CREEDON, MARIANNE (Mary Ann), dite mère Mary Francis (Frances), religieuse de la Congrégation of the Sisters of Mercy, supérieure et institutrice née en 1811 dans le comté de Cork (république d’Irlande), fille de John Creedon et d’une prénommée Ellen ; décédée le 15 juillet 1855 à St John’s.

Le 4 juillet 1839, Marianne Creedon entra dans la Congrégation of the Sisters of Mercy, fondée en 1831 à Dublin par une riche héritière irlandaise, Catherine Elizabeth McAuley (sœur Mary Catherine). Elle prit le voile le 27 février 1840, sous le nom de sœur Mary Francis, et prononça ses vœux le 19 août 1841, devenant ainsi la 50e religieuse de la congrégation.

Avant d’entrer en communauté, Marianne Creedon avait vécu quelques années à St John’s avec sa sœur, Ellen Maria, dont le mari, John Valentine Nugent*, était l’un des plus éminents réformistes de l’île. Au cours de ce séjour, elle fit la connaissance de Mgr Michael Anthony Fleming* et devait reprendre contact avec lui en Irlande en 1841 au moment où celui-ci négociait l’établissement d’une mission des Sisters of Mercy à St John’s. Sœur Mary Francis offrit ses services à l’évêque, lequel l’avait fortement incitée à faire son noviciat chez les religieuses de la congrégation en prévision de la mission.

Désireux d’établir un « système convenable d’instruction religieuse pour [ses] ouailles », Fleming avait pris des dispositions en 1833 pour faire venir quatre religieuses de l’Order of the Présentation of Our Blessed Lady à Terre-Neuve, celles-ci devant veiller à l’éducation des jeunes filles pauvres [V. Mlle Kirwan, dite sœur Mary Bernard Kirwan]. Le travail s’était accru rapidement, et bientôt les familles plus fortunées envoyèrent également leurs filles aux écoles de cet ordre. Fleming conclut alors à la nécessité d’avoir des écoles séparées qui seraient réservées aux « enfants des classes plus riches, à la fois capables et désireuses de payer pour leur éducation ». Ces écoles, dont sœur Mary Francis et les « autres dames qui se sentiraient inspirer de l’accompagner » allaient s’occuper, visaient un double but : on devait non seulement enseigner aux élèves « les manières et les choses élégantes et à la mode du jour », mais « imprégner convenablement leurs jeunes esprits des principes de la religion ».

Sœur Mary Francis et deux autres volontaires quittèrent l’Irlande le 2 mai 1842. Elles commencèrent leur travail dans la colonie en juin, visitant et soignant les malades à domicile, et ouvrirent leur première école avec 42 élèves en mai 1843. Sœur Mary Francis fut nommée officiellement supérieure de la mission de Terre-Neuve en novembre 1843. Les deux religieuses qui l’avaient accompagnée retournèrent en Irlande ce mois-là, la laissant seule avec une postulante, Maria Nugent, sœur de John Valentine Nugent. Celle-ci devint par la suite sœur Mary Joseph, la première religieuse de la congrégation à avoir prononcé ses vœux à l’extérieur des îles Britanniques. Sa carrière religieuse fut toutefois de courte durée, puisqu’elle mourut en juin 1847 des suites d’un typhus contracté au chevet des malades. Mère Mary Francis se retrouva de nouveau seule.

Résistant à toutes les sollicitations de la maison mère l’invitant à retourner à Dublin, mère Mary Francis demeura à Terre-Neuve, déterminée à maintenir la mission outre-mer, la première de la congrégation dans le Nouveau Monde. Contrainte de fermer l’école, elle se consacra au soin des malades et des personnes âgées de même qu’au secours des pauvres, tout en observant les règles de vie religieuse. Bien qu’elle ait dû considérer l’opportunité de retourner en Irlande ou de se joindre aux Présentation Sisters, qui demeuraient avec elle au Mercy Convent après qu’elles eurent perdu leur couvent dans l’incendie du mois de juin 1846, elle sentit dans sa propre vie et dans l’établissement des Sisters of Mercy à Terre-Neuve la manifestation de la volonté divine. Rien ne pouvait l’inciter à abandonner la mission et, après quelques mois, sa foi fut récompensée. Sa nièce, Agnes Nugent, la rejoignit et prononça ses vœux le 8 décembre 1850, prenant le nom de sœur Mary Vincent ; plus tôt cette année-là, une jeune novice était également arrivée d’Irlande. La congrégation avait finalement commencé à s’implanter solidement, et elle poursuivit son œuvre dans le domaine de l’éducation avec des religieuses venant à la fois d’Irlande et de Terre-Neuve.

Mère Mary Francis fut enterrée à St John’s au monastère franciscain Belvedere que Mgr Fleming avait légué aux Sisters of Mercy afin de servir d’orphelinat. Elle avait surmonté tous les obstacles dans son désir d’apporter à la population de son pays d’adoption les avantages de l’éducation et de la culture. Femme d’une foi indomptable, elle fit preuve d’un zèle, d’une opiniâtreté et d’une fidélité dans sa vocation qui font d’elle l’une des femmes les plus marquantes de l’histoire de Terre-Neuve.

M. Perpétua Bown

[Mother Mary Teresa Austin [M. A.] Carroll], Leaves from the annals of the Sisters of Mercy, by a member of the Order of Mercy (4 vol., New York, 1881–1895), 3.— Paul O’Neill, « Mother Francis Creedon », Remarkable women of Newfoundland and Labrador (St John’s, 1976), 8–9.— Mother [Mary] Teresa Austin [M. A.] Carroll, Life of Catherine McAuley, foundress and first superior of the Institute of Religious Sisters of Mercy (St Louis, Mo., [1866]).— Sister [Mary] Bertrand Degnan, Mercy unto thousands ; life of Mother Mary Catherine McAuley, foundress of the Sisters of Mercy (Westminster, Md., 1957).— Sister Mary James Dinn, Foundation of the Presentation Congregation in Newfoundland (St John’s, 1975).— Howley, Ecclesiastical hist. of Nfld.— O’Neill, Story of St. John’s.

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M. Perpétua Bown, « CREEDON, MARIANNE (Mary Ann), dite mère Mary Francis (Frances) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/creedon_marianne_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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