Provenance : Lien
CAUGHEY, JAMES, ministre méthodiste et évangéliste, né le 9 avril 1810 dans le nord de l’Irlande, de parents écossais ; il se maria ; décédé le 30 janvier 1891 à Highland Park, New Jersey.
James Caughey se convertit au méthodisme au cours d’un revival tenu en 1830 à Troy, ville de l’état de New York où sa famille avait immigré au début des années 1820. Accepté comme prédicateur à l’essai dans l’Église méthodiste épiscopale des États-Unis en 1832, il fut ordonné diacre deux ans plus tard et devint ministre à Burlington, dans le Vermont. Il fit son premier voyage d’évangélisation au Canada en 1835 dans le cadre d’une campagne de trois mois à Montréal. En 1839, comme il se demandait s’il devait se marier, il reçut de Dieu, ainsi qu’il le rapporta plus tard, le message suivant : « Ces questions qui te troublent, tu ne dois pas t’en occuper. La volonté de Dieu est que tu ailles en Europe [...] Va d’abord au Canada ; quand ce sera fait, vogue vers l’Angleterre. »
Arrivé à Québec en octobre 1840, Caughey sut tirer parti du mouvement de renouveau religieux qui régnait et il y exerça son ministère durant trois mois ; puis il se rendit à Montréal, qu’il quitta en mars 1841. Après un arrêt à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, il atteignit Halifax et, à la fin de juillet, s’embarqua pour la Grande-Bretagne, où il allait demeurer jusqu’en 1847 et connaître un énorme succès.
Dès l’époque de son départ pour l’Angleterre, Caughey avait précisé les grandes lignes de sa théologie. Partisan de la doctrine de la sainteté, il estimait que la justification, c’est-à-dire le pardon des péchés, et la sanctification, ou la purification devant Dieu, étaient des grâces que Dieu accordait instantanément à ceux qui allaient vers lui dans la foi. Caughey pouvait donc s’adresser tant à ceux qui ne s’étaient jamais convertis qu’à ceux qui avaient déjà fait une profession de foi, et à ces derniers il demandait de renouveler leur engagement envers Dieu pour recevoir la plénitude de sa bénédiction. Peu de gens pouvaient ne pas se sentir visés par ce message qu’en orateur capable de comprendre son auditoire et d’y réagir, Caughey livrait avec une grande éloquence.
À la fin de novembre 1851, Caughey se rendit à Toronto, où il allait passer près de huit mois. Durant cette période, le nombre de fidèles des églises méthodistes wesleyennes de la ville, c’est-à-dire le nombre de personnes inscrites dans les « classes », passa de 714 à 1 537, ce qui obligea la congrégation Richmond Street à ouvrir une succursale rue Elm en 1853. Sensibles au travail de Caughey, les méthodistes de Toronto se ralliaient à lui, invitaient leurs amis aux services et lui assuraient leur soutien moral et spirituel. Il est clair que bien des non-méthodistes furent également touchés par son message, puisque environ 2 000 personnes se convertirent durant son séjour. À Toronto, Caughey prononçait sept sermons par semaine et, quand il n’était pas en chaire, il se préparait émotivement et spirituellement, dans la solitude, à prendre la parole.
Caughey avait été un personnage quelque peu controversé en Grande-Bretagne, mais rien de cela ne l’avait suivi au Canada. Les méthodistes d’ici étaient en effet beaucoup mieux disposés à accepter son style évangélique et son appel à l’émotion que leurs coreligionnaires britanniques, soucieux de respectabilité et des valeurs bourgeoises. Sans être étrangers à ces préoccupations, les méthodistes canadiens étaient plutôt pris entre leur désir d’honorabilité et l’envie de retourner à la ferveur d’autrefois. C’est entre ces deux extrêmes que Caughey trouvait sa place, invitant chacun à un engagement ferme mais dans un langage qu’il savait faire éminemment savant et plein d’allusions classiques.
De 1851 à 1856, Caughey passa les mois de novembre à mars au Canada-Uni. À l’automne de 1852, il se rendit à Kingston, dans le Haut-Canada, où il eut autant d’influence qu’il en avait exercée à Toronto puisque le nombre de membres des congrégations méthodistes wesleyennes et baptistes connut une augmentation sans précédent. En mars 1853, il arriva à Hamilton au moment propice pour accélérer un renouveau religieux qui s’amorçait. John Saltkill Carroll*, le ministre méthodiste wesleyen de l’endroit, était ravi de sa présence car en trois mois et demi de prêche Caughey réussit à doubler le nombre de fidèles. Ce dernier revint au Canada à l’automne suivant, à Montréal cette fois, puis il passa l’automne et l’hiver de 1854–1855 à London. En décembre 1855, il se rendit à Belleville, à l’invitation de Carroll ; ce fut sa dernière campagne fructueuse car, au début de l’année suivante, il eut moins de succès à Brockville. En 1857, il s’installa en Grande-Bretagne où il demeura huit ans, puis il revint à Burlington, dans le Vermont. Quelque temps après, sa santé ruinée, il se retira à Highland Park, dans le New Jersey.
Caughey a marqué le Canada et plus particulièrement le méthodisme canadien de trois manières. Tout d’abord, premier évangéliste professionnel à parcourir le pays, il prépara la voie à ses successeurs et leur offrit un modèle que des gens comme Dwight Lyman Moody pourraient suivre. Ensuite, avec Walter et Phoebe Palmer, évangélistes laïques de New York qui, entre 1852 et 1858, participèrent à des assemblées religieuses en plein air au Canada, il contribua à l’essor du mouvement de la sainteté au pays, et ouvrit ainsi la porte à d’autres groupes, dont l’Église du Nazaréen, le mouvement de Keswick et, finalement, le mouvement pentecôtiste. Enfin, le travail qu’il avait accompli à Hamilton en 1853 en incita plusieurs à devenir ministres de l’Église méthodiste wesleyenne ; ces jeunes gens, qui fréquentèrent le Victoria College de Cobourg, suscitèrent en moins d’un an un renouveau chez les étudiants de l’endroit. Parmi eux se trouvaient Albert Carman* et Nathanael Burwash*, deux hommes dont l’influence sur le méthodisme canadien se ferait sentir au delà du tournant du siècle.
James Caughey put ainsi, durant les années 1850, rompre l’isolement d’un grand nombre de Canadiens. Aux récents immigrés des îles Britanniques, il offrait un lien avec leur mère patrie, qu’il connaissait bien ; aux méthodistes canadiens, un pont entre le style revivaliste d’une époque révolue et la respectabilité du moment ; à tous ceux qui l’écoutaient, un moyen de puiser aux sources du passé pour s’adapter aux réalités d’une société en voie d’urbanisation. Comme tous les bons évangélistes, c’est en allant chercher les gens là où ils étaient qu’il pouvait les emmener avec lui à destination.
Les œuvres de James Caughey étudiées pour la préparation de cette biographie sont les suivantes : Arrows from my quiver ; pointed with the steel of truth and winged by faith and love ; selected from the private papers of Rev. J. Caughey, introd. de Daniel Wise (New York, 1868) ; Conflicts with skepticism : or, the Christian’s ally in collision with unbelief and unbelievers in the various departments of Christian labor [...] (Boston, 1860 ; copie à l’UCC-C) ; Earnest Christianity illustrated ; or, selections from the journal of the Rev. J. Caughey [...] with a brief sketch of Mr. Caughey’s life by the Rev. Daniel Wise (London, Ontario, 1855) ; Glimpses of life in soul-saving ; or, selections from the journal and other writings of the Rev. James Caughey, introd. de Daniel Wise (New York, 1868) ; Helps to a life of holiness and usefulness, or revival miscellanies [...] selected from the works of the Rev. James Caughey [...], R. W. Allen et Daniel Wise, édit. (Toronto, 1854) ; Letters on various subjects (5 vol., Londres, 1844–1847) ; Methodism in earnest : being the history of a great revival in Great Britain ; in which twenty thousand souls were justified, and ten thousand sanctified, in about six years, through the instrumentality of Rev. James Caughey [...] (Boston, 1850) ; Showers of blessing from clouds of mercy ; selected from the journal and other writings of the Rev. James Caughey [...] (Toronto, 1857) ; et The triumph of truth, and continental letters and sketches, from the journal, letters, and sermons of the Rev. James Caughey [...] (Philadelphie, 1857).
Il n’existe aucune bibliographie complète des publications de Caughey dont beaucoup ont paru en multiples éditions, mais la plupart sont énumérées dans le British Library general catalogue et dans le National union catalog ; des impressions canadiennes de trois de ses ouvrage figurent dans Biblio. of Canadiana : second supp. (Alston et Evans). Parmi les autres œuvres pour lesquelles l’auteur de la biographie a vu des références mais qu’il n’a pas examinées, citons : Parting sermon of the Rev. James Caughey [...] delivered in Sans Street Chapel, Sunderland, on Friday evening Sept. 4, 1846 (Sunderland, Angl., 1846) (cité à la page 234 de l’ouvrage de Cawardine mentionné plus bas) ; Report of a farewell sermon delivered in the Methodist New Connexion Chapel [...] Nottingham, by the Rev. J. Caughey [...] to which is added, an epitome of his farewell address at Sheffield, and an account of his embarkation at Liverpool (Nottingham, Angl., 1847) ; et A voice from America ; or, four sermons [...] reported by a Manchester minister (2e éd., Manchester, 1847) (des exemplaires des deux derniers se trouvent à la British Library, Londres).
UCC-C, Nathanael Burwash papers, box 28, files 622–624 (esquisse autobiographique, chap. 1–3).— Christian Guardian, 1846–1860.— Richard Carwardine, Transatlantic revivalism : popular evangelicalism in Britain and America, 1790–1865 (Westport, Conn., 1978).— Peter Bush, « The Reverend James Caughey and Wesleyan Methodist revivalism in Canada West, 1851–1856 », OH, 79 (1987) : 231–250.
Peter Bush, « CAUGHEY, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/caughey_james_12F.html.
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Auteur de l'article: | Peter Bush |
Titre de l'article: | CAUGHEY, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |