CREELMAN, GEORGE CHRISTIE, professeur et fonctionnaire, né le 9 mai 1869 à Collingwood, Ontario, fils de James Rutherford Creelman et d’Isabella Christina Patterson ; le 8 septembre 1892, il épousa à Guelph, Ontario, Ada Ross Mills, fille de James Mills, et ils eurent deux filles et trois fils ; décédé le 18 avril 1929 près de Beamsville, Ontario.

Descendants de Nord-Irlandais établis en Nouvelle-Écosse, les parents de George Christie Creelman s’installèrent au Nouveau-Brunswick puis, dans les années 1860, en Ontario. Creelman consacrerait la plus grande partie de sa vie à la formation agricole, mais il ne naquit pas dans une ferme – son père était maître de musique à Collingwood. Cependant, avant même qu’il ait neuf ans, sa famille s’établit dans une exploitation fruitière non loin de cette localité, dans le comté de Grey. De 1885 à 1888, après des études au collège de Collingwood, il fréquenta l’Ontario Agricultural College and Experimental Farm de Guelph, où il obtint une licence d’agronomie.

Pour bien des diplômés de l’époque, les États-Unis offraient de meilleures perspectives d’emploi que le Canada. En 1889, Creelman trouva un poste de professeur adjoint de biologie au Mississippi Agricultural and Mechanical College. Promu au rang de professeur en 1892, il exercerait cette fonction jusqu’en 1899. Au cours de ces années, il poursuivit sa formation : il obtint une maîtrise ès sciences de son collège du Mississippi et suivit des cours d’été à la Cornell University, à la University of Wisconsin et au Michigan State Agricultural College. Vice-président de l’association des enseignants du Mississippi en 1892–1893, il fut pour beaucoup dans l’instauration de cours de botanique dans les écoles publiques de cet État.

À la fin des années 1890, la situation de l’emploi au Canada pour les diplômés de l’Ontario Agricultural College n’était plus la même. De nouveaux postes se créaient. En 1899, le surintendant des instituts de fermiers de l’Ontario, Frederick W. Hodson, devint le premier commissaire fédéral du bétail. Creelman retourna en Ontario et lui succéda. Son travail l’amena à collaborer avec les instituts féminins, pour lesquels il compila un manuel en 1902, et à militer pour l’éducation des femmes. Il fut aussi surintendant de la direction provinciale des sociétés d’agriculture à compter de 1902 et secrétaire de la Fruit Growers’ Association of Ontario. Au début de 1904, le ministre libéral de l’Agriculture, John Dryden*, lui confia la direction de l’Ontario Agricultural College, car James Mills quittait ce poste.

Creelman hérita d’un personnel compétent et d’une structure d’éducation permanente ; en plus, les fermiers éprouvaient un certain respect pour le collège. Selon l’O.A.C. Review, le nouveau directeur avait « pour lui la force de la jeunesse et la flamme de l’enthousiasme ainsi que des qualités reconnues en matière d’organisation et d’administration ». Il appliquerait la même philosophie que Mills : le collège devait rejoindre les fermiers là où ils étaient et la formation agricole devait être fondamentalement pratique. Sa collaboration antérieure avec les instituts de fermiers et son expérience de l’enseignement l’aidèrent à élargir le programme d’éducation permanente. Avec le concours du sous-ministre, Charles Canniff James, il aida à mettre en place le réseau de représentants agricoles. Diplômés de l’Ontario Agricultural College, ceux-ci seraient affectés dans divers comtés afin de coordonner les services éducatifs offerts toute l’année aux agriculteurs, ce que les instituts de fermiers n’avaient pas les moyens de faire. Creelman promut aussi la formation permanente en essayant d’attirer les agriculteurs et leurs fils au collège pour des cours brefs, sinon pour tout le programme, et en montrant comment le travail des instituts féminins s’intégrait à celui du Macdonald Institute of Home Economics, affilié au collège. « Il faut enseigner systématiquement aux filles de nos fermiers, soit chez elles ou ailleurs, la science et la pratique de l’économie domestique », déclara-t-il dans le Farming World and Canadian Farm and Home de Toronto. Dès 1919, il collaborait avec la Commission d’établissement de soldats (fédérale) et le ministère du Rétablissement civil des soldats, qui parrainaient des formations de courte durée à l’Ontario Agricultural College pour les anciens combattants s’intéressant à l’agriculture.

Pendant ses 16 années à Guelph, Creelman n’œuvra pas uniquement à l’Ontario Agricultural College. Il prononça des discours aux États-Unis et voyagea beaucoup. Il s’absenta cinq mois pour aller en Australie et en Extrême-Orient. En 1908, à titre de délégué, il alla enquêter sur les méthodes agricoles en Europe. Pendant quelque temps, il fut secrétaire de l’American Association of Farmers’ Institutes et il en devint président en 1905. Membre du conseil de la University of Toronto, il reçut en 1910 un doctorat en droit de la McMaster University, qui se trouvait alors dans cette ville. Au cours de son mandat (1917–1919) de commissaire de l’agriculture de l’Ontario, poste consultatif créé surtout pour contrer les pénuries alimentaires du temps de guerre, il soutint les initiatives du ministre intérimaire de l’Agriculture et premier ministre conservateur de l’Ontario, sir William Howard Hearst*. En 1918, il se rendit en Angleterre et en France pour y évaluer les pénuries de vivres.

En dépit de ses progrès, l’Ontario Agricultural College n’était pas venu à bout de se libérer de la politique partisane. Les affiliations libérales de Creelman et sa nomination par les conservateurs en 1917 pourraient avoir causé des inquiétudes dans certains milieux, surtout après l’élection d’un gouvernement des Fermiers unis de l’Ontario deux ans plus tard. En 1920, les Fermiers unis nommèrent Joseph Benson Reynolds à la succession de Creelman, qui fut expédié en Angleterre à titre d’agent général de l’Ontario. L’état de santé de ce dernier l’empêcha de rester là-bas plus d’un an.

De retour au Canada, George Christie Creelman assuma la direction générale de la Niagara Peninsula Fruit Growers’ Association – il avait des fermes dans cette région, près de Beamsville et de Vineland – mais avant mai 1921, il dut démissionner pour des raisons de santé. De nouveau sur pied après quelques mois de repos, il recommença à s’occuper du rétablissement civil des anciens combattants et à promouvoir l’agriculture. Élu en 1926 président de la Société canadienne des techniciens agricoles, il entreprit l’année suivante une enquête sur l’agriculture pour le gouvernement du Nouveau-Brunswick. Presbytérien et fervent adepte du jeu de boules sur pelouse, cet éternel optimiste trouva d’innombrables moyens d’appliquer sa philosophie : être heureux et rendre les autres heureux. Il mourut subitement en 1929 à sa ferme de Beamsville et fut inhumé au cimetière Woodlawn de Guelph. Dans son éloge funèbre, le révérend Henry John Cody*, ex-ministre de l’Éducation qui l’avait bien connu et le qualifiait de « pèlerin constructif », dit que Creelman s’était toujours laissé guider par la conviction que « l’agriculture était la grande industrie de base du pays ». « Il croyait en la dignité de la vie de fermier, ajouta Cody, et il en connaissait les difficultés et les problèmes. Nul ne comprenait mieux que lui les liens entre la ville et la campagne. »

Margaret Derry

Les rapports de George Christie Creelman à titre de président de l’Ontario Agricultural College and Experimental Farm de 1905 à 1920 figurent dans Ontario, Legislature, Sessional papers. Des allocutions et autres documents rédigés par Creelman y ont aussi été publiés, notamment : 1902, nº 22 : 137s. ; 1905, nº 22 : 205–207 ; 1906, nº 21 : 18–20 ; nº 22 : 33–37 ; 1907, nº 21 : 35–38 ; 1908, nº 21 : 174–176 ; 1912, nº 38 : 159–165 ; et 1917, nº 37 : 70–76.

AN, RG 31, C1, 1871, Collingwood, Ontario : 50.— AO, RG 22-235, nº 6161 ; RG 80-5-0-200, nº 12780.— Univ. of Guelph Library, Arch. and Special Coll. (Guelph, Ontario), G. C. Creelman papers ; RE1, OAC A0679 (Creelman scrapbook materials).— Beamsville Express (Beamsville, Ontario), 24 avril 1929.— Canadian annual rev., 1920 : 520 ; 1921 : 564.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— Farming World and Canadian Farm and Home (Toronto), 1er févr. 1904 : 94s. ; 1er sept. 1904 : 610 ; 15 nov. 1905 : 818 ; 15 oct. 1907 : 979.— D. A. Lawr, « Development of agricultural education in Ontario, 1870–1910 » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1972).— O.A.C. Rev. (Guelph), avril 1897 ; janv. 1903 ; févr., oct., déc. 1904 ; déc. 1906 ; janv., avril 1908 ; nov. 1909 ; juin 1910 ; juin 1912 ; janv., déc. 1913 ; janv., déc. 1915 ; déc 1916 ; janv. 1918 ; juill. 1924 ; juin, sept. 1928.— A. M. Ross, The college on the hill : a history of the Ontario Agricultural College, 1874–1974 (Vancouver [et Guelph], 1974).— A. M. Ross et T. [A.] Crowley, The college on the hill : a new history of the Ontario Agricultural College, 1874–1999 (2e éd., Toronto, 1999).

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Margaret Derry, « CREELMAN, GEORGE CHRISTIE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/creelman_george_christie_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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