CARPENTER, SILAS HUNTINGTON, détective, administrateur de police et magistrat, né le 29 janvier 1854 à Brownsburg, Bas-Canada, fils de Thomas Carpenter et de Margery Sweeney ; en 1874, il épousa Phœbe Gilbert, puis en 1896, Clara Trollope, et de ce second mariage naquirent au moins six enfants ; décédé le 1er juillet 1916 à Banff, Alberta.

Silas Huntington Carpenter fit ses études dans une école de Brownsburg et à l’Ottawa Collegiate Institute. En 1880, il entra dans la police de Montréal à titre de constable. Promu sergent deux ans plus tard, il fut muté à la brigade des détectives. Il quitta la police en 1890 afin de travailler comme détective privé à la Canadian Secret Service Agency, entreprise montréalaise dont il fut par la suite propriétaire et exploitant. Pendant cette période, les gouvernements fédéral et provincial firent parfois appel à lui ; il servit notamment de garde du corps à des membres de la famille royale et autres dignitaires en visite au pays.

En 1894, une enquête municipale sur la corruption et le favoritisme à la police de Montréal conclut à la nécessité de créer un bureau de détectives autonome dont le directeur aurait toute latitude pour sélectionner, former et promouvoir son personnel. Deux ans plus tard, Carpenter devint le premier chef du bureau des détectives de Montréal ; son salaire annuel était de 2 000 $.

Sans tarder, Carpenter instaura de nouvelles méthodes de recherche et d’appréhension des criminels. Une coopération accrue entre les services canadiens et américains chargés de faire respecter les lois était l’une de ces méthodes. Le système d’identification Bertillon – prise des mesures physiques des criminels, description des signes particuliers ou des cicatrices, utilisation accrue des photographies – en était une autre. Dans les années suivantes, Carpenter fut la vedette de nombreuses affaires qui firent sensation dans la ville. Selon le Montreal Daily Star, c’était un « détective né » qui comprenait tout à fait le « tempérament des criminels ». En 1908, en tentant d’arrêter John Dillon, le « meurtrier de la rue Mance », il fut grièvement blessé par une décharge de fusil de chasse.

En outre, Carpenter s’imposa à la Chief Constables’ Association of Canada. Cet organisme, fondé en 1905, visait à resserrer les relations entre les corps policiers, à uniformiser le système d’administration policière et à promouvoir l’adoption de lois pour la répression du crime. Au congrès annuel de l’association en 1906, Carpenter proposa que le Canada suive l’exemple des États-Unis en imposant des périodes indéfinies d’incarcération aux criminels d’habitude. Selon lui, réformer ces criminels était impossible, et il ne fallait pas les libérer tant qu’ils représentaient une menace pour la société. Ses collègues chefs appuyèrent sa proposition. En 1910, avec d’autres membres de l’association, il dénonça le recours excessif à la clémence pratiqué par le département fédéral de la Justice. Président de l’association en 1913, il déclara que les immigrants d’origine autre que britannique étaient les bienvenus au pays, mais souligna qu’ils devaient se conformer aux coutumes des Canadiens.

Dès la nomination de Carpenter à la tête du bureau des détectives, il y avait eu mésentente sur la répartition des pouvoirs entre ce bureau, autonome, et le service des policiers en uniforme. En 1909, le juge Lawrence John Cannon* de la Cour supérieure du Québec conclut, à l’issue d’une enquête, que ce conflit nuisait à l’application des lois à Montréal. En 1912, les autorités municipales décidèrent donc de placer le chef des détectives sous l’autorité du surintendant de la police, ce qui poussa Carpenter à démissionner. Dans le courant de la même année, il accepta le poste de chef du service de police d’Edmonton ; son salaire annuel s’élevait à 4 000 $.

À Edmonton, à l’époque, la politique municipale était souvent dominée par des querelles entre les défenseurs des bonnes mœurs, qui voulaient bannir de leur milieu l’alcool, le jeu et la prostitution, et leurs opposants. Carpenter avait été nommé à la suite de la victoire d’un groupe de réformateurs. En tant que chef de police, il organisa une campagne en vue de débarrasser la ville de ses maisons de jeu et de tolérance. Aux élections municipales de 1914, un groupe opposé aux réformateurs prit le pouvoir. Comme on pouvait s’y attendre, Carpenter fut évincé.

Le 14 mars 1914, Silas Huntington Carpenter fut nommé magistrat rémunéré à Banff par le gouvernement fédéral. Après le début de la guerre quelques mois plus tard, il travailla un moment à Montréal comme préposé aux registres des étrangers de nationalité ennemie, puis des ennuis de santé l’obligèrent à retourner à Banff, où il mourut en juillet 1916. Il fut inhumé à Montréal, au cimetière du Mont-Royal.

S. W. Horrall

AN, RG 2, C.P. 725, 14 mars 1914 ; 2774, 31 oct. 1914 ; 732, 14 mai 1915.— Montreal Daily Star, 3 juill. 1916.— Regina Leader, 3 févr. 1916.— Canadian annual rev. (Hopkins), 1916.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— A. W. Cashman, More Edmonton stories ; the life and times of Edmonton, Alberta (Edmonton, 1958).— Greg Marquis, Policing Canada’s century : a history of the Canadian Association of Chiefs of Police (Toronto, 1993).— Jean Turmel, Premières Structures et Évolution de la police de Montréal, 1796–1909 ([Montréal, 1971]) ; le Service de police de la cité de Montréal (1909–1971) : étude rétrospective sur son organisation (Montréal, 1974).

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S. W. Horrall, « CARPENTER, SILAS HUNTINGTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/carpenter_silas_huntington_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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