CAMPBELL, COLIN, sous-commissaire de Sa Majesté aux prises de guerre, l’un des représentants de son frère, James Campbell, à Terre-Neuve ; circa 1699–1710.

Colin Campbell vint à Terre-Neuve pour la première fois en 1699, pour le compte de son frère, afin d’étudier les possibilités commerciales de la colonie. En 1700, il s’installa, comme agent et courtier, à « Pontegarve », à la baie de la Conception. Quand, en 1702, les Français attaquèrent Carbonear, au début de la guerre de Succession d’Espagne, Campbell, Thomas Edwards et d’autres déménagèrent dans une île de la baie de la Conception ; Campbell retourna alors en Angleterre pour demander au gouvernement la protection d’une force armée. En 1704, il était de retour à Saint-Jean, en qualité de sous-commissaire aux prises de guerre et s’occupait, sans doute, des navires français ou des bateaux de la colonie capturés pour avoir enfreint les lois maritimes. Quelques commerçants se plaignirent des irrégularités qu’il commettait. Il avait, disait-on, vendu « en secret » trois prises de guerre et avait fait transporter, du fort à sa maison, du bois d’œuvre réservé à la marine.

Le 28 avril 1705, Moody envoya Campbell en Angleterre sur le sloop Friendship, réquisitionné à la Nouvelle-Angleterre, pour remettre au Board of Trade un rapport sur l’attaque de Saint-Jean par Auger de Subercase le 21 janvier 1704/1705 et une plainte contre l’ingénieur John Roope. Campbell fut capturé par un corsaire français et n’arriva en Angleterre qu’en juin 1705. Il relata au Board of Trade que les 600 hommes de Subercase, y compris 150 Indiens et Canadiens commandés par Testard de Montigny, marchèrent sur la baie des Taureaux et le Petit Havre (Petty Harbour), puis sur Saint-Jean où ils détruisirent 120 maisons, tous les échafauds et les vigneaux. Les Français firent sans succès le siège du fort commandé par Moody et Latham. Le 23 février ils repartirent vers le sud, ravagèrent la côte jusqu’à Fair Ellens et emmenèrent à Plaisance (Placentia) les quelque 200 hommes qui s’y trouvaient, y compris Campbell. Selon toute apparence, Campbell fut relâché à Fair Ellens même. D’après ce récit, les Français perdirent 200 hommes et les Anglais seulement trois.

Un des domestiques de Campbell, Richard Sampson, qui l’avait accompagné en Angleterre, raconta au Board of Trade en juin 1705 que les Français avaient épargné quatre maisons à Saint-Jean ; une d’entre elles était propriété de Campbell. À la suite de ce récit défavorable, on oublia l’affaire pour un certain temps. Le 20 mars 1710, John Moody, devant le Board of Trade, contredit le récit de Sampson. Il certifia que Campbell avait obtenu de Subercase une trêve de quatre à cinq jours durant laquelle il avait entrepris un voyage hasardeux vers le « South Castle » pour aller encourager Latham. Le fort refusant de se rendre, Subercase força Campbell à marcher pendant cinq jours pour transporter une partie de son butin de guerre. Après quoi il l’abandonna, le laissant retrouver seul son chemin vers Saint-Jean. Le récit de Moody fui appuyé par Archibald Cumings et James Campbell.

Le mois suivant, Colin Campbell présenta au Board of Trade and Plantations une requête des marchands de Poole, afin que les commodores et les amiraux de pêche aient le droit de nommer, pour la durée de l’hiver, des juges de paix, des constables et des membres de la milice, les causes restant toutefois en suspens pour être réglées à l’été par le commodore. C’était là une légère modification aux requêtes des marchands du sudouest de l’Angleterre qui s’opposaient depuis longtemps à l’établissement d’un gouvernement civil. En février 1705/1706, Colin s’embarqua à Plymouth et fut de nouveau capturé en mer. Après avoit été gardé prisonnier à Saint-Malo jusqu’en 1709, il retourna en Angleterre. Son frère et lui firent un rapport au Board of Trade – qui avait étudié pendant plusieurs années les cas de Moody et de Lloyd – sur l’héroïque défense de Saint-Jean par Moody en 1705, sur l’incurie de Lloyd et l’oppression qu’il avait exercée sur la population. Il semble que Colin Campbell ne retourna pas à Terre-Neuve.

James Campbell traitait de grosses affaires à Terre-Neuve ; il disait avoir perdu £10 737 en 1705 et 1708. À partir de 1702, il demanda à plusieurs reprises des bâtiments de guerre pour prendre Plaisance, des convois suffisants pour les flottilles de pêche et la construction de fortifications aux ports de la Trinité et de Forillon (Ferryland). Le Board of Trade le considérait comme une personne bien informée des questions coloniales. Après 1713, il fut l’agent de Moody et de Taverner*, et il semble que Cumings, officier de la douane à Terre-Neuve, était sous ses ordres.

C. P. Mc Farland

PRO, C.O. 194/4, Acts of P.C., col. ser., 1680–1720, Unbound papers ; B.T. Journal, 1704–1708/09, 1708/09–1714/15, 1714/15–1718 ; CSP, Col., 1702–03, 1704–05, 1706–08, 1708–09, 1709–10, 1711–12, 1714–15.— Lounsbury, British fishery at Nfld.

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C. P. Mc Farland, « CAMPBELL, COLIN (circa 1699-1710) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/campbell_colin_1699_1710_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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