CRANDALL, REUBEN, ministre baptiste, né le 24 mars 1767 dans le canton de Northeast, comté de Dutchess (New York), fils présumé de Laban Crandall et de Molly Seein ; vers 1786, il épousa Lida (Lydia) Mace, et ils eurent sept enfants, puis en décembre 1813 Julia Smith, veuve de Joseph Beemer, et de ce mariage naquirent deux enfants ; décédé le 28 septembre 1853 près d’Aylmer, Haut-Canada, et enterré à l’est d’Aylmer dans le cimetière Burdick.
Reuben Crandall se convertit à la foi baptiste à l’âge de 16 ans et, quelque temps plus tard, il reçut de la congrégation baptiste de son canton natal ou d’une autre congrégation des environs l’autorisation de prêcher. En juin 1794, il alla habiter le canton de Hallowell, dans le comté de Prince Edward, au Haut-Canada, et commença immédiatement à présider des offices religieux aux alentours du lac West. Incapable d’assurer tout à fait sa subsistance par la prédication, il obtint en 1796 le lot 28 du rang 2 du canton de Cramahe, dans le comté de Northumberland, où il exploita une ferme. Dès son arrivée à cet endroit, il se mit à parcourir le district d’un bout à l’autre en tant que prédicateur missionnaire, tout en s’efforçant de constituer un groupe de fidèles près de chez lui. En 1798, il joua un rôle de premier plan dans la fondation d’une congrégation qui eut des filiales dans les cantons de Cramahe et de Haldimand. Officiellement ordonné ministre à l’église de Hallowell par un conseil de collègues baptistes le 27 octobre 1799, Crandall obtint, semble-t-il, des succès considérables. Un missionnaire américain en visite écrivit en 1804 : « Le ministre Crandall a connu une bonne saison l’année dernière. Les fidèles grandissent en nombre et, nous a-t-il paru, en grâce également. »
Une fois ordonné, Crandall put faire une demande en vue d’obtenir le droit de célébrer des mariages dans son district. Ces célébrations avaient été réservées aux ministres de l’Église d’Angleterre jusqu’à ce qu’une loi votée en 1798 étende le privilège au clergé de certaines autres confessions. Le 9 avril 1805, la Cour des sessions trimestrielles, siégeant dans le canton de Haldimand, accorda à Crandall l’autorisation de célébrer des mariages dans le district de Newcastle.
En août de la même année, Crandall, Joseph Winn et Abel Stevens* ordonnèrent conjointement un autre prédicateur baptiste, Elijah Bentley*. Durant les sept années qui suivirent, Crandall continua d’exercer son ministère dans le centre de la province. En 1812, il abandonna la direction des fidèles des cantons de Cramahe et de Haldimand, puis alla se fixer dans la région à l’ouest du lac Ontario, où sa femme et lui devinrent membres de la congrégation de Boston, dans le canton de Townsend. Pendant qu’il était à cet endroit, Crandall fit de fréquentes tournées missionnaires dans les nouveaux districts situés en bordure du lac Érié. Peu de temps après son établissement dans le canton, sa femme mourut. Il se remaria moins d’un an plus tard, ce qui scandalisa les membres traditionalistes de sa communauté. Cependant, Crandall refusa d’admettre que ses fidèles avaient un droit de regard en cette matière, et la question fut rapidement mise de côté. Il semble que Crandall s’installa ensuite à Oakland pendant quelque temps ; en 1816, toutefois, il était établi en permanence dans le canton de Malahide, près de la ville actuelle d’Aylmer. À cet endroit, il entreprit de mettre sur pied une congrégation baptiste, laquelle fut fondée en octobre de cette année-là avec 12 membres originaires. Aylmer allait demeurer le centre de ses activités futures.
En 1820, Crandall fut arrêté et traduit en justice aux assises du printemps dans le district de London, sous l’accusation d’avoir illégalement célébré des mariages. Il avait obtenu la permission de présider de telles cérémonies dans le district de Newcastle, mais l’autorisation n’était pas valable pour d’autres régions. Après la condamnation du ministre, le procureur général John Beverley Robinson* expliqua dans une lettre au major George Hillier*, secrétaire du lieutenant-gouverneur, que Crandall avait non seulement agi sans autorisation mais que, contrairement au pasteur méthodiste Henry Ryan*, il avait « célébré des mariages d’une façon qui aurait été illégale quelle qu’ait été son autorité ». Robinson ajouta que le juge était obligé par la loi d’infliger le maximum de la peine, soit 14 années d’exil. Crandall, toutefois, était repentant. Selon Robinson, il « insista » dans sa défense sur le fait que « bien qu’il ait été prédicateur il savait à peine lire et ne savait pas écrire », et affirma qu’il avait violé la loi par ignorance. Tenant compte des circonstances et de l’évidente bonne réputation de Crandall, le juge D’Arcy Boulton* décida de recommander la clémence. Le jury d’accusation accepta cette recommandation, et le lieutenant-gouverneur sir Peregrine Maitland accorda finalement son pardon complet.
Au début des années 1820, Crandall quitta son poste de ministre à Aylmer, mais garda une résidence permanente dans le canton de Malahide. Il retourna dans le canton de Cramahe pour y exercer son ministère durant une courte période, puis alla s’installer dans le canton de Southwold, situé dans la partie sud-ouest de la province, où il demeura environ trois ans. En 1832, il desservait la congrégation du canton de Dumfries (cantons de North Dumfries et de South Dumfries) et donnait comme adresse la localité de Galt (Cambridge). Il œuvra également, dit-on, dans les cantons avoisinants de Blenheim et de Zorra (cantons d’East Zorra et de West Zorra). Vers la fin des années 1830, il se retira dans le canton de Malahide où il mena une existence frugale jusqu’à sa mort.
Les documents montrent clairement la dévotion sincère, l’humilité mais aussi la détermination de Reuben Crandall en tant que prédicateur de l’Évangile. On lui vouait un respect affectueux, comme en témoigne la note suivante inscrite au registre des procès-verbaux de l’église d’Aylmer le 28 septembre 1853 : « Le ministre Reuban Crandall, qui a été membre de cette communauté depuis le début, est mort aujourd’hui à l’âge de 86 ans. Regarde l’homme de bien, observe le juste, car l’homme pacifique aura une postérité assurée. » Par sa vie et son travail, Crandall est le parfait exemple du ministre protestant évangélique qui, dans les premiers temps de l’Ontario, contribua largement au développement de l’Église et de la vie communautaire dans les régions rurales de la province.
APC, RG 5, A1 : 24133–24142.— Canadian Baptist Arch., McMaster Divinity College (Hamilton, Ontario), Aylmer Baptist Church (Aylmer, Ontario), church minute-book, juin 1848-janv. 1888 ; Biog. file, Reuben Crandall, spécialement certificat à Crandall, 9 avril 1805.— S. Read, « A memoir », Christian Messenger (Brantford, Ontario), 23 avril 1857.— Toronto Christian Observer, 3 (1853) : 173.— David Benedict, A general history of the Baptist denomination in America and other parts of the world (New York, 1848), 899.— J. C. Crandall, Elder John Crandall of Rhode Island and his descendants (New Woodstock, N. Y., 1949), 105.— Z. M. Hotson, Pioneer Baptist work in Oxford County ([Innerkip, Ontario, 1939]), 26, 36.— Stuart Ivison et Fred Rosser, The Baptists in Upper and Lower Canada before 1820 (Toronto, 1956).— Rev. Dr. Davidson, « Rev. Reuben Crandell, Aylmer : the pioneer preacher », Canadian Baptist (Toronto), 1er févr. 1866.
Douglas L. Flanders, « CRANDALL, REUBEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/crandall_reuben_8F.html.
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Auteur de l'article: | Douglas L. Flanders |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
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