CARPENTER, PHILIP PEARSALL, pasteur de l’Église presbytérienne, conchyliologiste, promoteur de réformes sociales, né le 4 novembre 1819 à Bristol, Angl., dernier des six enfants de Land Carpenter et d’Anna Penn, décédé à Montréal le 24 mai 1877.

Philip Pearsall Carpenter fréquenta, de 1833 à 1836, le Bristol College puis, de 1837 à 1840, le Manchester College, à York. Cette dernière institution fut rattachée à l’University of London en 1841. Il en reçut un diplôme de bachelier ès arts cette année-là et il fut consacré pasteur de l’Église presbytérienne. Il exerça d’abord son ministère à Stand (Lancashire) de 1841 à 1846, et c’est là que, le 1er décembre 1841, il fit la promesse de s’abstenir de toute boisson alcoolique. Dans les régions industrielles, les années de 1840 à 1850 furent une période de crise et de mécontentement ; il y eut des émeutes et des incendies criminels. Carpenter s’intéressa beaucoup à ces problèmes sociaux. À Warrington (Lancashire), où il exerça son ministère de 1846 à 1858, et où il se mit à pencher fortement vers l’unitarisme, il essaya de remédier au chômage et de combattre les maladies causées par le manque d’hygiène. Il fonda une école pour hommes, ouverte le jour et le soir, ainsi qu’une école professionnelle pour femmes. Il fut secrétaire d’une association pour promouvoir l’hygiène dans les classes laborieuses et donna des cours de natation aux ouvriers, puis contribua à fonder une autre école professionnelle en 1847. Dans cette dernière, on utilisait l’imprimerie comme un moyen de développer l’instruction et pour permettre aux chômeurs d’apprendre un métier. On devait y établir par la suite l’Oberlin Press, imprimerie coopérative spécialisée dans les publications religieuses.

Dans sa jeunesse, Carpenter avait classé des coquillages au musée de Bristol et, par la suite, il en avait collectionné. En 1855, un de ses parents l’aida à acheter la célèbre collection de coquillages marins de la côte occidentale du Mexique qu’avait réunie Frederick Reigen. Carpenter classa les quelque 100 000 coquillages de cette collection et, en 1856, fit deux communications à ce sujet à la British Association for the Advancement of Science. Il publia sur le même sujet, à l’Oberlin Press, un catalogue de 552 pages. De cette collection, certaines séries furent prélevées et données au British Museum, ainsi qu’à l’étranger. Une de ces séries fut acceptée par le State Cabinet of Natural History d’Albany, New York, à la condition que Carpenter en soit le conservateur. Ce dernier écrivit entre 1855 et 1873 de nombreuses publications scientifiques, principalement sur les mollusques du Pacifique, de la Colombie-Britannique à Panama, et il prit part aux réunions de la British Association for the Advancement of Science.

En 1858, Carpenter, qui exerçait toujours son ministère à Warrington, obtint un congé et partit pour Albany. Ce voyage en Amérique souriait au pasteur qui montrait peu d’attachement aux dogmes religieux ; selon lui, « tout membre de l’Église avait le droit de rechercher librement la vérité, et de croire et d’enseigner tout ce que lui semblait révéler la volonté de Dieu ». À Warrington, ses convictions avaient contribué à l’isoler et l’amenèrent finalement, en 1862, à rompre avec l’Église de l’endroit.

Après qu’il eut classé les coquillages de Mazatlan à Albany, il partit poursuivre un travail semblable et cataloguer la collection de la Smithsonian Institution à Washington ; quand il retourna en Angleterre, on lui envoya la collection pour qu’il puisse poursuivre ses travaux. Au cours de son séjour aux États-Unis, pendant la difficile période précédant la guerre de Sécession, il prit nettement position contre l’esclavage, ce qui l’obligea à rester à la Smithsonian Institution pendant la durée de ses travaux à Washington. Durant son séjour en Amérique, Carpenter parcourut plus de 12 000 milles et eut des entretiens avec les membres d’associations en faveur de la tempérance ou contre l’esclavage. Il assista à de nombreux offices catholiques par lesquels il se sentait « attiré au point de vue religieux » et dont il appréciait énormément la musique. Au cours des trois voyages qu’il fit à Montréal, il donna des conférences sur les progrès de l’hygiène ; à McGill University, il fit part de ses travaux scientifiques et se lia d’amitié avec sir John William Dawson* et sir William Edmond Logan. Il fit collection d’échantillons se rapportant à l’histoire naturelle et devint membre correspondant de plusieurs sociétés savantes des États-Unis et d’Angleterre. En 1860, l’University of the State of New York lui remit un doctorat honorifique, le premier du genre accordé par cet établissement.

En 1860, Carpenter retourna à Warrington où il exerça son ministère pendant encore un an et demi. Le 1er octobre 1860, il épousa une amie de longue date, Minna Meyer, originaire de Hambourg, en Allemagne, et ils adoptèrent un jeune orphelin américain dont Carpenter était devenu l’ami à la Smithsonian Institution. Il continua à classer des coquillages et à écrire des articles scientifiques.

Les Carpenter partirent pour Montréal le 26 octobre 1865. Carpenter était persuadé qu’en Amérique du Nord britannique McGill University était l’établissement le plus ouvert à l’histoire naturelle, aussi lui avait-il donné son importante collection de coquillages, qui devait s’appeler la Carpenter Collection. À Montréal, il continua de s’en occuper et donna des conférences à plusieurs reprises, mais n’eut pas de poste officiel au sein de l’université. En 1866, il ouvrit la West-End Select School for boys, fréquentée en bonne partie par les enfants des meilleures familles de Montréal. Il s’intéressait toujours à l’amélioration des conditions sociales. Il fit partie de plusieurs comités de citoyens ayant pour but de combattre le taux élevé de mortalité à Montréal, et réclamant l’amélioration des conditions d’hygiène existantes, si mauvaises que les épidémies y étaient toujours à craindre. Dans ces luttes, il fut aidé par William Hales Hingston*, Alexander Vidal, William Bennett Bond* et William Workman. Travailleur infatigable, il donnait des conférences et publiait des brochures en faveur de la tempérance et de la vaccination, tout en continuant de se consacrer aux publications et à la recherche scientifiques et notamment à une monographie sur les Chitons. Malheureusement, sa mauvaise santé mina progressivement ses forces et il mourut de la typhoïde.

Carpenter avait des dons naturels de conférencier, et il sut les mettre à profit durant toute sa vie. Il avait avec cela un amour sincère pour l’humanité et, dans l’exercice de son ministère, il essaya de suivre les enseignements de Jésus-Christ. Il fut à la fois prohibitionniste, antiesclavagiste, végétarien et un ardent partisan des réformes en vue d’améliorer les conditions de vie des pauvres et des illettrés. Il était respecté et aimé de tous, de ses partisans comme de ses adversaires. Il trouvait ses propres joies dans la musique et dans la collection des coquillages et c’est grâce à son enthousiasme pour cette dernière occupation qu’il devint une des autorités les plus remarquables parmi les conchyliologistes de son époque ; sa notoriété, il la devait à sa persévérance et à ses méthodes minutieuses de comparaison et d’analyse.

Katherine V. W. Palmer

P. P. Carpenter a écrit, pour la British Association for the Advancement of Science, deux mémoires traitant des mollusques de la côte du Pacifique. Le deuxième, Supplementary report on the present state of our knowledge with regard to the Mollusca of the West Coast of North America, Report of the British Association for the Advancement of Science for 1863 (Londres, 1864), 517–686, est encore considéré comme un des meilleurs abrégés sur les mollusques, particulièrement ceux de la côte du Pacifique, qui aient été écrits de l’époque de Linné à celle de Carpenter. Par le souci de la précision et l’abondance des renseignements, cet abrégé est d’une richesse incomparable.  [k. v. w. p.]. Parmi les principaux ouvrages de Carpenter, citons : [——], Catalogue of the collection of the Mazatlan shells in the British Museum : collected by Frederick Reigen, described by P. P. Carpenter, J. E. Gray, édit. (Londres, 1857) ; Description of (supposed) new species and varieties of shells, from the Californian and west Mexican coasts, principally in the collection of Hugh Cuming, Proceedings of the Zoological Society of London, XXIII (1855) : 228–235 ; [——], Memoirs of the life and work of Philip Pearsall Carpenter [...] chiefly derived from his letters, R. L. Carpenter, édit. (1re éd., Londres, 1879 ; 2e éd., 1880) ; The mollusks of western North America [...] bracing the second report made to the British Association on this subject with other papers [...] (« Smithsonian Miscellaneous Collections », X, Washington, 1873).

K. E. H. Palmer, Type specimens of marine Mollusca described by P. P. Carpenter from the west coast (San Diego to British Columbia) (« Geological Society of America, Memoir », 76, [New York], 1958).

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Katherine V. W. Palmer, « CARPENTER, PHILIP PEARSALL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/carpenter_philip_pearsall_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    1 décembre 2024