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COPE (Cop, Copt, Coptk), JEAN-BAPTISTE, nommé aussi parfois Major Cope, chef d’une tribu micmaque de Shubenacadie (N.-É.), probablement décédé à Miramichi (N.-B) entre 1758 et 1760.
Jean-Baptiste Cope fut impliqué, ainsi que quelques membres de sa famille, dans la guerre anglo-micmaque de 1749 à 1753. À la suite du témoignage erroné du chevalier de Johnstone [James Johnstone*], quelques historiens ont cru que c’est Cope qui avait assassiné Edward How à la rivière Missaguash le 15 octobre 1750 (nouveau style), ou bien ils l’ont confondu avec le véritable assassin de How, Étienne Bâtard, en prétendant que ces deux noms désignaient une même personne. Tout au plus peut-on présumer que Cope, chef indien résidant à la mission de l’abbé Jean-Louis Le Loutre*, a participé au guet-apens organisé par Bâtard, à l’automne de 1750, alors que tous les Micmacs de l’Acadie étaient réunis autour du fort Beauséjour (près de Sackville, N.-B).
Le 14 septembre 1752, Cope se présente à Halifax pour ouvrir des négociations de paix avec le gouverneur Peregrine Thomas Hopson. Le 22 novembre suivant, un traité est effectivement signé entre les Anglais et Cope ainsi que les délégués de sa tribu, sur les bases du traité négocié à Boston en 1725 avec Sauguaaram et d’autres chefs de la tribu des Pentagouets. La nouvelle de cette entente est immédiatement connue à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton) d’où le gouverneur, Jean-Louis de Raymond*, écrit au ministre de la Marine, le 24 novembre 1752, que Cope est « un ivrogne et un mauvais sujet » ; le gouverneur se rassure en alléguant que les autres Micmacs « ont désavoué » Cope. Le 12 mai 1753, Raymond reprend la question en traitant cette fois Cope de « mauvais Micmac qui a toujours eu des allures incertaines et suspectées des deux nations ».
Raymond ne croyait pas si bien dire. En effet, au moment où il écrivait, le traité était déjà rompu. En février 1753, un attentat commis contre un groupe de Micmacs par deux soldats anglais, James Grace et John Conner, avait incité Cope à entreprendre une expédition pour venger les siens. Le 16 mai 1753, il dépêche son fils Joseph à Halifax afin de demander un bateau et une escorte, prétendument pour transporter des vivres dans cette ville. On envoie le capitaine Bannerman, accompagné de sept hommes dont Anthony Casteel à qui on doit le récit de cette expédition. Le 19 mai, l’équipage est mis en pièces à l’exception de Casteel qui, sachant le français, se fait passer pour un Français. L’expédition de Cope se poursuit alors en direction de Cobequid (près de Truro, N.-É.), de Baie-Verte (N.-B.) et, finalement, elle atteint Louisbourg, où Casteel est libéré le 28 juin suivant.
À travers les multiples péripéties de ce voyage, on peut découvrir les véritables raisons de cette expédition. Cope veut réaffirmer son prestige auprès de ses guerriers : le 20 mai, il fait un discours en ce sens ; il veut aussi terroriser son prisonnier : le 22 mai, Casteel est délivré d’une femme qui veut le torturer, mais cette même femme, en compagnie de la fille de Cope, « dansèrent jusqu’à ce que l’écume, de la grosseur du poingt, leur sorte de la bouche, ce qui [lui] fit jaillir les larmes des yeux ». Cependant Cope tient surtout à prouver sa fidélité aux Français : le 23 mai, il brûle le traité de paix signé l’année précédente et, le 25 mai, il prononce un nouveau discours où il évoque l’horrible crime de Grace et Conner et où il précise « qu’il fut surpris de voir que les Anglais commencèrent les premiers » les hostilités. De fait, la paix signée par Cope n’avait pas duré six mois ; l’été suivant, le secrétaire provincial, William Cotterell, n’hésitait pas à écrire que c’était Cope lui-même qui l’avait rompue.
Si l’on en croit le chevalier de Johnstone, Cope se serait trouvé près de Miramichi après la chute de Louisbourg en 1758. Le fait nous semble plausible vu que les Micmacs, les Acadiens, les missionnaires et les militaires se réfugièrent en grand nombre au sud de la baie des Chaleurs, après la défaite française en Acadie. On peut donc penser que Cope est mort dans cette région avant 1760, puisque son nom ne figure sur aucun des traités de paix signés entre les Micmacs et les Anglais après cette date.
AN, Col., B, 89, f.10 ; 90, f.52 ; 97, ff.21–22, 30–31 ; Col., C11A, 93, ff.169–172 ; 97, ff.16–34 ;Col., C11B, 28, ff.40, 75, 381–387 ; 29, ff.63, 130f. ; 30, ff.110, 113, 117, 189–191 ; 31, ff.62, 116, 132–135 ; 32, ff.163, 280f. ; 33, ff.22–23, 159–162, 181–183, 197.-APC, MG 11, Nova Scotia B, 4, pp. 58, 62, 106 ; 5, pp. 69, i 12–120, 139, 152, 162, 164, 178, 234 ; 6, pp. 118, 137, 141, 183s., 254s.— Anthony Casteel’s journal, Coll. doc. inédits Canada et Amérique, II (1889) : III–126.— Derniers jours de l’Acadie (Du Boscq de Beaumont), 72.— N.S. Archives, I, 195, 671–674, 682–686, 694–698.— RAC, 1894. 150, 195, 197f., 202 ; RAC, 1905, II, iiie partie, 344–408.— Casgrain, Un pèlerinage au pays d’Évangéline, app. I ; Une seconde Acadie, 231.— Murdoch, History of Nova-Scotia, II : 193, 211, 213, 219–222.— Parkman, Montcalm and Wolfe (1884), I : 106.— Richard, Acadie (D’Arles), II : 85–121, 151–169.— R. O. MacFarlane, British Indian policy in Nova Scotia to 1760, CHR, XIX (1938) : 154–167.
Micheline D. Johnson, « COPE (Cop, Copt, Coptk), JEAN-BAPTISTE (Major Cope) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cope_jean_baptiste_3F.html.
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Auteur de l'article: | Micheline D. Johnson |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |