BURRISS, RUFUS ALLEN, ministre des Disciples du Christ, fonctionnaire, promoteur de la colonisation et homme politique, né le 30 juillet 1859 dans le comté de Lewis, Kentucky, fils de Marcus L. Burriss et de Sarah R. Hamlin ; le 16 janvier 1884, il épousa à Fort Erie, Ontario, Hester Ann Watts, et ils eurent quatre filles et deux fils ; décédé le 31 janvier 1930 à Ashville, comté de Chautauqua, New York.

Élevé comme un « pauvre garçon de ferme » dans l’Illinois, Rufus Allen Burriss s’installa en Ontario vers 1893 pour exercer la fonction de ministre à l’église des Disciples du Christ à Bowmanville. Il y subit l’influence de Daniel Francis Burk*, grand agent de développement du nord-ouest de l’Ontario et originaire de cette localité. Bien résolu à aider le « fermier tenancier et d’autres opprimés » à échapper au « régime des propriétaires » et à devenir francs-tenanciers, Burriss conçut un plan chrétien de colonisation en vertu duquel de « pauvres familles de locataires » des États-Unis iraient s’établir dans cette région. « Nous planterons la cause du Christ sur les bords de la rivière à la Pluie », proclama-t-il en décembre 1897 dans la publication que les Disciples faisaient paraître à Cincinnati, dans l’Ohio, le Christian Standard. Son appel suscita une correspondance abondante. Robert Beith, député fédéral de Durham West, exerça des pressions sur Clifford Sifton, le ministre libéral de l’Intérieur, pour qu’il aide Burriss. Malgré le scepticisme des fonctionnaires, Burriss fut mandaté comme agent canadien de l’immigration dans le « Nouvel-Ontario » le 1er février 1898. L’été de la même année, sa famille et lui-même quittèrent Bowmanville pour Port Arthur (Thunder Bay).

Le travail de Burriss consistait à promouvoir l’installation de fermiers en collaboration avec le gouvernement de l’Ontario et ses agents des Terres de la couronne, dont il dépendrait pour les levés topographiques et les chemins de colonisation. Chaque colon recevrait gratuitement une concession de 160 acres. En utilisant le slogan « Une terre sans homme pour des hommes sans terre », Burriss, dans un déploiement de zèle missionnaire, prononçait des conférences, donnait des représentations avec une lanterne magique dans le Centre-Ouest américain, écrivait dans la presse et distribuait opuscules, circulaires, carnets de notes, broches à l’effigie de la feuille d’érable et cartes postales souvenirs. Cette vigoureuse campagne de type évangélique, orientée vers les pauvres, convenait à Sifton, qui était convaincu que, « dès qu’[on] cesser[ait] d’annoncer […] le mouvement s’arrêtera[it] » et qui avait une préférence pour les colons d’origine modeste. En mai 1901, en vertu d’une entente avec le Bureau de la colonisation de l’Ontario, Burriss fut inscrit sur la liste du personnel du département de l’Intérieur, qui lui verserait un salaire annuel de 1 000 $. L’inauguration, en 1902, du tronçon du Canadian Northern Railway qui passait par la vallée de la rivière à la Pluie facilita l’atteinte de ses objectifs, tout comme son rôle de secrétaire-trésorier à la West Algoma Agricultural Society et à la New Ontario Industrial Exhibition.

La démission de Sifton en février 1905 plaça Burriss dans une situation incertaine. L’autre agent de colonisation à Port Arthur, James Michael McGovern, qui avait été nommé par les conservateurs, éprouvait du ressentiment envers lui. Le commissaire de l’Immigration à Winnipeg, John Obed Smith, ne voyait pas l’utilité de l’agence de Port Arthur. Comme le gouvernement fédéral concentrait ses efforts dans l’Ouest canadien, le travail de Burriss était une anomalie : les agents canadiens résidant aux États-Unis et le Bureau de la colonisation de l’Ontario pouvaient s’en acquitter. On tenta une première fois de fermer son bureau en janvier 1906, mais des amis libéraux intervinrent. La deuxième tentative, après la prise du pouvoir par les conservateurs en octobre 1911, réussit. Burriss devrait quitter son poste le 31 décembre. Son salaire et ses dépenses de 1898 à 1911 avaient coûté 26 929,56 $ au trésor fédéral.

Burriss se tourna ensuite vers l’immobilier ; il spéculait dans ce secteur depuis au moins 1901. En outre, il appartint au conseil municipal de Port Arthur de 1913 à 1915. En mars 1919, ce conseil et le Bureau de commerce de Fort William (Thunder Bay) pressaient encore le gouvernement de le réinstaller dans ses fonctions. Il s’établit aux États-Unis en 1919 afin d’œuvrer à titre temporaire pour les Disciples du Christ dans différentes régions de l’État de New York. Les dernières églises où il fut ministre étaient celles de Bridgeburg (Fort Erie, Ontario), et d’une localité voisine, Windmill Point. Après avoir été hospitalisé à Buffalo, dans l’État de New York, il mourut chez lui, à Ashville, et fut inhumé au cimetière Greenwood de Bridgeburg.

Selon Mae Nugent Burriss, une de ses filles, Rufus Allen Burriss pourrait avoir attiré 3 000 familles dans le nord-ouest de l’Ontario. Cependant, toutes n’obtinrent pas des concessions gratuites (bon nombre de colons avaient les moyens d’acheter des fermes ou de meilleures terres) et le nombre de familles américaines était moins élevé qu’il ne l’avait souhaité. Pour chaque famille originaire des États-Unis, déclara-t-il en 1901, environ trois venaient de l’est de l’Ontario. Les colons s’installèrent aux endroits suivants : dans le canton de Dorion ; dans les cantons de Paipoonge et de Neebing, dans la vallée de la rivière Slate ; dans les cantons d’O’Connor, de Gillies et de Conmee, dans la vallée de la rivière Whitefish, ainsi que dans les 37 cantons étagés le long de la rivière à la Pluie. Ils arrondissaient leur revenu agricole en travaillant pour l’industrie forestière et le chemin de fer. Un canton et un établissement situés à l’ouest de Fort Frances furent baptisés en l’honneur de Burriss. Bien que l’aspect chrétien du plan de colonisation qu’il avait conçu pour cette région – notamment l’emplacement où devait être construite la ville de Christiana – n’ait pas connu le succès, il attira des évangéliques américains, y compris la prédicatrice Clara Babcock, de l’Illinois, dont on dit qu’elle fut la première femme ordonnée par les Disciples du Christ. Le mérite d’avoir promu la colonisation agricole du Nord-Ouest ontarien – région qui, d’après la plupart des bureaucrates de la colonisation, n’était qu’une « terre de roches » – revient à Burriss et à ses mentors Daniel Francis Burk et James Conmee*, de Port Arthur.

F. Brent Scollie

L’article de Rufus Allen Burriss intitulé « My first moose » paru dans le Canadian Courier, à Toronto, le 11 nov. 1911, 9–11, contient certains renseignements biographiques utiles. Le catalogue en ligne de BAC mentionne d’autres publications de Burriss qui concernent toutes le « Nouvel-Ontario » et le district de la rivière à la Pluie.

AO, RG 80-2-0-422, nº 21634 ; RG 80-3-2-75, nº 901112.— BAC, RG 31, C1, 1901, Port Arthur [Thunder Bay, Ontario], Ward 2 : 19 ; RG 76, 165, dossier 47195.— DBC, dossier sur la famille Burris/Burriss, notes de M. N. Burriss, fille du sujet.— Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Geneal. Soc., International geneal index.— Bridgeburg Review (Bridgeburg [Fort Erie], Ontario), 6 févr. 1930.— Daily Times-Journal (Fort William [Thunder Bay], Ontario), 9 nov. 1901, 22 sept. 1904, 18 mars 1919.— Weekly Herald and Algoma Miner (Port Arthur), 26 août 1898, 2 sept. 1899.— Reuben Butchart, The Disciples of Christ in Canada since 1830 [...] (Toronto, 1949).— Canada, Parl., Doc. de la session, rapport du dép. de l’Intérieur, part. II, immigration, 1898–1903— W. R. et N. M. Wightman, The land between : northwestern Ontario resource development, 1800 to the 1990s (Toronto, 1997).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

F. Brent Scollie, « BURRISS, RUFUS ALLEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/burriss_rufus_allen_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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