CRATE, WILLIAM FREDERICK, meunier, constructeur de moulins et employé de la Hudson’s Bay Company, né entre 1807 et 1813 à Londres, Angleterre, décédé le 1er octobre 1871, à Cowichan, Île-de-Vancouver, C.-B.

En avril 1834, William Frederick Crate entra au service de la Hudson’s Bay Company à Lachine, Qué. ; il fut engagé pour une période de trois ans au salaire annuel de £150 en monnaie de Halifax. Son contrat fut résilié à York Factory en juillet 1834 et Crate passa l’hiver de 1834–1835 dans la colonie de la Rivière-Rouge. Il fut alors rengagé et reçut un salaire de £100, le logement et la nourriture en plus, pour aller travailler dans le département de Columbia où on lui confia la direction des moulins de Fort Vancouver. C’est là que se trouvait le quartier général de la compagnie pour ses opérations à l’ouest des montagnes Rocheuses. En 1843, Crate avait déjà reconstruit et agrandi les scieries de la compagnie et dirigé la construction du premier moulin à céréales actionné à l’eau ; tous ces moulins étaient construits sur des cours d’eau à l’est de Fort Vancouver. Le moulin à céréales, achevé en 1839, pouvait moudre environ 20 000 minots de grains par an ; il approvisionnait de farine les postes de l’Ouest et les navires de ravitaillement de la compagnie et rendait possible la vente de farine à la Russian American Company.

Crate ne renouvela pas son contrat en 1843 ; il retourna plutôt en Angleterre où il se maria le 29 février 1844. Avec sa femme Sarah, il passa plusieurs années dans le Vermont où naquirent deux de ses quatre enfants. John Fenton, qui avait pris la succession de Crate comme meunier à Fort Vancouver, démissionna en 1849 et Crate reprit son ancien poste. Pendant son deuxième séjour à Fort Vancouver, Crate termina la construction d’un nouveau moulin à céréales encore plus grand et construisit une troisième scierie qui pouvait couper de 3 000 à 4 000 pieds de bois en 12 heures.

À la suite du traité d’Oregon de 1846, Fort Vancouver cessa d’être le poste principal de la compagnie dans la région nord-ouest de la côte du Pacifique. Néanmoins, le fort demeura le principal centre de distribution et de rassemblement pour tous les postes situés au sud du 49e parallèle ; Crate était à la tête d’une équipe de cinq hommes qui s’occupaient de l’entretien des bâtiments du poste. Le traité d’Oregon confirma « les droits de possession » de la compagnie sur ses terres et propriétés situées au nord du fleuve Columbia. Toutefois, la compagnie eut d’incessantes difficultés avec les Américains qui revendiquaient les terres autour de Fort Vancouver. Afin de protéger le moulin à céréales, Crate et sa femme présentèrent, en 1849 et en 1850, une requête en confirmation de donation d’un terrain d’un mille carré. Crate reconnut que les moulins étaient toujours la propriété de la compagnie et, jusqu’en 1860, reçut un salaire pour les gérer. Sa requête toutefois ne comprenait pas l’emplacement sur lequel étaient construites les scieries, dont la compagnie lui avait également confié l’administration. En 1853, Ervin J. Taylor et sa femme revendiquèrent la propriété de la moitié du terrain sur laquelle étaient construites les scieries et, vers 1856, Taylor prit possession des moulins en l’absence de Crate. Malgré une injonction de Dugald Mactavish, alors responsable de Fort Vancouver, Taylor demeura en possession des scieries.

Finalement, en juin 1860, la compagnie abandonna Fort Vancouver et ses employés furent transférés au fort Victoria ; on y transporta aussi l’équipement. Crate, toutefois, décida de quitter la compagnie et il demeura dans la région du fleuve Columbia. On lui ordonna d’expédier à Victoria tout l’outillage des moulins, mais il garda pour lui l’équipement fixe qu’il vendit avant d’aller s’établir à Victoria, en 1863.

Crate s’installa sur un lot situé sur la rue Government, près du fort Victoria, et y demeura jusqu’en 1866 ou 1867 ; il s’établit alors sur une ferme du district de Somenos, près du lac Quamichan, dans la vallée de Cowichan. N’ayant pu obtenir la permission de construire un débarcadère dans la baie de Maple, il demanda l’autorisation en juillet 1868 de bâtir un petit moulin à céréales, actionné à l’eau, sur la petite rivière Somenos, dans la réserve indienne de Quamichan. Sa requête rencontra la faveur des représentants du gouvernement colonial qui considéraient que l’établissement d’un moulin serait utile aux Indiens et encouragerait les colons blancs à cultiver des grains et des céréales. En août 1869, après consultation avec les propriétaires indiens, on accorda à Crate un bail de sept ans sur deux acres et demie du terrain choisi pour le moulin, moyennant un loyer annuel de $15. Le gouvernement encouragea Crate en lui accordant, sur son vapeur, le Sir James Douglas, le transport gratis de l’outillage et des matériaux de construction pour son moulin. En retour, Crate s’engagea à moudre gratuitement le maïs du chef et, à moitié prix, tout le blé dont pourraient avoir besoin les Indiens du village de Quamichan.

Ce fut la suprême tentative de Crate dans sa recherche fiévreuse d’une nouvelle existence pour lui-même et pour sa famille. Ayant survécu à deux de ses quatre enfants, il mourut alors que « sa situation pécuniaire était très médiocre ».

William R. Sampson

British Columbia, Department of Lands, Forests, and Water Resources, Lands Administration Branch, Crown grants, XIV : 2 713.— PABC, William Frederick Crate correspondence.— Disposition of W. F. Crate, Victoria, V.I., 26 August 1865, Evidence on the part of the Hudson’s Bay Company claimants (British and American Joint Commission for the settlement of claims of the Hudson’s Bay and Puget’s Sound agricultural companies, [Papers] (14 vol., Washington, Montréal, 1865–1869), II), 104–118, 229.— HBRS, VI (Rich) : 23, 157s., 229 ; VII (Rich) : 122s., 199s.— National Archives (Washington) Microfilm Publications, Microcopy no 432 (Population schedules of the seventh census of the United States, 1850, Roll 742, Oregon, Oregon Country (Washington, D.C., 1964), 73, f.37.— J. A. Hussey, The history of Fort Vancouver and its physical structure ([Tacoma, Wash., 1957]), 110, 151, 198–206.— W. E. Ireland, Early flour-mills in British Columbia : part – Vancouver Island and the lower mainland, BCHQ, V (1941) : 89–109.

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William R. Sampson, « CRATE, WILLIAM FREDERICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/crate_william_frederick_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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