CARTIER, CLAUDE, tailleur, soldat, aubergiste, officier de milice et gardien de phare, né vers 1787 dans la paroisse Saint-Michel-d’Yamaska (à Yamaska, Québec) ; il épousa une prénommée Anne, et ils eurent 11 enfants (l’un d’eux se noya en 1847) ; décédé le 9 juillet 1855 à Chatham, Haut-Canada.

Claude Cartier fut d’abord tailleur, métier qu’il apprit dans sa jeunesse à Québec et qu’il exerça jusqu’au milieu de la quarantaine. En 1810, il s’enrôla dans les Canadian Fencibles, régiment d’infanterie recruté au Bas-Canada pour servir en Amérique du Nord. Au cours de la guerre de 1812, il participa à la prise d’Ogdensburg, dans l’état de New York, où il fut gravement blessé à la jambe (ce qui affectera plus tard sa santé), à l’affaire du moulin de Lacolle, au Bas-Canada, ainsi qu’à la bataille de Crysler’s Farm [V. Joseph Wanton Morrison*], dans le Haut-Canada. À la suite du licenciement du régiment en 1816, Cartier, qui avait obtenu le grade de sergent, fut démobilisé. Il passa ensuite quelques mois en Ohio où il reprit le travail de tailleur.

Cartier alla s’établir dans le Haut-Canada en 1817 et exerça son métier pendant quelque temps à York (Toronto). Le 17 août 1819, il prêta le serment d’allégeance à la couronne. Par la suite, il habita à Simcoe, se maria et, vers 1830, s’installa plus à l’ouest, dans le petit village encore peu développé de Chatham. L’année suivante, Cartier acheta de Peter Paul Lacroix un lopin de terre situé le long de la rivière Thames. C’est peut-être la présence d’un grand nombre de colons francophones déjà établis dans le secteur, notamment dans la région de Paincourt et dans le canton de Tilbury West, qui l’attira.

Cartier, qui comptait parmi les pionniers de Chatham, allait bientôt devenir un aubergiste extrêmement prospère. Sa taverne en bois rond, d’abord connue sous le nom de Chatham Hotel, ouvrit ses portes vers 1831 et joua un rôle de premier plan dans les débuts du village. Située le long d’une voie de navigation achalandée et sur une route fréquentée par les diligences, cette populaire auberge était renommée pour ses rasades de bourbon à trois cents, ses repas peu coûteux et ses « splendides bals » de la Saint-Sylvestre. Un des hôtes de la fête du 31 décembre 1835 a laissé ce témoignage : « la gaieté des nombreux participants, l’organisation et la disposition de la salle, la musique et l’attention assidue de M. Cartier auraient fait honneur à tout village même dix fois plus vieux que Chatham ». Pour servir une clientèle de plus en plus nombreuse, Cartier agrandit l’auberge qui, en 1834, avait déjà été rebaptisée le Steamboat Hotel. On y tenait les réunions de canton, et elle servait à l’occasion de lieu de rencontre pour des groupes locaux et des associations comme la Chatham Vigilant Society for the Suppression of Felony.

Avec l’ouverture de son auberge, Cartier avait été amené à prendre une part active dans les affaires de la région. En 1831, il fut nommé membre du premier conseil d’administration des écoles publiques de Chatham et, entre 1831 et 1837, il remplit quelques mandats à titre de constable du village et des cantons de Chatham et de Harwich. En janvier 1838, il fut choisi comme enseigne d’une troupe de volontaires du comté de Kent, envoyée à Sandwich (Windsor) pour parer à une éventuelle invasion de l’armée des patriotes qui s’était formée aux États-Unis. Il semble cependant que les volontaires du comté de Kent ne participèrent ni à la capture du schooner Anne ni aux escarmouches de l’île Bois Blanc [V. Thomas Jefferson Sutherland ; Edward Alexander Theller].

Comme sa blessure à la jambe rendait son travail d’aubergiste de plus en plus difficile, Claude Cartier chercha un métier moins dur. En 1837, il avait présenté une requête au gouvernement du Haut-Canada pour obtenir le poste de gardien du phare qui était en construction sur le lac Sainte-Claire à l’embouchure de la Thames. L’année suivante, il devint gardien du phare et, à ce titre, responsable de son entretien et de son fonctionnement. En 1840, il élut domicile au phare, lequel fut bientôt un des points de repère de la région. Cartier occupa ce poste jusqu’en 1855, et ses descendants s’y succédèrent jusqu’à la mort de William C. Cartier en 1950.

Ronald G. Hoskins

AO, RG 22, sér. 103, 1–2.— APC, RG 1, L3, 102 : C12/170 ; 113 : C18/105 ; 300 : L5/56 ; RG 5, A1 : 66157–66160, 81766–81771, 81961–81968, 82002–82004, 82805–82806 ; C1, 6, file 655 ; RG 31, A1, 1851, Tilbury West Township (mfm aux AO).— Kent Land Registry Office (Chatham, Ontario), Deeds, Reg. book E : fos 14, 381.— Chatham Gleaner, 10 août 1847.— Western Semi-Weekly Planet (Chatham), 12 juill. 1855.— Chatham directory, 1885–1886.— W. L. Baby, Souvenirs of the past, with illustrations : an instructive and amusing work, giving a correct account of the customs and habits of the pioneers of Canada[...] (Windsor, Ontario, 1896).— F. C. Hamil, The valley of the lower Thames, 1640 to 1850 (Toronto, 1951 ; réimpr., Toronto et Buffalo, N.Y., 1973), 166, 181, 207, 217, 345.— C. E. Beeston, « The old log school house », Kent Hist. Soc., Papers and addresses (Chatham), 1(1914) : 30–39.— Chatham Daily News (Chatham), 14 mai 1928, 24 nov. 1950.— « His lamp is out : the late Thos. Cartier, light-keeper of the Thames », Chatham Weekly Planet (Chatham), 28 oct. 1880 : 1.

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Ronald G. Hoskins, « CARTIER, CLAUDE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cartier_claude_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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