CRAWFORD, ALEXANDER, prédicateur baptiste et auteur, né en 1786 dans l’Argyllshire, Écosse ; décédé le 13 mai 1828 à Tryon, Île-du-Prince-Édouard.

Alexander Crawford naquit dans l’Argyllshire, mais il passa son enfance dans l’île d’Arran, où il fut soumis à l’influence d’une secte presbytérienne dissidente, qui était dirigée par Robert et James Alexander Haldane et qui était de tendance piétiste et revivaliste. Crawford fréquenta ensuite une école privée d’Édimbourg fondée par les frères Haldane et acquit rapidement la conviction que le baptême des enfants n’avait aucun fondement biblique. Toujours en Écosse, il se joignit au petit groupe dirigé par James Alexander Haldane qui, en 1808, intégra sa congrégation d’Édimbourg dans la secte baptiste. En 1809, Crawford épousa Jane MacLaren de Breadalbane, puis immigra avec elle en Nouvelle-Écosse, où il entreprit de prêcher et d’évangéliser.

La Nouvelle-Écosse était un lieu favorable, tant aux prédicateurs itinérants qu’aux ennemis du pédobaptisme, mais, à cause des doctrines particulières des baptistes écossais, Crawford s’attira beaucoup d’adversaires, surtout parmi les membres du clergé. En raison de leurs origines presbytériennes, les baptistes écossais étaient généralement très méfiants envers les conversions soudaines que provoquait une grande excitation et qui caractérisaient l’expérience baptiste New Light de Nouvelle-Écosse ; de plus, ils étaient exclusivistes, s’opposaient au mariage avec des incroyants et excluaient de leur communauté quiconque contractait un mariage avec une personne qui n’adhérait pas à leurs principes. En outre, les baptistes écossais refusaient de considérer l’eucharistie comme un rite réservé à l’Église et permettaient par contre à n’importe quel petit groupe de laïques de célébrer la communion entre eux.

Crawford arriva à l’Île-du-Prince-Édouard en 1811. Les Écossais y étaient nombreux et les autres confessions n’étaient pas assez représentées par le clergé pour créer des rivalités. C’est probablement le prédicateur laïque John Scott, autre partisan des frères Haldane, qui l’encouragea à immigrer dans cette colonie. Scott était arrivé dans l’île en 1806 et y prêcha pendant de nombreuses années. Crawford était beaucoup plus instruit que lui et se montrait à la fois un prédicateur irrésistible (malgré un comportement autoritaire, au dire de certains) et un organisateur dynamique. Il enseigna peut-être quelque temps à Charlottetown, mais ne tarda pas à se consacrer entièrement à la religion. Il connut ses premiers succès dans le lot 48 où il baptisa huit croyants par immersion. Les insulaires rejetèrent la responsabilité d’un orage violent, qui se produisit quelques jours plus tard, sur sa témérité à « plonger » les gens dans l’eau plutôt qu’à les asperger. Il fonda une congrégation dans la région de Three Rivers (Georgetown) en 1812, mais quitta très vite l’île pour la Nouvelle-Écosse et n’y revint définitivement qu’en 1814 ; il s’installa un an plus tard à East Point, grâce à l’appui de deux personnes de cet endroit qui adhéraient officiellement à l’Église d’Écosse. Crawford demeura à East Point jusqu’à sa mort ; il y mit sur pied une congrégation, mais ne fut jamais ordonné ministre, probablement parce qu’il ne put réunir un conseil d’ordination. Il ne s’allia pas aux baptistes des Maritimes et, après sa mort, les croyances particulières des baptistes écossais de l’île formèrent une pierre d’achoppement à l’union des deux groupes durant des années.

En 1827, James Douglas Haszard*, de Charlottetown, imprima un livre écrit par Crawford l’année précédente et intitulé Believer immersion, as opposed to unbeliever sprinkling [...]. Cette publication fut la première d’importance dans le domaine religieux qui parut dans l’île ou qui fut écrite par un ecclésiastique qui y vivait. Le livre comportait deux longs essais doctrinaux sur l’alliance d’Abraham, ainsi que trois lettres polémiques soutenant les arguments baptistes du Néo-Écossais William Elder* ; ce dernier s’était opposé à Duncan Ross et à James Munroe, tous deux presbytériens partisans du pédobaptisme, dans une longue controverse qui fit d’ailleurs l’objet de plusieurs publications. Dans son ouvrage, Crawford ne s’attacha pas aux particularités de sa forme de croyance baptiste, mais concentra plutôt son attention sur la question plus générale de la justification du baptême du croyant selon les Écritures. Il refusa les arguments typologiques avancés pour justifier par l’Ancien Testament le baptême des enfants, particulièrement l’engagement de Dieu envers la « semence » d’Abraham. Pour Crawford, la circoncision et le baptême étaient tout à fait distincts : « La circoncision consiste à sectionner l’extrémité du membre générateur. Le baptême se fait par l’immersion du corps dans l’eau. Ils représentent deux choses différentes. » Comme tous les baptistes, il défiait ses adversaires de trouver dans le Nouveau Testament une justification au baptême des enfants et insinuait que cette coutume leur donnait le droit d’être considérés comme des membres de l’Église, même s’ils étaient évidemment trop jeunes pour en assumer les responsabilités. Il accusait les presbytériens d’appuyer un concept de « christianisme héréditaire » qui était de l’« anti-calvinisme déguisé ».

Believer immersion, as opposed to unbeliever sprinkling fit la preuve des capacités intellectuelles d’Alexander Crawford et révèle peut-être une intention d’amorcer concrètement un rapprochement avec les baptistes du continent. Malheureusement, Crawford mourut peu après sa publication, laissant derrière lui sa femme et huit enfants.

J. M. Bumsted

Alexander Crawford est l’auteur de : Believer immersion, as opposed to unbeliever sprinkling ; in two essays : first on the Abrahamic covenant, second on Christian baptism ; to which are added three letters to Mr. Ross of Pictou, containing strictures on his first letter to Mr. Elder of Annapolis (Charlottetown, 1827).

Atlantic Baptist Hist. Coll., Acadia Univ. (Wolfville, N.-É.), [W. H. Warren], « A century of Baptist history on Prince Edward Island ».— PAPEI, Acc. 3209/33 (photocopie).— P.E.I. Museum and Heritage Foundation (Charlottetown), File information concerning Alexander Crawford.

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J. M. Bumsted, « CRAWFORD, ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/crawford_alexander_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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