COY, MARY (Morris ; Bradley), fermière, marchande et auteure, née le 1er septembre 1771 à Grimross (Gagetown, Nouveau-Brunswick), huitième des onze enfants de J. Edward Coy (McCoy) et d’Ama Titus, et sœur d’Amasa Coy*, marchand en vue de Fredericton ; le 15 février 1793, elle épousa David Morris (décédé le 1er mars 1817), puis le 30 juin 1819 Leverit Bradley, et elle n’eut aucun enfant de ses deux mariages ; décédée veuve le 12 mars 1859 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick.

Sa nulliparité en moins, Mary Coy est représentative de la plupart des femmes de son temps et de son milieu. Son seul trait caractéristique fut l’intérêt marqué qu’elle manifesta tout au long de sa vie pour la religion, particulièrement pour le phénomène du revivalisme qui fut identifié par la suite comme le Grand Réveil. Pas nécessairement atypique, cet intérêt s’avéra exceptionnellement intense. Elle le traduisit dans ses mémoires, publiés en 1849 et intitulés A narrative of the life and Christian experience of Mrs. Mary Bradley, of Saint John [], et cela de façon remarquable, compte tenu qu’elle n’avait fréquenté l’école que quelques mois. Son but, tel qu’elle le spécifiait dans la préface, était « de faire valoir la gloire de Dieu et la bonté de [ses] semblables », et elle recommanda le livre à des pasteurs wesleyens pour qu’ils en assurent « gratuitement la distribution ».

Mary et son époux David Morris vécurent d’abord dans le canton de Maugerville, puis, le 1er mai 1800, ils s’installèrent dans une ferme à Portland Point (Saint-Jean). Cinq ans plus tard, ils s’établirent à Saint-Jean même où ils exploitèrent un magasin dans leur maison jusqu’en 1816. La mauvaise santé de Morris, qui les avait empêchés de demeurer à la ferme, les obligea aussi à fermer le magasin. Morris mourut en 1817 et, deux ans après son décès, Mary se remaria et demeura à Saint-Jean pour le reste de sa vie. Témoin de l’incendie du 14 janvier 1837 qui détruisit plus de 100 bâtiments à Saint-Jean, Mary Bradley nota qu’elle avait cru que « la main bienveillante du Tout-Puissant mettrait un terme à la progression des flammes avant qu’elles ne [les] atteignent : [elle avait] prié ardemment pour qu’Il intervienne ». Elle eut la conviction que « les prières des membres de la congrégation », jointes à celles de plusieurs pasteurs de sa confession religieuse qui se trouvaient dans la ville, avaient contribué à faire tourner le vent et à épargner ainsi leur lieu de réunion et sa propre maison.

Pendant toute sa vie, Mary défendit sa foi avec ardeur. Dans sa jeunesse, pleine de ferveur religieuse, elle parla sans détour devant les assemblées de fidèles et s’attira de sévères réprimandes de la part des conseillers presbytéraux de l’Église congrégationaliste pour ses violentes sorties. On lui refusa aussi la permission de prier à haute voix dans les réunions sous, prétexte que « les Écritures défendaient aux femmes de prier en public ». Toutefois, elle continua d’assister aux offices divins et aux assemblées de prières et de dénoncer les relaps occasionnels. Sans répit, elle s’efforça de trouver une Église où elle pourrait vivre sa foi sans inquiétude. Même si elle était presbytérienne de naissance, elle s’associa aux congrégationalistes et aux baptistes New Light avant de joindre les méthodistes wesleyens au mois de janvier 1803. Son incessant besoin de dire tout haut ce qu’elle pensait et sa confiance en elle-même l’amenèrent finalement à publier ses mémoires, lesquels représentaient un apport aux écrits évangéliques et s’inscrivaient dans la foulée des travaux de Henry Alline* et de John Wesley.

Dans ses mémoires, Mary Bradley décrit une série d’expériences religieuses, allant de la crise d’hystérie à la maîtrise plus prosaïque, grâce à la prière, de sa peur des ours, lorsque, jeune femme, on lui demandait d’aller chercher les vaches. « J’avais le sentiment d’une double lutte ; la vie et la mort étaient mises devant moi. » Elle mentionne aussi une autre étape de son cheminement spirituel : « le mal représentait la nourriture convoitée par ma nature déchue, [...] mais quand mon esprit se concentra sur Dieu et sa parole [...] je retrouvai la force, après mûre réflexion, de prendre la résolution ferme et arrêtée de ne plus négliger mon salut ».

      A Narrative of the life rapporte aussi les allées et venues d’une multitude de pasteurs qui œuvrèrent au Nouveau-Brunswick pendant la vie de Mary Bradley. « Henry Allen », probablement Alline, visita son village dans le canton de Maugerville lorsqu’elle avait neuf ans. En 1788, lady Huntingdon, éminente Anglaise dévouée aux œuvres religieuses, fit parvenir des bibles et des tracts aux établissements de l’endroit. Elle leur envoya aussi deux missionnaires de sa propre confession religieuse, dont l’un devint prédicateur local ; on devait toutefois plus tard interdire à ce dernier d’exercer toute charge pastorale à cause de son ivrognerie. D’autres ministres suivirent, dont le révérend William Black*, wesleyen de la Nouvelle-Écosse. Pendant les années où elle vécut dans la région de Saint-Jean, Mary Bradley rapporte dans son journal la visite de plusieurs pasteurs, tels le missionnaire wesleyen Joshua Marsden* et les ministres méthodistes Énoch Wood* et Albert Des Brisay.

Avant tout, Mary Bradley vécut du renouveau religieux appelé le Grand Réveil. Dans son testament, elle plaça en fiducie le plus gros de ses biens, évalués à environ £1 800, dont l’intérêt allait servir à louer les services d’un « ministre méthodiste wesleyen, itinérant ou ambulant, qui devrait prêcher l’Évangile à Grand Lake et à New Cannan », dans une région qu’elle décrivit comme son « lieu de naissance ». Elle légua également £100 afin d’aider à la construction d’une chapelle wesleyenne à Saint-Jean. Le reste de sa substantielle fortune devait être divisé entre plusieurs neveux et nièces. Elle mourut à 87 ans, après avoir enduré, selon une notice nécrologique parue dans le Morning News de Saint-Jean, « les infirmités dues à son grand âge avec patience et sa dernière maladie avec résignation. Elle vécut ses derniers moments dans la plus grande paix. »

Jo-Ann Fellows

Mary Bradley est l’auteure de : A narrative of the life and Christian experience of Mrs. Mary Bradley, of Saint John, New Brunswick, written by herself ; including extracts from her diary and correspondence during a period of upwards of sixty years (Boston, 1849).

APNB, RG 7, RS69A, 1795–1796, J. E. Coy ; RS71, 1859, Mary Bradley ; RS75, 1838, Amasa Coy.— J. M. Bumsted, Henry Alline, 1748–1784 (Toronto, 1971), 52.

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Jo-Ann Fellows, « COY, MARY (Morris ; Bradley) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/coy_mary_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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