CHIPMAN, WILLIAM ALLEN, marchand, fonctionnaire, juge de paix, homme politique et juge, né le 8 novembre 1757 à Newport, Rhode Island, neuvième des 11 enfants de Handley Chipman et de Jean Allen ; le 20 novembre 1777, il épousa Ann Osborn, fille d’un marchand de Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, et ils eurent au moins six enfants ; décédé le 28 décembre 1845 dans le canton de Cornwallis, Nouvelle-Écosse.
William Allen Chipman était le fils d’un ébéniste du Rhode Island, homme pieux « à la personnalité forte et [doué] d’une grande intelligence » qui, en mai 1761, s’installa avec sa femme et ses enfants dans le canton de Cornwallis. La famille se tailla une place dominante dans la vie économique, politique et religieuse du comté de Kings. William Allen, qui vécut peut-être quelque temps à Annapolis Royal avant de retourner dans le canton de Cornwallis, devint un riche marchand et, disait-on, l’un des plus gros propriétaires terriens du comté. Il détint en outre de nombreuses charges publiques : greffier du canton de Cornwallis et receveur des douanes du comté de 1794 à 1845, juge de paix de 1797 à 1845, juge à la Cour inférieure des plaids communs de 1821 à 1841 et custos rotulorum de 1841 à 1845. John, son frère aîné et député de Cornwallis de 1776 à 1785, avait occupé ces trois derniers postes pendant un certain temps.
William Allen siégea lui aussi à l’Assemblée, à titre de député de Kings de 1799 à 1806, de Sydney en 1807 et 1808, et de Cornwallis de 1811 à 1818 ; de 1818 à 1826 et de 1828 à 1830, il représenta de nouveau la circonscription de Kings où son fils Samuel* lui succéda. Même s’il n’était pas un grand orateur, Chipman manifestait de l’indépendance dans ses opinions et, comme le disait Beamish Murdoch*, « du bon sens, de la fermeté et de la promptitude à défendre l’intérêt public ». À la chambre, il s’opposa au service obligatoire dans la milice, se fit le champion de la cause des agriculteurs et prit parti en faveur des ports francs, d’un impôt sur le revenu pour l’instruction publique et d’une réduction des dépenses gouvernementales. Il épousa la cause des non-conformistes mais, en 1823, il vota avec une minorité contre une motion qui autorisait le catholique Laurence Kavanagh* à siéger à l’Assemblée sans prêter le serment contre la transsubstantiation. Au cours de sa dernière session, Chipman défendit les droits de la chambre à l’occasion de la célèbre querelle du Brandy [V. Enos Collins*]. En général, il appuyait la coalition réformiste contre le « parti de l’Église et de l’État ». Il contribua même à cimenter cette coalition, particulièrement en travaillant à priver l’Église d’Angleterre de ses privilèges et à obtenir des fonds publics pour des établissements d’enseignement baptistes et presbytériens, la Horton Academy et la Pictou Academy.
Franc-maçon, Chipman appartenait à la St Georges Lodge No. 11, formée chez lui le 22 novembre 1784. Avec sa famille, il contribua à l’implantation de la dénomination baptiste en Nouvelle-Écosse. Son frère Thomas Handley et son fils William comptent parmi les premiers ministres baptistes de la colonie. Membre de la communauté congrégationaliste New Light de Cornwallis dès 1799 et baptisé par immersion, il était un solide partisan du révérend Edward Manning*, du même endroit, et fut pendant 20 ans trésorier de la Nova Scotia Home Missionary Society, qui recueillait des fonds pour les missions baptistes de la colonie et de l’étranger. Il siégea aussi au conseil de la Nova Scotia Baptist Education Society, qui fonda la Horton Academy en 1828 et le Queen’s College en 1838.
Selon le révérend Ingraham Ebenezer Bill*, William Allen Chipman « valait à lui seul une armée » ; il avait un « tempérament impétueux » et considérait que sa femme était « d’un bien plus grand prix que les perles ». Il mourut à l’âge de 88 ans. Le Novascotian annonça, dans le style fleuri qui lui était habituel, qu’il était parti « à la rencontre de la Faucheuse avec le calme et la sérénité que seul peut avoir celui qui a conscience d’avoir mené une bonne vie et avec la pleine assurance de la valeur salvatrice du sacrifice offert par le bien-aimé Rédempteur ». Il contribua largement à asseoir dans le comté de Kings l’autorité de sa famille, qu’on appela bientôt le « Chipman compact », et dont le membre le plus influent allait être son petit-fils William Henry*, grand marchand et adversaire de la Confédération.
PANS, MG 1, 184.— Novascotian, 26 janv. 1846.— Sun (Halifax), 26 janv. 1846.— A Chipman genealogy, circa 1583–1969, beginning with John Chipman (1620–1708), first of that surname to arrive in the Massachusetts Bay colony [...], J. H. Chipman, compil. (Norwell, Mass., 1970).— Directory of N.S. MLAs.— Esther Clark Wright, Planters and pioneers (Hantsport, N.-É., 1978).— A. W. H. Eaton, The history of Kings County, Nova Scotia [...] (Salem, Mass., 1910 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— Murdoch, Hist. of N.S., 3 : 407, 433, 479, 494, 497, 531.— G. A. Rawlyk, Ravished by the spirit : religious revivals, Baptists, and Henry Alline (Kingston, Ontario, et Montréal, 1984).— Saunders, Hist. of Baptists.— Norah Story, « The church and state « party » in Nova Scotia, 1749–1851 », N.S. Hist. Soc., Coll., 27 (1947) : 33–57.
Carman Miller, « CHIPMAN, WILLIAM ALLEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chipman_william_allen_7F.html.
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Auteur de l'article: | Carman Miller |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
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