CANNON, EDWARD, maître maçon et homme d’affaires, né vraisemblablement en 1739 en Irlande ; en 1764, probablement, il épousa Helena (Eleanor) Murphy, et ils eurent 11 enfants ; décédé le 28 juillet 1814 à Québec et inhumé deux jours plus tard au cimetière des Picotés.

On sait peu de chose de la jeunesse d’Edward Cannon. Il semble avoir reçu une bonne instruction qui se traduit dans sa correspondance par une main ferme, des caractères lisibles et un style précis. En 1774, il avait déjà quitté son pays natal et résidait à St John’s où il exerçait son métier de maçon. En effet, pendant son séjour d’une vingtaine d’années à Terre-Neuve, il travailla aux fortifications et aux autres bâtisses gouvernementales. Lors de la Révolution américaine, il appartint à un corps de volontaires indépendants [V. Robert Pringle*]. En 1792, il fit une demande de terre, qui ne reçut pas de réponse, ce qui l’incita peut-être à quitter Terre-Neuve pour se rendre à Québec.

En 1795, la famille Cannon s’installa à Québec. Edward confia ses filles aux soins des ursulines, puis commença d’exercer son métier avec ses fils aînés, Ambrose et Laurence, auxquels John* se joignit en 1800. C’est d’ailleurs à cette époque que sa carrière prit de l’ampleur. Le 30 avril 1800, William Vondenvelden, inspecteur des chemins, rues et ruelles de la ville de Québec, lui commanda de 700 à 800 toises carrées de pavés pour la rue Saint-Pierre. Cannon, qui devait recevoir « la somme de cinq shellins et dix sols courant » par toise, promit de terminer ce pavage en août, si on lui fournissait les matériaux et si on débarrassait la place des saletés qui l’encombraient. Le 19 juin, l’ouvrage était achevé bien que des experts estimèrent qu’il n’était pas tout à fait conforme à la commande. Par la suite, Cannon entreprit la maçonnerie de l’église anglicane de Québec dont la première pierre fut bénite le 11 août 1800 ; cet ouvrage très important sera terminé en 1804.

Pendant la période de construction de l’église, Cannon se lança dans l’investissement immobilier. En 1801, il acquit des lots de Thomas Reddy, d’Augustin Paradis, de Richard W. Jones, de la veuve de Hugh Hogan et, en 1802, de Robert Dees. De plus, il adressa une pétition demandant une terre de la couronne et reçut quelques centaines d’acres. Toutes ces terres se trouvaient dans les cantons d’Aston, de Milton et de Clifton. Cannon n’habitait pas sur ses lots, ce qui lui apporta certaine déconvenue. Ainsi, en 1809, il perdit les 200 acres achetées de Paradis pour 23 shillings, au profit de John Doty qui affirmait avoir acheté lui aussi cette terre de Paradis. Intéressé également à se doter de propriétés en ville, Cannon acquit le 21 juin 1803 de Pierre-Édouard Desbarats* une maison en pierre de deux étages avec étable et hangar, rue Sainte-Geneviève.

Le contrat de l’église anglicane terminé, Cannon s’engagea à construire pour les fabriciens de Baie-Saint-Paul une allonge en pierre, comprenant deux chapelles et une sacristie, à l’église de cette paroisse. Ce genre de contrat se répartissait ainsi : Cannon s’obligeait à fournir et à payer les maçons de même qu’à dresser les échafaudages ; les syndics fournissaient les matériaux et les manœuvres, puis voyaient de plus à nourrir, à loger et à transporter les maçons. Le paiement de l’ouvrage se faisait à la toise et au jour selon l’état des travaux ; les syndics devaient débourser des surplus s’ils exigeaient de la pierre de taille aux ouvertures.

Cannon et ses fils entreprirent d’autres grands projets. La Compagnie de l’Union de Québec, légalement reconnue le 25 mars 1805, qui avait l’ambition de doter Québec d’un bel hôtel, accorda le contrat de construction à Cannon. La pierre angulaire fut posée le 14 août de la même année et les travaux furent effectués avec rapidité, puisque l’hôtel ouvrit dès le 1er novembre. L’édifice, sis rue Sainte-Anne, avait trois étages. Cannon reçut £1 427 14½ shillings pour ce travail.

L’année suivante, la Maison de la Trinité de Québec commanda à Cannon l’érection d’un phare circulaire à l’île Verte. En 1808, il s’associa à ses fils et entreprit avec eux la construction de la prison de Québec d’après les plans de François Baillairgé*. Pour ce faire, il engagea, en octobre, trois maçons qu’il paya 10 piastres espagnoles par mois pour la durée de leur engagement.

D’autre part, l’expansion démographique que connut la ville au tournant du siècle créa une activité importante dans le domaine de la construction. Cannon se vit alors confier la construction de magasins et de résidences pour les notables de la ville. Comme tous les maçons de cette période, il procéda de plus à un certain nombre d’expertises. Jusqu’à sa mort, Cannon continua son activité régulière signant un dernier contrat en août 1813.

Ainsi donc, bien qu’installé tardivement, Cannon sut profiter de l’essor sans précédent de la ville de Québec pour manifester la compétence avec laquelle il pouvait se charger des entreprises de construction et s’assurer ainsi une excellente réputation et une bonne clientèle. Cependant, Cannon ne fut pas un créateur ; la présence sur la scène québécoise d’architectes comme François Baillairgé le confinait à un rôle d’exécutant.

Établi dans la haute ville, Cannon participa à la vie des notables de Québec. En 1799 et 1813, il signa des adresses aux gouverneurs Prescott et Prevost ; dès 1803 et jusqu’à sa mort, il souscrivit à la Société du feu de Québec. Il fréquentait les gens exerçant la même profession ou des professions connexes, tels Charles Jourdain*, dit Labrosse, et François Baillairgé.

Edward Cannon était actif, énergique et entreprenant. Habile homme d’affaires, il sut intégrer rapidement ses fils à l’entreprise et préparer sa succession. John, son troisième fils, héritera de sa clientèle et gagnera lui aussi la confiance des anglophones aussi bien que des francophones.

Raymonde Gauthier

ANQ-Q, CN1-16, 29 mars 1809, 10 déc. 1820 ; CN1-26, 9 sept. 1802, 15 août 1805, 25 févr. 1806, 11 juin 1808, 8 juill. 1809, 3 mai 1810, 10 juin 1812, 10 janv. 1814 ; CN1-27, 6 déc. 1813 ; CN1-145, 21 juin, 18 sept. 1801, 21 juin 1806 ; CN1-171, 27 juin 1808 ; CN1-178, 1er juin 1804, 25, 26 oct. 1808, 3 oct. 1810, 8, 9 févr. 1814 ; CN1-230, 30 avril, 19 juin 1800, 28 déc. 1804, 7 juin 1814 ; CN1-253, 21 avril 1813, 21 juill. 1814 ; CN1-256, 13 mars 1800 ; CN1-262, 6 mai 1801, 9 août 1813 ; CN1-284, 21 juin 1803, 3 juill. 1813 ; CN1-285, 1er déc. 1800, 15, 17 févr. 1801, 11 mai 1802, 24 mai 1804, 3 août 1809.— MAC-CD, Fonds Morisset 2, C226/E25.5/1.— « Les dénombrements de Québec » (Plessis), ANQ Rapport, 1948–1949 : 174.— Geneviève G. Bastien et al., Inventaire des marchés de construction des archives civiles de Québec, 1800–1870 (3 vol., Ottawa, 1975).— E. H. Dahl et al., La ville de Québec, 1800–1850 : un inventaire de cartes et plans (Ottawa, 1975).— Jacques Bernier, « La construction domiciliaire à Québec, 1810–1820 », RHAF, 31 (1977–1978) : 547–561.— Robert Cannon, « Edward Cannon, 1739–1814 », SCHÉC Report, 1935–1936 : 11–22.— P.-G. Roy, « L’Hôtel Union ou Saint-George, à Québec », BRH, 43 (1937) : 3–17.— F. C. Würtele, « The English Cathedral of Quebec », Literary and Hist. Soc. of Quebec, Trans. (Québec), nouv. sér., 20 (1891) : 63–132.

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Raymonde Gauthier, « CANNON, EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cannon_edward_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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