construction d’une usine municipale de distribution d’eau à Charlottetown. Préférant agir en coulisse, il ne brigua jamais les suffrages. Selon lui, consacrer du temps à des loisirs scientifiques était plus fructueux. Il fut observateur pour le Service météorologique du Canada de 1872 à 1886. Adepte de la photographie amateur dès 1859, il fut l’un des premiers en Amérique du Nord à utiliser des plaques sèches. Apparemment, il photographiait surtout des gens. En outre, il fit l’acquisition d’une lanterne magique et d’une série de plaques représentant des scènes de la nature ; il se servait de cet appareil dans des conférences.
L’existence disciplinée et posée de Cundall correspondait presque parfaitement à l’idéal victorien de spiritualité centrée sur la santé du corps. Sa vie domestique tournait autour de ses trois sœurs célibataires, dont l’une, à son grand regret, adopta l’anglicanisme de la Haute Église et devint religieuse en Angleterre. Sa deuxième sœur mourut en 1888, mais la troisième, Penelope Anne, joua jusqu’à son décès en 1915 le rôle de châtelaine de Beaconsfield. Durant de nombreuses années, il y eut à cet endroit des fêtes champêtres et, plus souvent, des soirées musicales avec des amis triés sur le volet. Cundall affectionnait les excursions de chasse et de pêche, la marche rapide et le patinage ; il aimait aussi passer des soirées tranquilles à lire et à rédiger son journal. Sans être austère, il était sévère avec lui-même et avec autrui. On avait probablement tort de le dire avare, mais il ne dépensait pas sans compter. Au début, le jeune peintre Robert Harris fut consterné par la « misérable rémunération » qu’il touchait pour son travail au bureau de Cundall, mais ce salaire lui permit tout de même d’aller étudier les beaux-arts en Angleterre et à Boston.
Un homme doté de la trempe, de la moralité et de la perspicacité de Henry Jones Cundall aurait probablement fait fortune n’importe où. Qu’il ait choisi de rester à l’Île-du-Prince-Édouard dénote du conservatisme et beaucoup d’attachement à son milieu d’origine. Tout comme ses pairs, quand il dirigeait son regard au delà des limites de l’île, c’était vers le Royaume-Uni, puis vers le reste du vaste Empire. Sans avoir l’esprit de clocher, il savait combien la tâche à accomplir chez lui était immense. Il s’y appliqua avec une discrète efficacité, si bien que, avec le temps, son influence se fit sentir dans toute la vie économique et sociale de sa ville et de sa province.
Henry Jones Cundall a laissé aux historiens un riche héritage de manuscrits constitués de journaux personnels, conservés aux PARO, Acc. 3466, ser. 72.139, et de ses registres de copies de lettres (Acc. 4158). Une étude récente de ces sources réalisée en même temps que la cueillette d’information sur la résidence de Cundall, Beaconsfield, a notamment donné lieu à la rédaction d’un excellent article par [G.] E. MacDonald, « The master of Beaconsfield, part two : Henry J. Cundall », Island Magazine (Charlottetown), no 34 (automne–hiver 1993) : 7–14. Un autre article, Theresa Rowat, « Island photography, 1839–1873 », Island Magazine, no 14 (automne–hiver 1983) : 14–21, est utile pour mettre en perspective l’œuvre de Cundall comme photographe.
Une notice biographique sur Cundall écrite par Walter C. Auld figure dans son ouvrage Voices of the Island : history of the telephone on Prince Edward Island (Halifax, 1985) ; on la trouve aussi sous forme de texte dactylographié aux PARO (P.E.I. Geneal. Soc. coll., reference files, Cundall-1). Cundall a publié certains de ses textes dans le Prince Edward Island Magazine (Charlottetown), publié à partir de 1904 sous le titre Prince Edward Island Magazine and Educational Outlook : « Captain Holland’s survey », 1 (1899–1900) : 250–253, et « The early days of the Young Mens Christian Association and Literary Institute », 6 (1904) : 192–201. Un article anonyme intitulé « The Y.M.C.A. » paru dans le Prince Edward Island Magazine, 4 (1902–1903) : 140–143, donne de l’information sur le travail de Cundall auprès de l’association. R. C. Tuck, Gothic dreams : the life and times of a Canadian architect, William Critchlow Harris, 1854–1913 (Toronto, 1978), donne des détails sur Cundall relativement à ses relations avec William Critchlow Harris. D. [O.] Baldwin, « The Charlottetown political elite : control from elsewhere », dans Gaslights, epidemics and vagabond cows : Charlottetown in the Victorian era, D. [O.] Baldwin et Thomas Spira, édit. (Charlottetown, 1988), 32–50 nous renseigne sur le statut social qu’a atteint Cundall à Charlottetown. Certaines des activités de ce dernier sont décrites dans D. O. Baldwin et Helen Gill, « The Island’s first bank », Island Magazine, no 14 (automne–hiver 1983) : 8–13, et dans D. O. Baldwin, « The growth and decline of the Charlottetown banks, 1854–1906 », Acadiensis (Fredericton), 15 (1985–1986), no 2 : 28–52.
Les archives de la P.E.I. Geneal. Soc. Coll. aux PARO (reference files, Cundall-4–5) sont utiles pour la confirmation des dates marquantes de l’existence de Henry Cundall ; son testament, daté du 26 octobre 1904, et l’inventaire d’homologation de sa succession, daté du 1er août 1916, conservés aux PARO, Supreme Court, estate div. records (mfm), donnent des détails sur l’ampleur de sa fortune et sur la cession de ses biens. La base de données Atlantic Canada Newspaper Survey, qu’on peut consulter directement par le truchement du Réseau canadien d’information sur le patrimoine administré par Communications Canada, Ottawa, comprend un certain nombre de documents qui contiennent des références de journaux concernant les affaires et les activités personnelles de Cundall. On trouve des notices nécrologiques dans le Charlottetown Guardian et le Patriot de Charlottetown du 17 juillet 1916. [p. e. r.]
Peter E. Rider, « CUNDALL, HENRY JONES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cundall_henry_jones_14F.html.
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Auteur de l'article: | Peter E. Rider |
Titre de l'article: | CUNDALL, HENRY JONES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |