Titre original :  Michael Patrick Cashin (1864 - 1926) - Find A Grave Photos

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CASHIN, sir MICHAEL PATRICK, homme d’affaires, fonctionnaire et homme politique, né le 29 septembre 1864 à Cape Broyle, Terre-Neuve, fils de Richard Cashin et de Catherine Coady ; le 23 octobre 1888, il épousa à Witless Bay, Terre-Neuve, Gertrude Clare Mullowney, et ils eurent quatre fils et une fille ; décédé le 30 août 1926 à St John’s.

Michael Patrick Cashin fréquenta l’école à Cape Broyle ; durant l’été, il faisait partie de l’équipage de son père, pêcheur côtier. Après ses études à la St Patrick’s Hall School et au St Bonaventure’s College à St John’s, il travailla un moment dans cette ville comme commis. En 1886, son frère John mourut. Grâce à un prêt d’Edgar Rennie Bowring, marchand à St John’s, Michael Patrick reprit l’entreprise de pêche de son frère à Cape Broyle, la fit revivre et lui donna de l’expansion. L’affaire devint prospère et la femme de Cashin, Gertrude Clare, y joua un rôle important. Leurs activités consistaient à approvisionner en appât, glace et autres fournitures les navires américains et néo-écossais qui pêchaient sur les bancs et à acheter d’eux de l’huile de morue. Au commencement des années 1900, les Cashin et la Bowring Brothers investirent dans l’industrie baleinière, qui prenait de l’expansion à Terre-Neuve, et établirent une usine de traitement à Cape Broyle. La Bowring Brothers était l’actionnaire majoritaire tandis que les Cashin avaient la responsabilité de l’usine et des employés.

Cashin fut aussi le « roi des épaves ». La côte Est de la péninsule d’Avalon, particulièrement près de Cape Race, avait (et a encore) la triste réputation d’être un cimetière de navires. Des agents du gouvernement appelés commissaires d’épaves étaient chargés de récupérer la cargaison des navires naufragés après entente avec les pêcheurs locaux. Les bénéfices étaient partagés entre les pêcheurs, les propriétaires et les assureurs, ainsi que le commissaire d’épaves. L’association de Cashin avec la Bowring Brothers, agent exclusif de la Lloyd’s de Londres à Terre-Neuve, lui donna l’occasion, vers la fin des années 1890 et le début des années 1900, de s’enrichir par cette activité. Tant par sa personnalité que par sa force physique, Cashin établit son autorité auprès des pêcheurs, pour qui les épaves constituaient une source de revenu supplémentaire.

Le talent de gestionnaire de sa femme permit à Cashin de se concentrer sur sa carrière publique. Il était entré en politique en 1893 et avait été élu comme indépendant à la Chambre d’assemblée pour Ferryland, district où il serait réélu avec de confortables majorités. Peu de temps après avoir pris son siège, il se joignit au Parti libéral dirigé par le premier ministre sir William Vallance Whiteway*. Ce dernier perdit l’élection de 1897, remportée par le chef tory sir James Spearman Winter*, et Robert Bond assuma la direction des libéraux défaits à l’Assemblée. L’année suivante, le gouvernement de Winter accorda un marché controversé au constructeur de chemin de fer Robert Gillespie Reid*, ce qui provoqua une division parmi les libéraux. Plusieurs, dont Cashin, se joignirent au rival de Bond, le député de St John’s West, Edward Patrick Morris*, à l’appui du marché. En 1900, cependant, Morris et Cashin réintégrèrent le Parti libéral de Bond, qui remporta cette année-là une victoire fracassante.

En mars 1905, Cashin romput avec Bond et siégea comme libéral indépendant. Il n’était pas d’accord avec le Foreign Fishing Vessels Act, que le gouvernement adopta cette année-là, et qui interdisait aux navires américains d’acheter leurs appâts et fournitures et d’employer des matelots terre-neuviens dans les eaux territoriales de Terre-Neuve, mesure qui menaçait la subsistance de nombre de ses électeurs. Il ne se gêna pas pour critiquer ouvertement le gouvernement, car le petit groupe de représentants conservateurs offrait à ce dernier peu d’opposition. En 1907, après que Morris eut aussi quitté le gouvernement, Cashin et lui collaborèrent étroitement avec les conservateurs, Morris étant le successeur vraisemblable de Bond.

Lorsque le nouveau Parti populaire de Morris remporta l’élection de 1909, Cashin devint ministre des Finances et des Douanes, poste qu’il occuperait jusqu’en 1919. Tous ses discours sur le budget furent rédigés par Patrick Thomas McGrath, son principal conseiller politique. Cashin administra une période de prospérité entre 1909 et 1913, mais elle était en partie fondée sur une balance commerciale déficitaire. Les recettes étaient généralement fonction des tarifs douaniers et Terre-Neuve importait plus qu’elle exportait. Le gouvernement dépensa largement pour des chemins de fer secondaires, y compris une ligne qui traversait le district de Cashin de St John’s à Trepassey. En 1913–1914 et 1914–1915, le gouvernement enregistra un déficit budgétaire. Cependant, après le début de la Première Guerre mondiale, Terre-Neuve prospéra en raison de l’accroissement de la demande des produits de ses pêches et enregistra des surplus substantiels entre 1915 et 1919. Durant la guerre, Cashin fut vice-président du Newfoundland Patriotic Fund et du comité des finances de la Patriotic Association of Newfoundland. Il appuya aussi la décision du gouvernement de William Frederick Lloyd* d’adopter un projet de loi en vue d’imposer la conscription en avril 1918.

Lloyd était entré au gouvernement en 1917 quand Morris forma une coalition avec l’opposition qui comprenait les libéraux de Lloyd et sept représentants du Fishermen’s Protective Union dirigé par William Ford Coaker*. À la suite de la démission de Morris, le 31 décembre 1917, qui allait être anobli par la Grande-Bretagne, Lloyd devint premier ministre en janvier. Après l’armistice, en novembre 1918, la coalition n’avait plus de raison d’être. Prévoyant des élections générales, que l’Assemblée fixa, en avril 1919, à novembre, et souhaitant se distancer du Fishermen’s Protective Union, Cashin demanda la direction de ce qui restait du Parti populaire, dont les membres constituaient toujours une majorité à l’Assemblée. Le 20 mai, il proposa une motion de censure contre son propre gouvernement, avec l’appui du premier ministre. On vota le jour même et, le 22 mai, Cashin forma le nouveau gouvernement.

À l’élection du 3 novembre, la formation de Cashin, renommée depuis peu Parti libéral-progressiste, fut défaite à plate couture par une coalition dirigée par Coaker et le chef libéral Richard Anderson Squires*. À la Chambre d’assemblée, Cashin mena une vigoureuse opposition au premier ministre Squires et à son gouvernement. Il critiquait particulièrement Coaker, ministre de la Marine et des Pêches, et ses tentatives de réglementer le prix du poisson et sa mise en marché outre-mer.

En 1923, la mauvaise santé de Cashin et la nécessité d’élargir la base de son parti chez les électeurs protestants entraînèrent sa démission comme chef en faveur de John Robert Bennett*. Cashin renonça néanmoins à son siège sûr de Ferryland cette année-là pour se présenter dans le district de St John’s West, qui avait trois députés et pour lequel Squires était candidat. Il arriva deuxième, avec seulement 11 voix de plus que Squires. Le gouvernement de Squires fut réélu, mais les scandales qui suivirent dans l’année entraînèrent sa dissolution. Puis, plusieurs gouvernements se succédèrent rapidement au fil des changements d’allégeance des diverses factions. Il y eut une autre élection en 1924, mais Cashin ne se présenta pas. Il se retira de la vie publique parce que sa santé continuait à se détériorer manifestement en raison de son diabète. Son fils Peter John* fut élu dans son ancien district de Ferryland.

Pour ses services durant la guerre, Michael Patrick Cashin avait été fait chevalier commandeur de l’Ordre de l’empire britannique en 1918. En 1925 il reçut un grade honoris causa de la Niagara University à Niagara Falls, dans l’État de New York, pour sa carrière publique. « Du bateau de pêche, il est passé au fauteuil de premier ministre », écrivit de lui le journaliste Joseph Roberts Smallwood* en 1926. « Il partagea au début le lot de tous les pêcheurs et n’oublia jamais que c’est ainsi qu’il avait commencé [...] Pendant ses quarante ans d’activité publique, il transporta avec lui la saine odeur de la mer. »

Melvin Baker

Fishermen’s Advocate (Port Union, T.-N.), 3 sept. 1926.— Peter Cashin, My life and times, 1890–1919 (Portugal Cove, T.-N., 1976) ; « Sir Patrick McGrath : a biography » (émission de radio de la Canadian Broadcasting Corporation, St John’s, 1967 ; transcription à la Memorial Univ. of Nfld, Centre for Newfoundland Studies, St John’s).— Encyclopedia of Nfld (Smallwood et al.), 5 : 636s.— I. D. H. McDonald, « To each his own » : William Coaker and the Fishermen’s Protective Union in Newfoundland politics, 1908–1925, J. K. Hiller, édit. (St John’s, 1987).— Newfoundland Quarterly (St John’s), 26 (1926–1927), nº 2 : 24.— S. J. R. Noel, Politics in Newfoundland (Toronto, 1971).

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Melvin Baker, « CASHIN, sir MICHAEL PATRICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cashin_michael_patrick_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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