COCHRAN, JAMES (il signait Cochran, mais dans sa famille, en Irlande, on écrivait Cocoran ou Corcoran), marchand et homme politique, né en 1802 à Granard, dans le comté de Longford en Irlande, fils de Timothy Cocoran (ou Corcoran) et de Margaret Flood, décédé à Camp Hill Cottage, Halifax, N.-É., le 6 mars 1877.

En 1825, à l’âge de 23 ans, James Cochran émigra à Halifax où il entra au service des frères Lewis et Temple Piers*, fournisseurs de navires. La maison Piers vendait de la toile à voile, des cordages, des clous, des pointes de fer et autres fournitures indispensables aux voiliers ; elle exploitait également une corderie. Plus tard, Cochran devint représentant de commerce, s’occupant de la vente du tabac, du the, de la farine, du sucre et de l’eau-de-vie. Il épousa Catherine Walsh à la cathédrale catholique St Mary, le 28 septembre 1829. Ils eurent quatre enfants qui moururent sans laisser de descendants.

L’afflux de capitaux à Halifax pendant la guerre de Sécession amena la fondation de la People’s Bank en 1864. George H. Starr en devint le président tandis que James Cochran, William J. Coleman, Benjamin Wier*, John Doull et d’autres hommes d’affaires faisaient partie du conseil d’administration. En 1868, la banque avait des agences à Wolfville et à New Glasgow ; en 1875, elle ouvrait une succursale à Lockeport, centre du commerce avec les Antilles. En 1870, James Cochran devint membre du conseil d’administration de l’Acadia Fire Insurance Company, laquelle versait des dividendes atteignant 15 p. cent. Avisé et prudent dans ses placements, Cochran laissa à sa mort une succession estimée à $202 508, constituée en grande partie de valeurs bancaires et d’obligations de la ville de Halifax.

En 1835, Cochran fut admis dans les rangs de la Charitable Irish Society, fondée en 1786 par de riches Irlandais, tant catholiques que protestants, et qui avait pour but d’aider les immigrants et de secourir les Irlandais nécessiteux de la Nouvelle-Écosse. En 1853 et en 1867, Cochran fut président de cette société qu’il soutint de ses deniers jusqu’à sa mort. La population irlandaise catholique avait triplé avec l’affluence des immigrants causée par la disette de pommes de terre en Irlande en 1846 et elle alla toujours en s’accroissant pendant les décennies qui suivirent. Cochran appartenait à cette classe d’Irlandais catholiques influents qui appuyaient le parti réformiste et qui continuèrent à soutenir les libéraux après les émeutes de Gourley Shanty [V. James W. Johnston]. Il ne s’était jamais occupé activement de politique mais, en 1867, les adversaires de la Confédération, dont il partageait les idées, le persuadèrent de se faire nommer parmi les candidats locaux dans le comté de Halifax. Il fut élu à l’Assemblée, même s’il avait séjourné en Europe pendant une partie de la campagne électorale.

Le 18 février 1868, Cochran fut nommé ministre sans portefeuille dans le gouvernement opposé à la Confédération, que dirigeait William Annand*. À l’Assemblée, il fut président du comité du commerce et de l’industrie ; il s’inquiétait des conséquences fâcheuses pour le commerce des Maritimes de la hausse des tarifs prévue par le gouvernement fédéral. Le gouvernement d’Annand tenta d’obtenir la révocation de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique mais il finit par accepter en 1869, quoique avec réticence, de meilleurs arrangements financiers de la part du gouvernement canadien. Même s’il favorisait le retour de la Nouvelle-Écosse au statut de colonie indépendante, Cochran refusa d’appuyer ceux qui prônaient l’annexion aux États-Unis ; il disait que « l’homme qui n’était pas loyal à ce pays [la Grande-Bretagne] était un fou ou un imbécile ». Il était membre du comité de l’éducation quand l’Assemblée se pencha sur la question des écoles séparées, mais « croyant que le pays n’était pas disposé à accepter les écoles séparées, [il s’]inquiétai[t] peu de la question ». Il décida de ne plus briguer les suffrages lors de l’élection suivante, et, le 6 juin 1871, on le nomma au Conseil législatif où il succéda à William James Stairs*. Cochran accepta de faire partie du Conseil exécutif dans le gouvernement de Philip Carteret Hill* où l’on appréciait ses opinions, à cause de son intégrité et de la sûreté de son jugement.

Sa bienveillance, sa sagacité et le bon sens dont il fit preuve dans les affaires et en politique lui méritèrent l’estime de son entourage. On le considérait comme un exemple : pauvre immigrant irlandais catholique à son arrivée au pays, il avait réussi financièrement et était devenu un citoyen influent.

Phyllis R. Blakeley

Archdiocese of Halifax (Église catholique), Chancery Office, Registres des mariages, cathédrale St Mary, 28 sept. 1829.— Halifax County Court of Probate, testament de James Cochran.— PANS, Charitable Irish Society, Minutes, 1850–1866 ; Halifax County death registrations, 2e trimestre, 1874, 1er trimestre, 1877.— Debates and proceedings of the House of Assembly of Nova Scotia, 1868–1871.— Acadian Recorder (Halifax), 25 juill. 1872, 4 avril 1874, 6 mars 1877.— Morning Chronicle (Halifax), 7 mars 1877.— George Mullane, Charitable Irish Society of Halifax, Canada, founded 1786 ; sketch of some of the foundation members of the Charitable Irish Society, including remarks on the « Morris family » : being a paper read at a meeting of the society on November 20th, 1918 ([Halifax, 1918]), 8s.

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Phyllis R. Blakeley, « COCHRAN, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cochran_james_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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