COWAN, AGNES, infirmière et administratrice d’hôpital, née en 1839 à Moffat, Écosse, septième et dernière enfant de John Cowan et d’Elizabeth Hastie ; décédée célibataire le 25 mars 1893 à St John’s.

Généralement considérée comme la Florence Nightingale de Terre-Neuve, Agnes Cowan, femme pieuse et instruite de la bourgeoisie, était le genre de « dame » que Nightingale voyait comme l’infirmière idéale. Ses 39 années de carrière démontrent bien son sens de la vocation. Contrairement à la plupart des infirmières qui devaient travailler pour survivre, elle venait d’une famille aisée, qui ne lui ménageait pas ses encouragements. Néanmoins, elle se consacra à son travail exigeant et sacrifia son confort personnel pour vivre à l’hôpital qu’elle dirigeait afin d’être toujours auprès de ses patients.

Agnes Cowan était arrivée à Terre-Neuve en 1840 avec sa famille, qui entreprit l’exploitation d’une terre aux alentours de ce qui est aujourd’hui l’avenue Cowan, à St John’s. Elle ne fit pas d’études en soins infirmiers mais, à l’âge de 15 ans, elle commença un long apprentissage sous la supervision de sa sœur Janet. Les deux sœurs partageaient une chambre dans le sous-sol froid et humide du St John’s Hospital, à Riverhead. Janet, qui avait 20 ans de plus qu’Agnes, lui enseigna tout ce qu’elle savait sur le soin des malades et l’administration et, quand on la nomma infirmière en chef, en 1860, elle prit Agnes comme adjointe. Janet mourut de la tuberculose en 1865 et peu après, Agnes fut à son tour promue infirmière en chef ; elle avait alors 25 ans. Le poste ajouta de nombreuses responsabilités à ses tâches d’infirmière, notamment surveiller le travail du personnel, commander le matériel nécessaire, assister aux interventions chirurgicales et prendre soin des patients les plus gravement atteints.

À la fermeture de l’immeuble de Riverhead (sauf pour les urgences), en 1871, le St John’s Hospital emménagea dans les locaux d’un ancien hôpital militaire, situé à l’extrémité est de la ville, et Agnes en devint la première infirmière en chef. La tâche y était toujours aussi lourde et les heures aussi longues, mais les conditions de travail et de vie nettement meilleures. Dans le nouvel édifice, l’infirmière en chef disposait d’un agréable appartement de fonction qu’elle allait d’ailleurs occuper toute sa vie.

Durant les 22 années qui suivirent, Agnes Cowan continua à faire de son travail le centre de sa vie, et l’on reconnut partout sa compétence. Réputée pour sa bonté envers les patients et sa façon d’apaiser les craintes des mourants et des malades gravement atteints, elle se fit aussi remarquer par ses talents d’administratrice. En 1890, par exemple, c’est à elle que les membres du conseil d’administration de l’asile d’aliénés de St John firent appel pour appliquer des réformes depuis longtemps attendues. Elle obtint alors la permission de quitter l’hôpital et assura durant trois mois la direction de l’asile. Dans son rapport de cette année-là, le médecin de l’établissement, Kenneth MacKenzie, reconnut chaleureusement ses services, loua sa compétence en administration et lui attribua une grande part du mérite d’avoir amélioré la situation.

Agnes Cowan mourut de tuberculose en mars 1893, à l’âge de 54 ans. On parla de son dévouement et de sa bonté dans l’Evening Herald, mais les hommages ne s’arrêteraient pas à quelques paragraphes dans un journal local. L’année même, un groupe de femmes philanthropes fonda la Cowan Mission qui, durant 90 ans, honorerait sa mémoire par l’action charitable et le soin des pauvres, des malades et, en particulier, des personnes âgées. En 1894, le tout nouvel hôpital général de St John’s, le Health Sciences Centre, donna à l’un de ses pavillons le nom de cette pionnière : l’Agnes Cowan Hostel loge maintenant les familles qui viennent des petits villages de pêcheurs si l’un des leurs doit être hospitalisé. C’est là un hommage qui semble particulièrement approprié à cette femme qui a toujours cherché à répondre aussi bien aux besoins affectifs qu’aux besoins physiques de ses patients.

Terry Bishop

Newfoundland Geneal. Soc. (St John’s), Frances [Cowan] McKinlay, « Cowan family history ».— PANL, P8/A/35.— T.-N., House of Assembly, Journal, app., 1860–1891 (reports of the visiting physicians) ; 1867 (evidence taken by select committee on the St John’s Hospital) ; 1891 : 376 (report of medical attendant of the lunatic asylum).— Evening Herald (St John’s), 27 mars 1893.— Joyce Nevitt, White caps and black bands : nursing in Newfoundland to 1934 ([St John’s], 1978).— Daily News (St John’s), 1er févr. 1984.— Evening Telegram (St John’s), 31 janv. 1984.

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Terry Bishop, « COWAN, AGNES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cowan_agnes_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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