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CANTIN, AUGUSTIN, constructeur de navires, né le 17 juin 1809 à Cap-Santé, Bas-Canada, fils de Guillaume Cantin et de Catherine Defoie ; le 29 mai 1841, il épousa à Montréal Elizabeth Benning, et ils eurent dix enfants dont sept moururent en bas âge ; décédé le 30 novembre 1893 au même endroit.
Augustin Cantin apprit la charpenterie de navires à Cap-Santé. En 1831, il s’installa à Montréal, où l’on construisait, pour un commerce de plus en plus intense, des navires à vapeur et d’autres genres de bateaux. Après avoir travaillé quelques années dans des chantiers navals, il fonda sa propre entreprise puis l’abandonna pour aller étudier les dernières techniques de construction navale à Liverpool, en Angleterre, et à New York. Rentré à Montréal vers 1837, il travailla de nouveau dans des chantiers navals et se tailla une excellente réputation. En 1841, il se relança en affaires, cette fois près de l’entrée du canal de Lachine. Son entreprise connut une expansion rapide ; on lui commandait des bateaux à vapeur d’aussi loin que Hamilton, dans le Haut-Canada.
Cantin fit faillite en 1843 mais se remit tout de suite sur pied. En 1846, il inaugura un nouveau chantier naval doté d’un bassin de radoub. En moins de dix ans, il ajouta une fonderie de moteurs et une scierie à ses installations, qui s’étendaient sur une superficie de 14 acres. En 1850, il commença à construire de petits navires océaniques et à en exporter quelques-uns. À ce moment-là, l’industrie était devenue si centralisée, si efficace et avancée sur le plan technologique que Montréal ne comptait plus que trois producteurs. Cantin avait, sur ses rivaux, l’avantage d’être le premier à exploiter une entreprise tout à fait intégrée : il pouvait donc vendre des bâtiments complets (moteur et coque) et en assurer l’entretien. Les affaires étaient bonnes et sa réputation, solide. Un agent de la maison d’évaluation du crédit des sociétés R. G. Dun and Company écrivit en 1855 qu’il était « l’un des Français les plus entreprenants de la ville et a[vait] beaucoup d’allant ». La même année, Cantin participa à l’Exposition universelle de Paris. En 1857, son entreprise, la Montreal Marine Works, comptait de 150 à 250 employés et valait, estimait-on, £32 000. Toujours selon un agent de la R. G. Dun and Company, c’était non seulement le plus gros chantier naval de Montréal, mais aussi « la plus grosse, la plus complète et la mieux organisée des usines de la ville ». En outre, Cantin possédait une quantité considérable de biens immobiliers dans Griffintown (Montréal). On disait de lui qu’il avait une « excellente réputation d’homme d’affaires, le sens du devoir, [qu’il était] honnête dans ses transactions [... et] parfaitement en mesure de respecter tous ses engagements ». Pourtant, même si l’on croyait qu’il avait réalisé de gros bénéfices, des problèmes financiers s’abattirent sur lui en 1859 et ses créanciers se mirent à lui réclamer leur dû. Il lui fallut plusieurs années pour redonner de la stabilité à son entreprise mais, dès 1865 environ, sa situation était de nouveau florissante. Le gouvernement du Canada, des sociétés montréalaises et des compagnies de navigation qui desservaient le Saint-Laurent et les Grands Lacs figuraient dans son carnet de commandes. En outre, il construisit le forceur de blocus Sumter pour le gouvernement des confédérés, des bateaux à vapeur pour Cuba et des pataches de la douane pour la France. En 1871, on estimait son capital fixe à 180 000 $, son fonds de roulement à 45 000 $ et sa production annuelle à 70 000 $ ; cette année-là, il versa un total de 35 000 $ en salaires à 84 employés.
Augustin Cantin profitait de son prestige de constructeur de navires et d’entrepreneur de transports pour se prononcer sur des questions relatives au domaine maritime. Il insista particulièrement pour que le gouvernement du dominion protège davantage l’industrie de la construction navale contre la concurrence américaine. Il était né dans une famille catholique, mais il se maria et fut inhumé selon le rite presbytérien. Après sa mort, en 1893, l’un de ses fils, Charles-Albert, continua d’exploiter son entreprise.
On trouve un portrait d’Augustin Cantin dans Canadian album (Cochrane et Hopkins), 4 : 512.
AN, MG 24, D 16 : 17304 ; MG 26, A ; RG 31, C1, 1871.— ANQ-M, CE1-115, 2 déc. 1893 ; CE1-125, 29 mai 1841.— ANQ-Q, CE1-8, 17 juin 1809.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 5 : 218 (mfm aux AN).— Canada, Parl., Doc. de la session, 1876, no 61.— Montreal in 1856 : a sketch prepared for the opening of the Grand Trunk Railway of Canada (Montréal, 1856).— L. S. McNally, Water power on the Lachine Canal, 1846–1900 (Québec, 1982).— Tulchinsky, River barons.— John Willis, The process of hydraulic industrialization on the Lachine Canal, 1840–1880 : origins, rise and fall (Québec, 1987), 360–361.— É.-Z. Massicotte, « les Chantiers Cantin, à Montréal », BRH, 42 (1936) : 509–510.
Gerald Joseph Jacob Tulchinsky, « CANTIN, AUGUSTIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cantin_augustin_12F.html.
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Auteur de l'article: | Gerald Joseph Jacob Tulchinsky |
Titre de l'article: | CANTIN, AUGUSTIN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |