COWPERTHWAITE, HUMPHREY PICKARD, ministre méthodiste et administrateur, né le 30 novembre 1838 près de Sheffield, Nouveau-Brunswick, fils de Hugh Cowperthwaite, cultivateur, et d’Elizabeth Ann Hunter ; le 19 juillet 1867, il épousa à Jacksontown, Nouveau-Brunswick, Annie A. S. Buchanan, et ils eurent au moins trois fils et deux filles ; décédé le 26 décembre 1924 à St John’s.

Formé à l’école paroissiale de Sheffield, Humphrey Pickard Cowperthwaite fut élevé par sa mère ; comme son père, cette femme pieuse se convertit au méthodisme pendant le ministère de George Seaton Milligan*. Cependant, Cowperthwaite était déjà dans sa dix-huitième année lorsque, en entendant prêcher John Prince dans la circonscription ecclésiastique de Woodstock, il fit l’expérience d’une conversion qui changea sa vie. Il vint au ministère lentement, après avoir beaucoup douté de sa vocation. En 1861, l’Eastern British America Conference le prit à l’essai et l’affecta à Sussex Vale (Sussex Corner), au Nouveau-Brunswick. À titre de suffragant, il œuvra en Nouvelle-Écosse, plus précisément à Pugwash en 1862 puis à Windsor et à Falmouth en 1863, après quoi, de 1864 à 1867, il étudia au Mount Allison Wesleyan College de Sackville, au Nouveau-Brunswick. Licencié ès lettres en 1867, il fut ordonné à Halifax la même année. Toujours en 1867, il épousa Annie A. S. Buchanan. Elle aussi diplômée de Mount Allison, elle était la fille de William M. Buchanan, ancien maître de conférences en géologie et chimie à la University of Glasgow.

Entre les années 1867 et 1889, Cowperthwaite desservit des églises en Nouvelle-Écosse (Horton de 1867 à 1870), au Nouveau-Brunswick (Fairville de 1870 à 1873 ; Saint-Jean de 1885 à 1887) et à l’Île-du-Prince-Édouard (Tryon de 1873 à 1876 et en 1888–1889 ; Cornwall de 1876 à 1879 et de 1882 à 1884 ; Charlottetown de 1879 à 1881). En outre, non seulement obtint-il une maîtrise ès arts de Mount Allison en 1870, mais il devint un ecclésiastique compétent et respecté. Il fut entre autres secrétaire financier (1874–1878, 1883), secrétaire aux archives (1878–1879) et président (1889) de la New Brunswick and Prince Edward Island Conference ainsi que président du district de l’île (1879–1880, 1882, 1888–1889). Il fut aussi délégué à la Conférence générale en 1882 et en 1883.

Cowperthwaite exerça son ministère à Terre-Neuve à compter d’août 1890 et continua durant une trentaine d’années, soit jusqu’à ce qu’une grave invalidité l’oblige à s’arrêter. Au cours de cette période, il desservit des circonscriptions ecclésiastiques à St John’s (Gower Street de 1890 à 1893 et de 1899 à 1903 ; George Street de 1893 à 1896 ; Cochrane Street de 1903 à 1907) et des églises à Carbonear (de 1896 à 1899) et à Harbour Grace (en 1907–1908). L’historien de l’église Gower Street en a fait le portrait suivant : « D’allure imposante, plutôt corpulent, avec une barbe […] bien taillée, à la manière de celle du prince de Galles, et doté d’une personnalité forte mais affable, il était aussi un homme d’une assez grande érudition et d’une vaste culture, [à l’esprit] très cohérent, un orateur accompli en fait. » S’il avait un tel ascendant dans les régions urbaines de Terre-Neuve, c’est qu’il prônait à la fois des valeurs patriotiques et une version progressiste de la spiritualité méthodiste, enracinée dans le revivalisme et la recherche de la sainteté personnelle. Pendant la guerre des Boers et la Première Guerre mondiale, ce descendant de loyalistes rallia les méthodistes autour du drapeau et de l’Empire. (Son grand-père paternel avait quitté le New Jersey en 1783 pour mener une existence de pionnier au Nouveau-Brunswick.) Sur le plan théologique, Cowperthwaite estimait que la proclamation du royaume de Dieu était un levain spirituel qui pouvait changer la société par l’exemple individuel et l’action collective. Une telle stimulation, pensait-il, produirait une révolution morale avec des effets tangibles, par exemple la disparition de la malhonnêteté en affaires, la prohibition de l’alcool ainsi que l’élimination des jeux de hasard et autres fléaux sociaux. Ses positions en matière de morale s’appuyaient sur les préceptes bibliques et sur son expérience personnelle, comme en témoigne le fait qu’il condamnait les bazars parce qu’ils ne constituaient pas une méthode de financement conforme aux Écritures.

Au cours de son ministère à St John’s, Cowperthwaite dut affronter deux crises : l’incendie de 1892 [V. Moses Monroe*] et le krach bancaire de 1894 [V. James Goodfellow*]. L’incendie détruisit l’église Gower Street ; le krach mena la colonie au bord de la faillite. En l’espace de quelques mois, pour remplacer l’église, Cowperthwaite fit construire un bâtiment temporaire, le « Tabernacle », à l’angle de la rue Parade et du chemin Harvey. Il aida les victimes du krach bancaire en leur apportant un soutien pastoral et, au besoin, en leur faisant des dons. Réputé pour ses compétences administratives, il fut nommé président de la Conférence de Terre-Neuve en 1896 et président des districts de St John’s et de Carbonear. Il reçut un doctorat en théologie de Mount Allison en 1903 et prit sa retraite le 15 novembre 1908, l’année du décès de sa femme. Cependant, il fut appelé à servir en qualité de ministre suppléant pendant deux autres mandats, en 1910–1911 et en 1913–1914. Il abandonna cette très lourde responsabilité seulement quand la paralysie le confina à la maison en 1921 ; il avait alors 83 ans. Le « vénérable doyen » du méthodisme terre-neuvien mourut trois ans plus tard et fut inhumé au cimetière General Protestant. Il laissait dans le deuil une fille et deux fils.

Aujourd’hui, une rue de St John’s honore la mémoire de Humphrey Pickard Cowperthwaite, mais presque personne ne se souvient de lui.

Hans Rollmann

L’EUC, Newfoundland Conference Arch. (St John’s), conserve un texte dactylographié de Humphrey Pickard Cowperthwaite intitulé « Gower Street Methodist Church » (s.d.). Ce dernier a aussi publié : « Bazaars or straight giving, which ? », Methodist Monthly Greeting (St John’s), oct. 1894 : 157s. ; nov. 1894 : 174s. ; déc. 1894 : 178s. ; « Cochrane Street Methodist Church », Newfoundland Quarterly (St John’s), 5 (1905–1906), no 1 : 6s. Le Methodist Monthly Greeting, publication officielle de l’Église méthodiste à Terre-Neuve, contient plusieurs références à la vie et au travail de Cowperthwaite dans la colonie, de son arrivée en août 1890 à son décès en 1924, et a constitué une source importante dans la préparation de cet article. Mentionnons en particulier les articles suivants : Mark Fenwick, « The late Rev. H. P. Cowperthwaite, m.a., d.d. », janv. 1925 : 3 ; « Mrs (Dr.) Cowperthwaite passes away », sept. 1908 : 9 ; et « Rev. Dr. Cowperthwaite », déc. 1923 : 8s.

Daily Globe (St John’s), 27, 29 déc. 1924.— Daily News (St John’s), 27 déc. 1924.— Evening Advocate (St John’s), 30 nov. 1918.— Evening Telegram (St John’s), 27, 29 déc. 1924.— « Mrs. A. B. Cowperthwaite », Free Press (St John’s), 25 août 1908.— Provincial Wesleyan (Halifax), 10 juill. 1867.— A century of Methodism in St. John’s, Newfoundland, 1815–1915, J. W. Nichols, édit. (St John’s, [1915]), 27s., 30.— G. H. Cornish, Cyclopædia of Methodism in Canada [...] (2 vol., Toronto et Halifax, 1881–1903), 1 : 382, 777 ; 2 : 50, 71.— Encyclopedia of Nfld (Smallwood et al.), 1 : 553.— D. G. Pitt, Windows of agates ; the life and times of Gower Street United (formerly Methodist) Church in St John’s, Newfoundland : 1815–1990 (2e éd., St John’s, 1990).— Vital statistics from N.B. newspapers (Johnson), 25, no 1229 ; 44, no 44 ; 54, no 2028 ; 64, no 3069.— When was that ? (Mosdell), 26s.

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Hans Rollmann, « COWPERTHWAITE, HUMPHREY PICKARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cowperthwaite_humphrey_pickard_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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