CREELMAN, SAMUEL, fermier, instituteur, homme d’affaires, juge de paix, homme politique et fonctionnaire, né le 19 novembre 1808 dans le canton d’Upper Stewiacke, Nouvelle-Écosse, fils de William Creelman, fermier, et de Hannah Tupper ; le 11 février 1834, il épousa Elizabeth Elliott Ellis, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 5 juin 1891 dans sa ferme de Round Bank, Upper Stewiacke.
Originaire de Londonderry, en Irlande du Nord, le grand-père paternel de Samuel Creelman avait immigré en Nouvelle-Écosse avec ses parents en 1761. Devenu l’un des premiers concessionnaires du canton d’Upper Stewiacke en 1784, il avait légué à ses héritiers mâles, dont le père de Samuel, des fermes situées dans la plaine alluviale. Samuel fréquenta l’école publique de Stewiacke et travailla dans la ferme de son père jusqu’à sa majorité. D’après une biographie de l’époque, il étudia un hiver auprès de son cousin James Ross*. Il fut aussi instituteur durant trois ou quatre ans, puis s’adonna quelque temps au commerce à Stewiacke. Après son mariage, en 1834, il entreprit d’exploiter une partie de la ferme de son père. En 1865, le gouvernement provincial lui octroya une terre dans le canton d’Upper Stewiacke et, en 1871, Creelman était devenu un agriculteur prospère et en vue, fier de ses 660 acres de cultures mixtes. En 1872, il alla s’établir avec son épouse dans une ferme voisine appelée Round Bank.
Homme d’affaires, Creelman investissait fréquemment dans des terrains et des hypothèques. Les lignes de crédit que lui procuraient ces transactions, de même que sa position de premier plan dans la société, lui valurent le titre de squire. En 1869, il devint le principal propriétaire et actionnaire de la fabrique de lainages de Mulgrave, à Newton Mills, et, dans les années 1880 un important actionnaire de la Hopewell Woollen Mills Company.
Fermier et homme d’affaires dur à la tâche, Creelman n’en était pas moins considéré comme un « gentleman », principalement en raison de sa carrière publique. Devenu juge de paix et membre du conseil de la Truro Academy en 1843, il fut député de la circonscription de Colchester de 1847 à 1851, puis représentant du canton de Truro entre 1851 et 1855. Il occupa également le poste de secrétaire aux Finances de la province de 1851 à 1856. Quatre ans plus tard, on le nomma au Conseil législatif, mais il démissionna en 1862 à la suite de la ruée vers l’or dans la colonie pour devenir le premier commissaire de l’or de la Nouvelle-Écosse. (L’année suivante, Peter Stevens Hamilton lui succéda à ce poste.) En 1867, après avoir siégé quelques mois au Conseil exécutif, Creelman retourna au Conseil législatif et y resterait jusqu’à sa mort. Entre 1878 et 1882, il fut commissaire des Mines et des Travaux publics.
Sous la bannière libérale d’abord, Creelman avait fait campagne en faveur de la responsabilité ministérielle avec Joseph Howe* et ses associés au cours des années 1840. Contrairement à celui-ci toutefois, il appuyait sans réserve le projet de Confédération. Devenu libéral-conservateur après 1867, il joua le rôle de chef de l’opposition au Conseil législatif jusqu’à ce que les libéraux-conservateurs de Simon Hugh Holmes* prennent le pouvoir en 1878, moment auquel il entra au gouvernement. Homme aux idées progressistes, notamment dans le domaine des chemins de fer et de l’éducation, il était favorable au regroupement des chemins de fer de Nouvelle-Écosse et, en 1882, on l’envoya en Angleterre à titre de délégué du gouvernement pour négocier une entente avec un syndicat londonien. Cependant, le nouveau gouvernement libéral le rappela et le remplaça la même année, et l’on abandonna finalement le projet.
Bien qu’il n’ait été instituteur que quelques années, Creelman s’intéressa toujours à l’éducation et en particulier à la situation des enseignants. Il prit publiquement parti pour la création d’instituts pédagogiques, présenta à l’Assemblée en 1854 un projet de loi qui visait à créer une école normale provinciale, et fit en sorte que l’on établisse cette école à Truro [V. Alexander Forrester*]. Il adhéra à la Stewiacke Literary Society, fondée en 1839, et à la Nova Scotia Historical Society. Sa vie privée témoigne elle aussi de l’intérêt qu’il portait à l’éducation : propriétaire d’une bibliothèque personnelle, il laissa à sa mort de l’argent à son petit-neveu, John Ernest, pour que celui-ci poursuive des « études littéraires » en vue d’exercer une « profession libérale ».
Jeune homme, Creelman avait été gagné à l’abstinence et il avait participé à la fondation d’une société locale de tempérance en 1830. Élu grand worthy patriarch de la grande division des Fils de la tempérance en 1868, il entra à la division nationale en 1871. Il participa également à la Nova Scotia Temperance Alliance, formée au congrès provincial sur la tempérance tenu en 1869, et plus tard à la Dominion Alliance for the Total Suppression of the Liquor Traffic. De plus, il signa des pétitions sur la tempérance, qu’il présenta à l’Assemblée, et appuya un projet de loi sur la prohibition, adopté en 1859 mais rejeté la même année par le Conseil législatif.
Les préoccupations de Creelman n’étaient pas étrangères au désir de progrès et de réforme sociale qui animait l’époque victorienne. Néanmoins, en dernière analyse, il concevait ses activités publiques et privées comme des moyens de propager et de glorifier l’Évangile. L’un de ses principaux objectifs d’homme politique et d’éducateur était l’élimination des boissons alcooliques par des lois, car il était convaincu que la tempérance était « prescrite par Celui qui dans Sa sagesse gouverne toutes choses afin de hâter la gloire de Son royaume ».
Malgré ses activités publiques, Creelman était, selon l’un de ses contemporains, un homme « simple et direct, pourtant sans prétention et consciencieux », qualités qu’il devait probablement à son inébranlable presbytérianisme. Admis avec son épouse, dans la congrégation presbytérienne d’Upper Stewiacke en 1836, il avait été, avec son père, ordonné conseiller presbytéral en 1851. Il enseigna également plusieurs années à l’école du dimanche. Très actif au synode de sa confession dans les Maritimes, il fut à plusieurs reprises délégué à l’assemblée générale. Le don posthume du reste de sa fortune au comité des missions étrangères et au conseil de l’évangélisation française démontre l’importance de la religion dans sa vie. On le décrivit en son temps comme « un chrétien authentique » en toutes choses et on dit de lui qu’il eut une influence dans « toute entreprise chrétienne ». Creelman fut également un membre en vue et un responsable de la Young Men’s Christian Association, de la Sunday School Convention of the Maritime Provinces et de la Nova Scotia Bible Society.
C’est surtout à son engagement envers des causes politiques, sociales et religieuses que Samuel Creelman doit d’avoir été considéré comme le fils le plus illustre de Stewiacke. Militant remarquable, « sachant et faisant ce qui est juste », comme l’écrivit un biographe de son époque, Creelman accorda une grande place à ses activités publiques sans pour autant négliger ses occupations agricoles quotidiennes. En ce sens, il se distingue car il a réussi à être à la fois un fermier et un gentleman dans une société où ces deux rôles n’étaient pas toujours faciles à concilier. Sa carrière met aussi en lumière sa volonté de servir Dieu – idéal qui inspira autant sa vie personnelle que sa contribution publique à la société néo-écossaise.
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Bonnie Huskins, « CREELMAN, SAMUEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/creelman_samuel_12F.html.
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Auteur de l'article: | Bonnie Huskins |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
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Date de consultation: | 28 novembre 2024 |