CHESLEY, SOLOMON YEOMANS, fonctionnaire et homme politique, né le 29 avril 1796 à Shodack (aujourd’hui Castleton-on-Hudson), dans le comté de Rensselaer, New York, fils de All Saints Chasley (Chassley, Chesley) et de Lené Yeomans ; le 18 août 1825, il épousa Margaret Ann Vankoughnet, dont il eut plusieurs enfants ; décédé le 5 novembre 1880 à Ottawa, Ont.

Ayant quitté Shodack pour les « régions sauvages du Canada » en 1800, les parents de Solomon Yeomans Chesley vécurent à Cornwall, Haut-Canada. En février 1806, Solomon Yeomans alla vivre sur le territoire iroquois à St Regis, situé à la frontière du Canada et des États-Unis. En novembre 1813, Chesley avait une connaissance suffisante du mohawk pour devenir interprète au département des Affaires indiennes et, le 25 juillet 1814, il fut nommé lieutenant de la St Regis Company of Indian Warriors. Sa participation à la guerre de 1812–1814 à fort Covington, à Châteauguay, à Four Corners et à Plattsburgh lui valut la concession d’une terre et la nomination au poste d’agent des Indiens à St Regis, le 1er août 1815. Secondé par 12 chefs et guerriers nommés par la bande, Chesley géra quelque 50 000 acres de terres réparties dans le Haut et le Bas-Canada et 9 îles du Saint-Laurent ; les Iroquois affermèrent une grande partie de ces terres. En 1832, Chesley, qui parlait l’iroquois, le français et l’anglais, succéda à Jean-Baptiste de Lorimier au poste de résident ou de surintendant de St Regis, tout en demeurant agent au service des Indiens. Chesley obtint cette résidence presque au même moment où le père François-Xavier Marcoux, catholique et francophone, fut nommé missionnaire de la bande par le gouvernement.

Avec l’aide du major William Plenderleath [Christie*], qui travaillait également au département des Affaires indiennes, et du révérend George Archbold, ministre anglican de Cornwall, Chesley persuada lord Aylmer [Whitworth-Aylmer*] d’allouer l’argent nécessaire à l’entretien d’un maître d’école à St Regis. Le révérend Éléazar Williams*, Iroquois qui avait fait ses études dans un séminaire épiscopal du Connecticut, fut désigné à ce poste. Son école ouvrit ses portes en juillet 1835. Elle comptait déjà 40 élèves quand le père Marcoux en apprit l’existence en septembre. Williams utilisait des livres anglais pour enseigner. L’évêque catholique, Mgr Jean-Jacques Lartigue*, demanda aux parents indiens de retirer leurs enfants de l’école et lord Gosford [Acheson*], tout en refusant d’expulser Williams de St Regis, retira l’aide du gouvernement à l’école. Celle-ci ferma ses portes et lorsqu’il fut question d’en ouvrir une autre en 1847, c’est à l’évêque que l’on demanda de choisir l’instituteur.

Cette controverse mit le gouvernement dans l’embarras, car celui-ci n’avait pas voulu mettre en question la position de l’Église catholique à St Regis. Peut-être à la suite des activités de Chesley dans cette affaire, son poste faillit être supprimé en 1837. Cependant son expérience sur le territoire menacé des Iroquois lui permit de se rendre utile durant les troubles qui éclatèrent dans le Bas-Canada vers la fin de 1837, et on le maintint dans ses fonctions. Il continua de s’intéresser au développement de l’instruction chez les Indiens, donnant son appui aux écoles de travail manuel inaugurées dans le Bas-Canada par Plenderleath.

En 1836, Chesley s’était présenté aux élections législatives sous l’étiquette tory dans la circonscription de Cornwall, et avait été battu par George Stephen Benjamin Jarvis. Il occupa ce siège de 1841 à 1844, mais fut battu par Rolland Macdonald aux élections de 1844. À l’Assemblée, Chesley s’opposa à Hamilton Hartley Killaly qui avait choisi la rive sud du Saint-Laurent pour construire le canal de Beauharnois. Chesley prétendit que les sondages indiqués sur les cartes tracées par Frederick Preston Rubidge* étaient trompeurs ; malgré cela le canal fut construit et une partie des terres de St Regis furent inondées.

Peu après la défaite électorale de Chesley en 1844, on procéda à la réorganisation du département des Affaires indiennes ; le 8 juillet 1845, Chesley abandonnait la résidence pour devenir assistant commis au bureau de Montréal, sous les ordres du nouveau commis en chef, George Vardon. À la suite d’une nouvelle réorganisation du département, Chesley fut nommé comptable en 1851. Au service du département depuis 1813, il était le plus ancien fonctionnaire. Ce fut Chesley et non le commis en chef qui agit comme surintendant général en 1852, en attendant la nomination temporaire à ce poste d’un ancien surintendant général, le major Thomas Edmund Campbell, et celle, définitive, de Laurence Oliphant en 1854. Par la suite, Chesley fut en fait sinon en titre surintendant général adjoint ; à l’occasion, par exemple en 1856, il exerça même les fonctions de surintendant général.

Quand il apprit que le département des Affaires indiennes allait tomber sous la juridiction du gouvernement colonial, Chesley demanda à être mis à la retraite, le 18 janvier 1859. Il se retira le 1er décembre et s’installa à Cornwall, après avoir vécu dans la capitale du Canada depuis 1845. Il fut élu maire de Cornwall en décembre 1860. Il se fixa plus tard à Ottawa et, en 1872, devint membre de la New England Company, société anglicane qui promouvait l’instruction chez les Indiens.

Geo. Mainer

APC, FO 7, G1, 87, p.78 ; FO 8, I, D2, 1 171, p.334.— PAO, Diary collection, S. Y. Chesley diaries, 1851–1854 ; Ms 155, St Regis mission papers (microfilm).— PRO, CO 42/503, 71 ; CO 42/515, 51, 94 ; CO 42/516, 36,607 ; CO 42/599, 371 ; CO 42/617, 42.— Appendix to journal of the Legislative Assembly of the Province of Canada, 1846, app.V, Report. The select committee to which was referred the petition of Wishe Tegaréhontie and others [...].— Sessional papers of the Province of Canada, XVIII (1860), 3e partie, no 40, Return to an address [...] for statements of appointments to public office since July, 1860.— British Colonist (Toronto), 21 janv. 1845.— Chronicle & Gazette and Kingston Commercial Advertiser, 28 oct. 1843.— Ottawa Citizen, 6 nov., 8 nov. 1880.— Peterborough Examiner, 17 janv. 1861.

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Geo. Mainer, « CHESLEY, SOLOMON YEOMANS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chesley_solomon_yeomans_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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