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CHANDLER, EDWARD BARRON, avocat, juge, homme politique et administrateur, né le 22 août 1800 à Amherst, N.-É., fils de Charles Henry Chandler et d’Elizabeth Rice, décédé le 6 février 1880 à Fredericton, N.-B.
Le grand-père d’Edward Barron Chandler, le colonel Joshua Chandler, avait été membre de la législature du Connecticut et avait joui de ressources assez considérables avant de se joindre aux Loyalistes et de venir s’établir en Nouvelle-Écosse en 1783. L’un des fils de Joshua Chandler, Samuel, prit une part active à la vie politique de la Nouvelle-Écosse ; deux de ses filles s’allièrent par mariage à des familles influentes du Nouveau-Brunswick : Mary épousa Joshua Upham*, juge puîné de la Cour suprême et un des premiers membres du Conseil exécutif et du Conseil législatif du Nouveau-Brunswick ; Sarah épousa Amos Botsford*, premier orateur (président) de la chambre d’Assemblée du Nouveau-Brunswick. Edward Barron Chandler affirmait qu’il avait connu des temps difficiles dans sa jeunesse ; même si cela fut le cas, les nombreuses relations que sa famille avait compensaient pour tous les revers de fortune de sa famille.
Chandler, dont le père était shérif du comté de Cumberland, N.-É., fut élevé à Amherst où il fit ses études. Plus tard il étudia le droit avec son cousin William Botsford*, à Westcock, non loin de Sackville, N.-B., passa les examens d’admission du barreau en Nouvelle-Écosse en 1821 et fut reçu au Barreau du Nouveau-Brunswick en 1823. La même année, il fut nommé juge à la Cour d’enregistrement et d’examen des testaments et greffier de la paix du comté de Westmorland, N.-B. ; il cumula l’es deux fonctions jusqu’en 1862. Chandler habitait à Dorchester et quelques années à peine s’étaient écoulées qu’il avait déjà fait construire Rocklyn pour sa famille, une « demeure où l’on recevait avec une magnificence rare même chez les magnats des colonies ». Son cabinet d’avocat et ses fonctions dans la magistrature devaient lui rapporter beaucoup car bientôt Chandler eut la réputation d’être un homme très riche. Il avait épousé, en 1822, Phoebe Millidge, descendante des Botsford ; ils eurent onze enfants, dont sept atteignirent l’âge adulte.
La longue carrière politique de Chandler au Nouveau-Brunswick commença avec son élection à la chambre d’Assemblée en 1827 comme député du comté de Westmorland. Dès sa première session à la chambre en 1828, il prit une part active aux débats et, malgré sa jeunesse, on le considéra très vite comme l’un des membres importants de ce corps législatif. Il se trouva, en premier lieu, mêlé à la question concernant le contrôle des terres de la couronne et la répartition des revenus provenant des droits de douane dans la province. Ces deux domaines relevaient d’un personnel nommé par le ministère des Colonies, qui administrait tous les revenus. Selon Chandler, cet arrangement privait la population de la province d’une de ses libertés fondamentales. Durant sa première année à l’Assemblée, il fit partie d’un comité qui avait mission d’étudier ces questions et, en 1833, accompagné de Charles Simonds*, il se rendit à Londres comme membre d’une délégation, dans le but d’exposer les plaintes et d’essayer de résoudre le problème. La délégation réussit presque à atteindre son but et Chandler acquit une grande réputation comme champion du peuple. Plus tard, il plaida en faveur de l’établissement d’une liste civile permanente, en échange du contrôle complet des revenus casuels par l’Assemblée – chose qui fut faite en 1837.
À l’Assemblée, Chandler continua à jouer le rôle de tribun, s’engageant sur des questions telles que les redevances, l’émancipation des catholiques, les droits de la population acadienne, l’administration de l’enseignement, la révision des lois provinciales et l’immigration. Sur toutes ces questions il adopta une attitude progressiste et fit preuve d’un esprit éclairé, suppliant sans relâche ses collègues d’aborder les problèmes d’une façon raisonnable, avec calme et impartialité. Au cours des années 30, par exemple, Chandler appuya énergiquement les mesures destinées à exempter les Acadiens de la taxe d’aide aux pauvres, étant donné qu’ils se chargeaient eux-mêmes de leurs pauvres. En outre, Chandler plaida en faveur de l’octroi d’une subvention à une école acadienne dans le comté de Kent, qui serait administrée par l’évêque catholique. Comme il fallait s’y attendre, un tel projet souleva beaucoup d’opposition de la part de certains membres de l’Assemblée. En accordant à ce projet un appui indéfectible, Chandler a montré beaucoup de perspicacité à l’égard de la population acadienne. Il reconnaissait qu’à cause de leurs « mœurs et de [leurs] habitudes particulières », les Français ne pouvaient pas envoyer leurs enfants aux écoles publiques. Il serait vain, disait-il, d’essayer, par des lois, d’assimiler ces gens aux autres groupes.
Un plaidoyer de ce genre lui valut la réputation d’être un réformiste modéré, même s’il faut se montrer prudent avant d’appliquer une telle étiquette dans le contexte politique du Nouveau-Brunswick de l’époque. Ce serait une erreur, par exemple, de comparer le rôle qu’il a joué avec celui qu’ont joué les principaux réformistes dans les autres provinces. La question des revenus casuels et de la liste civile, mieux que toute autre, met en lumière les théories de Chandler en matière de gouvernement. Selon lui, la démocratie serait respectée quand l’Assemblée assurerait le contrôle entier des revenus provinciaux avec l’importante prérogative, pour chaque membre de ce corps législatif, de présenter des projets de loi concernant les dépenses gouvernementales. Il était convaincu qu’il ne fallait pas diminuer le pouvoir des représentants du peuple en plaçant cette responsabilité d’importance majeure sous l’autorité de l’exécutif qui, au Nouveau-Brunswick, ne pouvait pas être renversé par une motion de censure à l’Assemblée. Avec logique, il s’opposa, durant cette période initiale de sa carrière, au principe du gouvernement par un parti et à la responsabilité ministérielle. Ainsi, bien qu’il fût un représentant du peuple pondéré et digne de confiance et qu’il se fît l’avocat d’une forme de démocratie fondamentale, il est indubitable qu’il n’acceptait pas la responsabilité ministérielle telle que prônée par Joseph Howe et les réformistes canadiens.
Malgré l’intérêt qu’il portait aux travaux de l’Assemblée, Chandler avait des aspirations plus élevées et, en 1834, à l’âge de 34 ans, il posa, directement au ministère des Colonies, sa candidature à un poste du sein de la Cour suprême du Nouveau-Brunswick. Sa demande ne fut pas agréée mais, en 1836, il fut nommé au Conseil législatif dont il fit partie jusqu’en 1878. En dépit de sa jeunesse, Chandler se comporta à la Chambre haute comme un homme politique expérimenté. Soit par accident soit à dessein, sa nomination arriva juste au moment où le projet de loi sur les revenus casuels et sur la liste civile était débattu en chambre, et il se montra carrément en faveur de cette mesure. Des hommes dont les intérêts étaient en cause, tels que Thomas Baillie* et Joseph Cunard*, lui firent la lutte mais le projet de loi finit par être adopté par huit voix contre cinq. La présence de Chandler semble avoir eu une influence innovatrice sur le conseil, dont les membres appuyaient traditionnellement le statu quo.
En 1843, Chandler entra au Conseil exécutif de sir William Colebrooke* et, sauf pendant une courte période, il fut le chef reconnu de ce gouvernement (« compact » government), jusqu’en 1854. À ce poste, il était assez puissant pour pouvoir imposer sa version de la responsabilité ministérielle à la province. En novembre 1846 et en mars 1847, lord Grey [Henry George Grey] formula clairement ses idées sur le gouvernement des colonies. L’essentiel de sa politique consistait en ceci : le gouvernement des provinces ne devait pas aller à l’encontre des désirs du peuple et on ne devrait pas faire obstacle à l’instauration d’un système de responsabilité ministérielle. En 1848, l’administration coloniale de l’Amérique du Nord britannique était en pleine évolution et Chandler en était conscient. Mais un changement aussi radical ne semblait pas pratique étant donnée la situation au Nouveau-Brunswick. Vu l’absence de gouvernement au niveau municipal et la mainmise de l’Assemblée sur les deniers publics, les membres de l’Assemblée détenaient l’arme puissante du favoritisme et ne désiraient nullement voir les choses changer. En réalité, le gouvernement était paternaliste et bienveillant, et le pouvoir du Conseil exécutif et du Conseil législatif était contrebalancé par le fait que l’Assemblée avait la haute main sur les finances. Ce système permettait aux membres du « compact » de diriger la politique gouvernementale dans les domaines importants, tout en laissant à chaque membre de l’Assemblée le soin de régler les questions d’intérêt local. De l’extérieur de la province arrivaient des recommandations pour que des changements se fassent mais dans la province même les demandes de réforme ne furent le fait que d’éléments isolés.
C’est dans cette atmosphère qu’arriva en 1848 le nouveau lieutenant-gouverneur, sir Edmund Head*, bien déterminé à exécuter les ordres de lord Grey. Il est révélateur qu’il ait choisi Edward Barron Chandler pour diriger le gouvernement. À cette époque, Chandler appuyait publiquement le principe de la responsabilité ministérielle et, effectivement, il fit un effort sincère pour nommer au Conseil exécutif des membres de l’Assemblée dont on pouvait dire qu’ils avaient la confiance, sinon l’appui actif, de la majorité des députés. Le nouveau gouvernement était un amalgame intéressant d’anciens membres du « compact », de membres « conservateurs » et de deux des plus éminents réformistes, Lemuel Allan Wilmot et Charles Fisher. Les meilleurs talents dont on pouvait disposer y étaient représentés, il avait la confiance de l’Assemblée et il fut accueilli comme étant un gouvernement « responsable ». Au fond, cependant, bien peu de chose avait changé ; durant les six années de ce gouvernement, l’administration de la province se poursuivit à peu près de la même façon que par le passé. Les membres de l’Assemblée ne sacrifièrent à peu près rien car ils gardèrent le droit de présenter des projets de loi concernant les dépenses gouvernementales et ils n’étaient, en outre, soumis à aucune discipline de parti. Dans tout cela Chandler se révéla l’éternel homme pragmatique.
Le Nouveau-Brunswick vivait la grande période de la construction des chemins de fer à l’époque où Chandler était à la tête du gouvernement ; Chandler se fit l’avocat de l’amélioration du système de transport à l’intérieur de la province et des communications avec les voisins. On s’intéressait dans l’immédiat à la construction d’une ligne qui relierait la côte est de la province au port de Saint-Jean et – aux régions à l’ouest. Le projet avait été étudié à la fin des années 40 et l’affaire rebondit en 1850 quand des promoteurs des chemins de fer du Maine se montrèrent intéressés à relier leur voie ferrée au réseau du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse [V. Poor]. Au cours de l’été, Chandler et plusieurs autres membres de la législature du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse assistèrent à un grand congrès des chemins de fer à Portland dans le Maine [V. J. W. Johnston et Howe]. C’est à cette réunion que furent jetées les bases de l’European and North American Railway Company.
En même temps, des pourparlers se poursuivaient au sujet d’une voie ferrée qui relierait Halifax et Québec en passant par le Nouveau-Brunswick, mais Chandler et ses collègues se montraient sceptiques à l’égard de ce projet. En premier lieu, on projetait cette voie pour des motifs militaires et politiques plutôt que pour des raisons économiques. En second lieu, le gouvernement britannique, qui aurait à porter le gros des investissements, appuyait le projet de l’Intercolonial, dont le tracé longeait la côte est et la côte nord de la province, tandis que la majorité des hommes influents du Nouveau-Brunswick préféraient une voie passant par la vallée de la rivière Saint-Jean. Néanmoins, en 1851, Chandler et Joseph Howe se rendirent à Toronto pour y rencontrer les membres de la législature de la province du Canada et là, ils acceptèrent, en principe, de construire le chemin de fer. Une délégation du Canada-Uni, ayant à sa tête Francis Hincks*, rencontra Chandler à Fredericton au début de 1852 et plus tard se rendit à Halifax avec Chandler pour rencontrer Howe. Au cours de ces réunions on s’entendit sur le choix de la vallée de la rivière Saint-Jean pour le tracé et on discuta du financement, considérant comme acquis que le gouvernement britannique assumerait sa part des frais. Tous furent très déçus cependant lorsqu’une délégation dirigée par Hincks et Chandler rencontra le ministre des Colonies à Londres au printemps de 1852 et fut informée que le gouvernement britannique n’accorderait pas d’aide financière à un projet de voie ferrée qui passerait par la vallée de la Saint-Jean parce que cette voie n’offrait pas, du point de vue militaire, les mêmes avantages que la voie qui longerait la côte.
Chandler était désappointé de voir son projet rejeté par un gouvernement britannique entêté mais il prolongea son séjour en Angleterre dans l’espoir de ne pas tout perdre. En ce qui concernait les habitants du Nouveau-Brunswick, la voie ferrée jusqu’à la frontière américaine constituait l’essentiel du projet et, avant de rentrer au pays, Chandler entama des négociations avec la maison Peto, Brassey, Betts, Jackson and Company pour la construction de cette voie. Les négociations se terminèrent et furent approuvées en septembre 1852, et les travaux commencèrent l’année suivante. Même s’il devait se passer de nombreuses années avant qu’un réseau ferroviaire adéquat ne desservît la province, l’ère de la construction des chemins de fer était au moins amorcée, et Chandler en était le principal artisan.
La question d’un traité de réciprocité avec les États-Unis fut débattue à maintes reprises durant le temps que Chandler passa à la tête du gouvernement. Au Nouveau-Brunswick, nombreux étaient ceux qui favorisaient un tel projet dans les années 40 et au début des années 50, y compris John Robertson, homme d’affaires de Saint-Jean, Wilmot et John Roy Partelow*, important député de Saint-Jean. Mais, en 1854, on se montrait quelque peu sceptique : la province recevrait-elle une compensation suffisante – soit l’entrée libre aux États-Unis du bois d’œuvre, du poisson et d’autres produits bruts et, surtout, le droit pour les navires du Nouveau-Brunswick de faire du commerce sur les côtes américaines de l’Atlantique – en échange de l’abandon de l’exclusivité des droits de pêche sur le littoral. Au cours de cette année-là, Chandler, Francis Hincks et lord Elgin [Bruce*] se rendirent à Washington pour entamer les négociations qui se terminèrent par la signature du traité de réciprocité en 1854. À son retour au Nouveau-Brunswick, Chandler découvrit que, par l’intermédiaire de certains journaux de la province, il se manifestait une opposition considérable aux conditions du traité. Immédiatement, Chandler et Partelow allèrent conférer avec Elgin à Québec et en revinrent plus convaincus que jamais de la valeur potentielle du traité. En novembre, il réussirent à faire ratifier le traité par la législature.
Les élections de 1854 annonçaient de grands changements au Nouveau-Brunswick et marquaient la fin de la période la plus active de la carrière de Chandler. L’opposition était maintenant constituée par un groupe relativement uni, sous la bannière libérale de Charles Fisher, et dès les débuts de la session le gouvernement « compact » de Chandler fut renversé. Le gouvernement donna alors sa démission, reconnaissant pour la première fois la véritable responsabilité de l’exécutif devant l’Assemblée ; le nouveau lieutenant-gouverneur, John Henry Thomas Manners-Sutton, demanda à Fisher de former un nouveau gouvernement. Chandler naturellement conserva son siège au Conseil législatif ; il continua à participer de façon active aux affaires provinciales à la fois parce qu’il était le plus éminent des membres de « la clique Dorchester » et en qualité de chef de l’opposition à la Chambre haute. C’est à ce titre qu’il se trouva mêlé de très près au projet de confédération.
Lorsqu’en 1864 la conférence sur le projet d’union des provinces maritimes fut convoquée, on désigna Chandler pour faire partie de la délégation du Nouveau-Brunswick, et il assista à la conférence de Charlottetown et aux réunions subséquentes qui eurent lieu à Halifax et à Saint-Jean. Il n’avait jamais adopté une attitude bien ferme sur le sujet et dès le début il resta dans l’expectative. Trente-sept ans d’expérience dans la vie politique du Nouveau-Brunswick lui avaient enseigné que les hommes politiques des Maritimes n’iraient pas à l’encontre des dictées de la fierté régionale et des jalousies régionales, qui suscitaient des querelles sur une question aussi simple que l’emplacement de la capitale. Quand émergea la possibilité d’une union englobant un plus grand nombre de colonies britanniques de l’Amérique du Nord, Chandler accorda un appui chaleureux au projet tout en luttant énergiquement pour qu’il y ait, au préalable, une union des provinces maritimes car, selon lui, si elles formaient un tout, leur position serait plus solide à l’intérieur d’un ensemble plus vaste. Les arguments intelligents qu’apporta Chandler ne furent pas populaires et on oublia le projet de l’union des Maritimes, à la grande déception du lieutenant-gouverneur, Arthur Hamilton Gordon*.
À l’automne de 1864, Chandler assista à la conférence de Québec à titre de délégué du Nouveau-Brunswick et participa à la rédaction des Résolutions de Québec. Il protesta avec ardeur contre la politique de John A. Macdonald*, qui voulait une autorité centrale forte, mais il s’aperçut bientôt qu’il luttait pour une cause perdue d’avance. Chandler dut admettre l’échec de sa prise de position sur les droits des provinces, néanmoins il reconnut que la Confédération était inévitable et trouva un motif de consolation dans le fait que les Maritimes avaient une forte représentation au Sénat, ce qu’il considérait comme une garantie absolue contre la domination de la nouvelle union par le Canada-Uni.
Au cours de l’année suivante le projet de confédération rencontra beaucoup d’opposition chez les électeurs du Nouveau-Brunswick et pendant quelque temps il sembla que sa réalisation ne se ferait jamais ou du moins qu’elle serait remise indéfiniment. Tout au long de la guerre de mots qui se déroula en 1865 et 1866, Chandler, ne tenant pas compte des nouveaux mouvements politiques, resta ferme partisan du projet. Il jeta à la face des adversaires de la Confédération des statistiques sur la situation financière de la province et les mit en garde contre les désastreuses conséquences que pourrait avoir le refus d’entrer dans la Confédération. L’attitude de ce membre respecté de l’ancien establishment était simplement un autre facteur qui militait contre la cause des adversaires de la Confédération. Albert James Smith* et ses partisans ne réussirent pas à trouver une solution viable autre que la Confédération et, en juin 1866, Samuel Leonard Tilley* et les candidats qui étaient en faveur de la Confédération furent élus. Plus tard au cours de la même année, Chandler assista à la conférence de Londres où les Résolutions de Québec allaient prendre la forme d’un projet de loi. Il s’opposait toujours à ce que les pouvoirs non attribués relèvent de la compétence du gouvernement central, mais les délégués du Canada-Uni, irrévocablement engagés par les termes du projet tel que rédigé à Québec, n’acceptèrent aucune modification importante.
La Confédération ne mit pas un terme à la carrière de Chandler, malgré son âge avancé. On lui offrit de faire partie du Sénat canadien, mais tout au long du débat sur la Confédération il avait maintenu qu’une fonction publique ne l’intéressait pas et, fidèle à sa parole, il refusa la nomination. Cependant, en 1868, on lui demanda de faire partie de la commission désignée pour surveiller la construction de l’Intercolonial et il accepta la charge. Dix ans plus tard, à l’âge de 78 ans, il fut pour une dernière fois nommé à un poste officiel pour succéder à Tilley comme lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick.
La carrière publique d’Edward Barron Chandler dans sa province est vraiment unique, ne serait-ce que par sa durée. De 1823 à 1880 il occupa continuellement des charges publiques, depuis le poste de greffier de la paix jusqu’à celui de lieutenant-gouverneur. Cette longue expérience et le nombre de ses relations de famille, de ses relations d’affaires et de ses relations politiques firent de lui un des personnages publics les plus puissants au Nouveau-Brunswick dans les 30 années qui précédèrent la Confédération. Il semble bien que, tout au long de sa carrière, Chandler n’a jamais été motivé par de grands principes fondamentaux en politique. Loyaliste, membre de l’Église d’Angleterre, on l’identifia toujours à l’establishment ou au « compact », et pourtant il montrait des tendances démocratiques. Le respect de la volonté du peuple constituait l’une de ses constantes préoccupations et il se fit le défenseur des droits de la minorité, Acadiens et Irlandais catholiques, à une époque où la défense de cette cause demandait un certain courage. C’est sous ce rapport surtout que Chandler, en tant que représentant du « compact », différait de ses homologues du Canada-Uni. En dépit de ces tendances, cependant, Chandler n’était pas un innovateur. Ses mots d’ordre étaient la raison et la prudence. Au fond, c’était un homme pratique qui vivait dans un milieu qui ne produisait ni même n’endurait facilement les nouvelles théories politiques.
Le fait que ses vues sur la nature de la responsabilité ministérielle et sur le système des partis en politique prévalurent si longtemps dans la province illustre bien la simplicité des affaires politiques au Nouveau-Brunswick au cours de la première moitié du xixe siècle. La province, ou bien n’a pas produit ou bien n’a pas voulu d’un Howe, d’un Robert Baldwin*, d’un William Lyon Mackenzie* ou d’un Louis-Joseph Papineau. La responsabilité ministérielle fut cependant instaurée, et qu’elle l’ait été sans violence est attribuable jusqu’à un certain point à la stabilité du leadership de Chandler.
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Michael Swift, « CHANDLER, EDWARD BARRON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chandler_edward_barron_10F.html.
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Auteur de l'article: | Michael Swift |
Titre de l'article: | CHANDLER, EDWARD BARRON |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |