COUNTER, JOHN, boulanger, entrepreneur et homme politique, né le 18 avril 1799 dans le Devonshire, en Angleterre, second fils de Susannah et John Counter ; en avril 1822, il épousa Hannah Roode de Kingston, Haut-Canada, qui lui donna six enfants dont deux moururent en bas âge ; décédé à Kingston le 29 octobre 1862.

John Counter arriva à Kingston avec ses parents vers 1820. Après avoir été boulanger et confiseur, il commença à s’intéresser au transport et aux biens immobiliers. En 1831, il acheta un terrain au bord de l’eau sur lequel il construisit, l’année suivante, un immeuble de belle apparence – démoli en 1973 – résidentiel et commercial à la fois, qu’il nomma « Plymouth Square ». En 1840, il avait déjà agrandi cet immeuble à trois reprises et il avait acquis d’autres propriétés au bord de l’eau.

Counter effectua son premier placement, qui nous soit connu, à Kingston, en août 1826, alors qu’il acheta une action de £25 dans la Cataraqui Bridge Company. En janvier 1836, il fonda la Kingston Stave Forwarding Company dont il devint le premier président. Cette société par actions, établie sur l’île Garden, en face de la ville, prit la raison sociale de Calvin, Cook and Counter en 1838. Après le départ de Counter en 1843, la société fut dirigée par Delano Dexter Calvin* et Hiram Cook qui la firent progresser en lui ajoutant une entreprise de construction navale, et elle poursuivit ses opérations jusqu’en 1914. En avril 1836, Counter mit également sur pied une société de construction et de réparation de navires, la Marine Railway Company, avec son propre capital d’abord, puis en mettant des actions en vente. La firme grandit sous la forme d’industries auxiliaires et finit par comprendre un moulin à scier, une fonderie, de vastes ateliers et des droits de quai.

Au cours d’une assemblée publique tenue le 30 décembre 1835, Counter présenta une résolution, appuyée par John Mowat*, visant à ériger Kingston en ville. Convaincu que cette mesure allait donner un nouvel essor au commerce et accroître la valeur des propriétés, Counter continua de se faire le défenseur du projet et signa la pétition qui en amena la réalisation en 1838. À la première élection, il chercha à obtenir un siège au conseil municipal, mais il fut défait. Cependant, il fut maire de la ville de Kingston en 1841, 1842 et 1843, et, en 1846, lorsqu’elle fut érigée en cité, il en devint le premier maire. Réélu en 1850, 1852, 1853 et 1855, il démissionna de son poste en juin 1855, parce que les actions qu’il détenait dans la compagnie de gaz de l’endroit donnaient prise à une accusation de conflit d’intérêts. Identifié à la ville de Kingston par sa carrière politique, Counter fut désigné par les réformistes, en 1851, pour faire la lutte à John A. Macdonald* dans cette circonscription, mais il s’abstint de faire campagne. Il accepta de se présenter contre Macdonald en 1854, mais il ne reçut que 265 voix contre les 437 qui allèrent à son adversaire.

Counter fut l’un des fondateurs du Board of Trade de Kingston en décembre 1839. Devenu le premier président de cet organisme, il procéda en 1841 à une enquête auprès des citoyens de la ville en vue de trouver des logements pour les fonctionnaires, lorsque Kingston devint le siège du parlement de la province du Canada ; il céda sa propre résidence au vice-chancelier Robert Sympson Jameson* et loua au gouvernement les nouveaux bureaux de la Marine Railway. À titre de maire, il se rendit en Angleterre, en 1842, afin d’emprunter l’argent nécessaire à la construction d’un édifice municipal digne de la capitale de la province [V. William Coverdale]. De concert avec Macdonald, il offrit l’horloge de la tour du nouvel édifice ; celui-ci fut terminé en 1844 et devint l’hôtel de ville en 1846 lorsque Kingston fut érigée en cité. Ardent défenseur des méthodistes wesleyens, Counter contribua généreusement au fonds destiné à la construction de la chapelle Victoria Street en 1847. Il offrit un terrain pour l’église Sydenham Street et, le 17 avril 1851, il posa la pierre angulaire de l’édifice ; il fit également partie du conseil d’administration.

Avant l’arrivée à Kingston du Grand Tronc en 1856, Counter établit un service de bac transportant les voitures entre la ville et Cape Vincent, dans l’état de New York ; il voulait ainsi faire de Kingston le centre de distribution des marchandises américaines au Canada. Afin d’accélérer et d’améliorer ce service, il s’occupa de promouvoir les intérêts du Wolfe Island, Kingston, and Toronto Railroad et de la Wolfe Island Railway and Canal Company. Ce dernier organisme, formé en vue de creuser un canal passant par l’île Wolfe – projet conçu par Counter en 1836 – fut constitué juridiquement en 1851 et commença finalement ses opérations en 1857. Achevé trop tard, le projet ne se révéla pas rentable car des lignes de chemin de fer, construites dans l’intervalle, ouvraient déjà d’autres voies de transport que celle allant de Cape Vincent à Kingston.

Counter emprunta de fortes sommes pour mener à bien ses nombreux projets et effectuer un morcellement de terrain, le premier à être fait à Kingston. En 1852, l’évaluation de ses propriétés atteignait le montant le plus élevé de toute la ville. En octobre 1855, il ne fut pas en mesure de faire un important versement sur une dette hypothécaire, et ses obligations financières l’acculèrent à la faillite. En même temps que ses entreprises commerciales connaissaient un déclin, sa vie personnelle était marquée par la tragédie. Il perdit, en moins de 10 ans, son frère, deux de ses petits-enfants, ses deux fils et sa femme. La maison de campagne qu’il avait construite en 1847 et nommée South Roode en l’honneur de sa femme fut saisie par une banque en 1856 et, la même année, une grande partie de ses propriétés furent l’objet d’une vente judiciaire.

Six ans plus tard, John Counter mourut au domicile de son gendre, presque complètement oublié. Son décès fut signalé par un simple entrefilet dans le quotidien de la ville devenue son foyer d’adoption et à laquelle il avait consacré sa vie.

Margaret S. Angus

Anglican Church of Canada, Diocese of Ontario, Synod Archives (Kingston, Ont.), St George’s parish register, 1822.— APC, RG 31, 1861 census, Kingston City, ward 2.— Cataraqui Cemetery (Kingston, Ont.), gravestones.— Kingston Registry Office (Kingston, Ont.), records for water lot 22 ; park lot 2 and subdivisions ; and farm lot 22, east  1/2.— QUA, Kingston Town Council, proceedings, 18381845 ; Kingston City Council, proceedings, 18461855.— British Whig and General Advertiser for Canada West (Kingston, Ont.), 7 avril 1838, 21 nov. 1843, 29 janv. 1844.— Chronicle & Gazette (Kingston), 20 avril 1835, 2, 16, 23 janv., 2 mars, 20 avril 1836, 7 déc. 1837, 17 août, 7 déc. 1839, 7 mars 1840, 24 févr., 7 avril 1841, 7 avril, 16 mai 1842.— Chronicle and News (Kingston), 7 déc. 1848, 11 août 1849, 14 janv. 1853, 16 mars 1855.— Daily News (Kingston), 18 juill. 1854, 12 juin, 10 oct. 1855, 28 mars 1856, 2 nov. 1861, 29 oct. 1862.— Kingston Chronicle, 7 août, 15 sept. 1826.— Creighton, Macdonald, young politician, 140, 171.— E. E. Horsey, Kingston, a century ago ; issued to commemorate the centennial of Kingston’s incorporation (Kingston, Ont., 1938).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Margaret S. Angus, « COUNTER, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/counter_john_9F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:

Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/counter_john_9F.html
Auteur de l'article:    Margaret S. Angus
Titre de l'article:    COUNTER, JOHN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    28 novembre 2024