CARGILL, HENRY, homme d’affaires, éleveur, homme politique et fonctionnaire, né le 13 août 1838 dans le canton de Nassagaweya, Haut-Canada, fils de David Cargill et d’une prénommée Ann ; le 11 mars 1864, il épousa Margaret Davidson (décédée en 1913), et ils eurent un fils et trois filles ; décédé le 1er octobre 1903 à Ottawa et inhumé à Walkerton, Ontario.

En 1824, David Cargill quitta le comté d’Antrim (Irlande du Nord) et immigra dans le canton de Nassagaweya, dans le comté de Halton. S’étant mis à cultiver la terre et à tenir une auberge, il se lança aussi dans le commerce du bois d’œuvre, après avoir constaté les possibilités qu’offraient les forêts de la région. Henry Cargill fit ses études dans des écoles locales et passa deux ans au Queen’s College de Kingston avant de reprendre le commerce de bois d’œuvre de son père. Après quelques difficultés financières, il réussit à bâtir une entreprise florissante, qui comprenait deux scieries et une fabrique de bardeaux. Une des scieries, qu’il détenait en copropriété avec David Wheelihan, était la plus grosse du canton : elle employait 12 hommes et produisait chaque jour de 25 000 à 30 000 pieds-planches. En outre, Cargill avait une petite exploitation agricole chez lui, dans le canton de Nassagaweya, ainsi que de vastes terres à bois.

La vie de Cargill prit un tournant décisif en 1871, année où la province de l’Ontario décida de vendre le marais de Greenock. Cette terre de la couronne, située dans le comté de Bruce, s’étendait sur plus de 8 400 acres ; il y poussait des feuillus et des résineux dont on pouvait espérer tirer profit, mais la nature du sol en avait empêché l’exploitation. Cargill figurait au nombre des sept personnes qui achetèrent une partie du marais pour un prix moyen de 4,66 $ l’acre à un encan public en 1871. Au cours des quelques années suivantes, il racheta d’autres parcelles du marais aux autres acheteurs et, laissant son associé diriger l’entreprise de Nassagaweya, il loua une scierie à Chepstow pour traiter une partie du bois récolté. Enfin, en 1879, il ajouta à son actif la totalité de la superficie achetée en 1871 par Charles Mickle l’aîné, soit plus de 4 000 acres, de même que la scierie, le moulin à farine, la maison de pension et les logements construits par Mickle pour les ouvriers. Il finança cet achat en liquidant l’entreprise qu’il détenait avec Wheelihan et en obtenant une grosse hypothèque de Mickle.

Il restait à Cargill à mettre le marais en valeur. Pour commencer, il y construisit des chemins de rondins et y creusa des canaux. Les canaux servaient à transporter les billes hors de la forêt, par flottage, et contribuaient au drainage du sol – opération importante car, une fois défrichées, les terres pourraient être vendues pour être cultivées. Les billes étaient acheminées par la rivière Teeswater jusqu’aux installations de sciage que Cargill avait achetées à Mickle. D’abord appelée Yokassippi puis Mickle Station, cette petite localité, qui se trouvait sur un tronçon du Great Western Railway, porta bientôt le nom de Cargill. Henry Cargill y installa toute une série d’ateliers où l’on faisait du rabotage, des douves et des fonçailles de tonneau. En outre, il tenait un magasin général et ouvrit une fabrique de lainages. Son but était non seulement d’exploiter le marais à fond, mais aussi de créer des emplois durables. Soucieux du bien-être de ses concitoyens, il dota la localité d’une usine de distribution d’eau, d’un équipement contre les incendies, d’une centrale d’électricité et d’une école. En outre, il participa financièrement à la construction des églises de l’endroit (Argill était presbytérien). Selon le Farmer’s Advocate and Home Magazine, la localité, qui comptait 200 habitants en 1885, était « l’une des plus prospères de la province ». On louait Cargill d’avoir su en faire un lieu modèle sur le plan des relations du travail et de la fructification du capital.

Les entreprises de Cargill florissaient et il ne tarda pas à devenir riche, ce qui lui permit de s’adonner à d’autres occupations. L’agriculture était l’une de ses plus grandes passions. Il finit par posséder et exploiter plus de 900 acres de bonne terre à Cargill. Son troupeau de shorthorns écossais, grâce auquel la qualité du bétail de cette partie de la province s’améliora beaucoup, était réputé. La ferme, qui portait la raison sociale de Henry Cargill and Son, élevait et vendait aussi des chevaux percherons, clydesdales et standardbreds, ainsi que des moutons Oxford Down. Cargill participa aux activités d’un grand nombre d’associations et de compagnies, dont la Dominion Short-horn Breeders’ Association, la Dominion Life Assurance Company, la Canadian Mutual Mining and Development Company, l’Ontario Trotting and Pacing Horse Breeders’ Association, la Saugeen Valley Railway Company et l’Irish Protestant Benevolent Society de Walkerton.

Henry Cargill s’intéressa toute sa vie aux affaires publiques. Conseiller du canton de Nassagaweya en 1866, il fut aussi président du conseil du canton de Greenock de 1884 à 1886. Il exerça la fonction de maître de poste à Cargill de 1880 à 1887. D’obédience conservatrice, il se lança dans l’arène fédérale à la demande, dit-on, du premier ministre sir John Alexander Macdonald*. Après avoir remporté la victoire en février 1887 dans la circonscription de Bruce East, il dut démissionner parce que, à titre de maître de poste, il était fonctionnaire de la couronne ; il regagna cependant son siège à une élection complémentaire en avril. La fois suivante, il eut aussi quelque difficulté à se faire élire : défait au scrutin général de mars 1891, il déposa une contestation et remporta l’élection partielle qui se tint en février 1892. Il conserva son siège aux élections de 1896 et de 1900. Sa carrière parlementaire ne présente rien de particulier, si ce n’est le fait qu’il mourut à la Chambre des communes. Le 1er octobre 1903, il s’effondra après avoir pris la parole. Bien qu’assisté par deux médecins qui étaient aussi députés, il s’éteignit « à 10 heures 50, presque à l’instant où la cloche, dans le corridor, annonçait l’ajournement des travaux ». Il laissait dans le deuil sa femme, Margaret Davidson, un fils, Wellington David, qui continua d’exploiter ses entreprises, et deux filles, dont l’une avait épousé un journaliste réputé d’Ottawa, Wilson Mills Southam.

Susan Bennett

AN, RG 31, C1, 1861, 1871, Nassagaweya Township ; 1881, 1891, Greenock Township.— AO, RG 22, Ser. 358, nos 1192, 3078.— Bruce Land Registry Office (Walkerton, Ontario), Abstract indexes and deeds for Brant and Greenock townships.— QUA, Queen’s Univ., Registrar’s Office, student reg., 1, no 173.— Town of Walkerton Cemetery, Burial records and tombstone inscription.— Farmer’s Advocate and Home Magazine, 1883–1901.— Globe, 2 oct. 1903.— Paisley Advocate (Paisley, Ontario), 1885–1903.— Telescope (Walkerton), 9 oct. 1903.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— CPG, 1897.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2.— Greenock Township history, 1856–1981, L. M. Gateman et al., édit. (Cargill, Ontario, 1981).— The history of the township of Brant, 1854–1979, L. M. Gateman, édit. (Elmwood, Ontario, 1979).— Illustrated atlas of the county of Bruce, containing authentic maps of the townships (Port Elgin, Ontario, 1970), publié d’abord sous le titre « Bruce supplement », Illustrated atlas of the Dominion of Canada [...] (Toronto, 1880).— Illustrated historical atlas of the county of Halton, Ontario, J. H. Pope, compil. (Toronto, 1877 ; réimpr., Port Elgin, 1971).— Norman McLeod, The history of the county of Bruce and the minor municipalities therein, 1907–1968, province of Ontario, Canada (Owen Sound, Ontario, 1969), publication destinée à accompagner l’ouvrage d’histoire de Norman Robertson (cité ci-dessous) et qui traite de la période allant jusqu’à 1906.— D. M’L. Marshall, Shorthorn cattle in Canada ([Toronto], 1932).— Nassagaweya centennial, 1850–1950 : an historical volume of Nassagaweya Township in Halton County [...] including « The early history of Nassagaweya » as written by the late Joshua Norrish, an early settler ([Brookville, Ontario, 1949]).— Newspaper reference book.— Norman Robertson, The history of the county of Bruce, and of the minor municipalities therein, province of Ontario, Canada (3e [éd.], Owen Sound, 1971).

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Susan Bennett, « CARGILL, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cargill_henry_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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