BURWASH, JOHN, ministre méthodiste et éducateur, né le 8 mai 1842 à St Andrews (Saint-André-Est, Québec), deuxième des six fils d’Adam Burwash et d’Anne Taylor ; le 25 juin 1867, il épousa Eden (Edon) Henwood, et ils eurent une fille ; décédé le 16 novembre 1913 à Calgary.

Les parents de John Burwash, fervents méthodistes, s’installèrent en 1844 dans une ferme près de Baltimore, dans le Haut-Canada. Comme son frère aîné Nathanael, John était attiré par le sacerdoce, et on l’encouragea à acquérir un diplôme collégial, ce qu’assez peu d’aspirants au ministère méthodiste possédaient à l’époque. En 1859, avec l’aide financière de Nathanael, qui interrompit ses études pour enseigner pendant un an, John s’inscrivit au Victoria College, établissement méthodiste situé à Cobourg, non loin de Baltimore. Sous l’influence du directeur, Samuel Sobieski Nelles*, et du programme, où les philosophes rationalistes écossais du xviiie siècle figuraient en bonne place, il en vint à tenir pour certaine l’existence d’un lien naturel entre foi et raison. Cette conviction se refléterait par la suite dans son attitude envers la science darwinienne et la critique historique de la Bible.

Médaillé au moment de l’obtention de sa licence ès arts en 1863 (il recevrait une maîtrise ès arts en 1872), Burwash fut pris à l’essai par l’Église méthodiste et affecté à Canton, à Colborne, à Barrie, à Baltimore et à Grafton avant d’être ordonné en 1867. Après avoir œuvré un moment à Belleville et à Parkhill, il devint en 1870 vice-directeur de la Mount Allison Wesleyan Academy de Sackville, au Nouveau-Brunswick, et directeur de la section masculine de cette école. On lui demanda d’enseigner les mathématiques et les sciences naturelles à l’académie et au Mount Allison Wesleyan College ainsi que le latin à l’académie, bien que sa seule expérience de l’enseignement ait consisté à assumer une charge de directeur des études classiques au Victoria College en 1866, lors de son séjour à Baltimore. En 1873–1874, pendant qu’il exerçait son ministère à L’Orignal, en Ontario, il s’efforça de corriger les lacunes de sa formation scientifique en prenant des congés pour aller suivre quelques cours à la Harvard University, au Massachusetts.

De retour à Mount Allison en 1874, Burwash fut le seul membre du département des sciences du collège jusqu’en 1890, sauf de 1882 à 1885, où il exerça son ministère à Charlottetown. Il enseigna les sciences naturelles jusqu’en 1877, la chimie en 1877–1878, puis la chimie et la physique expérimentale de 1878 à 1882 et de 1885 à 1890. Comme le collège était parcimonieux dans la rémunération de ses professeurs et l’achat d’équipement scientifique, Burwash accepta avec reconnaissance en 1878 une somme de 250 $ pour quelques appareils essentiels de laboratoire. Le fait que le gouvernement du Nouveau-Brunswick lui demanda en 1885 de faire des travaux géologiques à titre d’essayeur et d’analyste provincial atteste sa réputation. En 1888, le Mount Allison College lui décerna un doctorat honorifique ès sciences. En 1900, il reçut un doctorat en littérature de la University of New Brunswick.

En 1875, le Mount Allison College créa une faculté de théologie et Burwash fut aussi professeur d’homilétique. Il enseignait aux aspirants ministres des trois conférences méthodistes des Maritimes. Souvent, à titre bénévole, il exerçait la fonction d’examinateur en lecture et en art oratoire pour l’école normale provinciale de Saint-Jean et donnait des conférences dans les instituts de formation des enseignants. Pour cette raison, l’Argosy de Mount Allison déclara qu’il était « l’un des éducateurs les plus éminents et les plus utiles des provinces de l’Atlantique » et « l’un des meilleurs prédicateurs et orateurs que l’on ait jamais eu l’occasion d’entendre ».

Burwash quitta Mount Allison en 1890 pour enseigner les sciences à la Victoria University, où son frère Nathanael était recteur honoraire. En 1892, lorsque la Victoria University s’installa à Toronto et que la direction des sciences fut transférée à la University of Toronto, on confia à Burwash la chaire d’homilétique et de théologie pastorale de Victoria. Durant 18 ans, malgré son âge et les problèmes de santé qu’il connut à compter de 1900, il enseigna le Nouveau Testament en grec, l’organisation et la discipline de l’Église, la théologie wesleyenne ainsi que l’homilétique et l’art oratoire. À compter de 1902, il occupa en plus la nouvelle chaire Massey de Bible anglaise.

Plusieurs anciens élèves s’étant plaints de ses cours d’homilétique, le conseil d’administration de la Victoria University mena une enquête en 1902. Ses collègues et étudiants lui manifestèrent alors un appui sans équivoque. Ils insistèrent sur le sérieux avec lequel il préparait ses cours, sur les efforts qu’il faisait pour se tenir au courant de l’évolution des idées et sur sa disponibilité envers les étudiants. En 1910, comme des plaintes resurgissaient périodiquement et comme sa santé continuait de se détériorer, Burwash prit sa retraite de la Victoria University, quitta la pratique du ministère et s’installa avec sa femme à Calgary, où vivait leur fille unique. Celle-ci, prénommée Annie, avait été l’une des premières femmes diplômées de Mount Allison et était la veuve du révérend Frederick Langford, diplômé de Victoria. Burwash, admiré pour la force physique qui lui permit jusque dans ses dernières années de faire de longs portages avec de lourds canots près de sa maison d’été dans la région de Muskoka, déclina rapidement après la mort de sa femme en 1912.

Comme son frère Nathanael, dont il fut toujours l’ami, John Burwash avait su, en tant qu’éducateur, faire le pont entre l’ancien et le nouveau, à une époque de grande effervescence intellectuelle. C’était un méthodiste qui avait son franc-parler ; il était conservateur en matière de théologie et strict en matière de piété. Franc-maçon et fervent partisan du mouvement de tempérance au Nouveau-Brunswick et en Ontario, il appliqua toute sa vie le simple code moral qu’on lui avait inculqué dans sa jeunesse. Dans son oraison funèbre, le doyen de la faculté de théologie de Victoria, Francis Huston Wallace, rappela : « Il suivait les instincts élémentaires d’un cœur chrétien intelligent et pur plutôt que de subtiles théories. Pour John Burwash, le péché était le péché, le mal était le mal, la droiture était la droiture, et il entendait suivre la voie du bien sans égard aux conséquences. » Cette piété pratique permit à Burwash, comme à d’autres universitaires évangéliques canadiens de sa génération, d’être conciliant envers la nouvelle science darwinienne et la critique historique de la Bible. Empiriste, aussi critique du « dogme » en religion que de la « théorie spéculative » dans les sciences, il disait aux ministres que « le seul moyen de bien comprendre la Bible est d’en vivre [les enseignements], de partir de l’expérience du cœur et de la vie pour retourner au Livre ». La méthode scientifique s’appliquait donc autant à la religion qu’au monde naturel : chacune de ces deux sphères avait des limites bien définies et toutes deux étaient reliées par Dieu en un tout harmonieux. Toujours convaincu que c’était l’érudit chrétien qui devait être au centre de la nouvelle pensée scientifique et biblique, Burwash déclara en 1884 dans un sermon que « les livres de la nature, sans la révélation, ne peuvent apporter que désespoir ».

Marguerite Van Die

Les publications de John Burwash comprennent le sermon publié dans Mount Allison Wesleyan College, Theological Union, Fifth annual lecture and sermon, delivered June, 1883 (Saint-Jean, N.-B., 1883 ; exemplaire conservé aux Mount Allison Univ. Arch., Sackville, N.-B.), 39–46, et « The limits of religions thought », dans The Methodist pulpit [...], S. G. Phillips, édit. (Toronto, 1884), 178–189. Un résumé d’une conférence donnée à la Victoria University, « Genesis and geology », figure dans Acta Victoriana (Cobourg, Ontario), 14 (1891–1892), no 7 : 4–7.

AO, RG 80-27-2, 47 : 16.— EUC-C, Biog. file.— Victoria Univ. Arch. (Toronto), Fonds 2042 (Nathanael Burwash), particulièrement les dossiers 119 et 622.— Christian Guardian (Toronto), 10 déc. 1913.— G. H. Cornish, Cyclopædia of Methodism in Canada [...] (2 vol., Toronto et Halifax, 1881–1903).— Michael Gauvreau, « The golden age of the church college : Mount Allison’s encounter with « modern thought », 1850–1890 », dans The contribution of Methodism to Atlantic Canada, C. H. H. Scobie et J. W. Grant, édit. (Montréal et Kingston, Ontario, 1992), 169–186.— J. F. McLaughlin, « Rev. John Burwash, m.a. d.sc., ll.d., professor emeritus : an appreciation », Acta Victoriana (Toronto), 34 (1910–1911) : 56s.— Methodist ministers in Canada, 1903–1925, Douglas Walkington, compil. ([Toronto, 1981 ?] ; exemplaire à l’EUC-C).— J. G. Reid, Mount Allison University : a history, to 1963 (2 vol., Toronto, 1984), 1.— C. B. Sissons, A history of Victoria University (Toronto, 1952).— [F. H.] Wallace, « A tribute to Dr. Burwash », Acta Victoriana, 38 (1913–1914) : 142–145.

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Marguerite Van Die, « BURWASH, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/burwash_john_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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