BURNS, NELSON, instituteur, ministre méthodiste, auteur, prédicateur du mouvement de sainteté et rédacteur en chef, né le 22 mars 1834 à Niagara (Niagara-on-the-Lake, Ontario), fils de John Burns et de Deborah Huff ; vers 1866, il épousa à Erin, Haut-Canada, Eleanor Tyler, et ils eurent quatre enfants ; décédé le 14 juin 1904 à Toronto.
Élève remarquable, Nelson Burns fit ses études à la Niagara High School et au University College de Toronto, où il eut une bourse en sciences naturelles et reçut une licence ès arts en 1857. Il enseigna ensuite à Welland, puis devint directeur de la high school de St Thomas. Attiré par la fonction de ministre du culte, il fut pris à l’essai par l’Église méthodiste wesleyenne en Canada en 1863 et occupa des charges à Holland Landing, Cookstown et Erin. Il fut ordonné en 1866, mais sa santé l’obligea à devenir surnuméraire peu après. Il se remit à enseigner, d’abord à Port Dover, puis à Milton. Pendant son séjour à Milton, il fut propriétaire et rédacteur en chef du Herald de Georgetown. Après la fermeture de son école, il passa à la high school de Thorold.
À l’époque où il avait été ministre à l’essai, Burns avait voulu faire accéder autrui à l’expérience de la sainteté, que lui-même avait connue à l’âge de 14 ans après avoir lu Faith and its effects de Phoebe Palmer. Une fois devenu ministre, ce fut presque son unique préoccupation. Il avait tenté systématiquement de découvrir comment un chrétien peut connaître la volonté de Dieu et la suivre tous les jours. Chaque fois qu’il traversait une crise, il cherchait à savoir ce que Dieu lui-même lui indiquait de faire. Sa doctrine de la « gouverne divine » était sa règle de vie. « Accepter [la gouverne divine], écrirait-il plus tard, c’est aussi m’en remettre entièrement à Dieu pour le reste de mes jours, peu importe les conséquences [...] Mon obéissance dût-elle me mener à une conduite désordonnée, voire cesser de faire de moi un être moral ou religieux, je me dois de suivre en tout les instructions divines. » Sa théologie s’éloignait de plus en plus de l’orthodoxie de son Église. En 1878, après être revenu à la prédication, il dut démissionner de son poste à Camlachie. Pendant trois ans, il tint une « école religieuse privée » à Georgetown. Il ne figura plus jamais sur la liste des ministres méthodistes à l’œuvre au Canada.
Burns exposa sa doctrine en 1889 dans Divine guidance, or the holy guest. Il y définissait ainsi la gouverne divine : « un quelconque signe de l’Esprit-Saint à notre conscience, signe qui nous fait savoir que, dans chaque domaine, nous prenons [...] la meilleure voie possible dans les circonstances et, par conséquent, celle qui est agréable à Dieu et satisfaisante pour nous-mêmes ». Ce « signe », expliquait-il, pouvait se manifester par des rêves, des visions, des voix, des impressions, des raisonnements, des intuitions, l’aide d’autrui ou des passages de la Bible. Son ouvrage répondait aussi aux principales objections de ses critiques, qui soutenaient que sa doctrine enseignait l’infaillibilité humaine. Pour Burns, la notion de gouverne divine était simplement un « régulateur pour le vrai croyant ». Cependant, il reconnaissait que certains se croyaient à tort guidés ainsi par Dieu et mésusaient de leur prétendue infaillibilité. Ses adversaires lui reprochaient aussi de déprécier la Bible et d’ouvrir la porte à l’antinomisme. Il répliquait que les vrais croyants n’ont pas besoin de règles parce qu’ils sont toujours en accord avec le divin guide. La Bible, soutenait-il, n’est qu’un témoignage de Dieu et c’est l’Esprit-Saint qui est le guide de l’individu. Sa notion de gouverne divine ne détruisait pas l’autorité de la Bible, elle la balisait.
En 1879, Burns avait été élu président de la Canada Holiness Association, qui avait été fondée en octobre de cette année-là au cours d’un congrès tenu à Brussels, en Ontario. Il exercerait cette fonction jusqu’à sa mort. Officiellement, cette association indépendante et multiconfessionnelle comptait, semble-t-il, des leaders pour la plupart méthodistes. Ses activités publiques étaient de deux ordres. Elle publia à compter de 1882, à Toronto, le mensuel Expositor of Holiness, dont Burns était le rédacteur en chef. Par ailleurs, elle tenait des assemblées en plein air et des congrès annuels. L’Expositor contribua énormément à promouvoir les idées du mouvement, surtout auprès des adhérents de l’association, et à faire connaître les positions officielles de celle-ci. En 1892, Burns publia un numéro spécial dans lequel il tenta de résumer les positions théologiques de l’association. « L’Esprit-Saint, écrivait-il, est descendu le jour de la Pentecôte afin de devenir un Christ personnel pour chaque croyant, bien qu’Il soit un Esprit ; [voilà], croyons-nous, ce qu’a enseigné Jésus. » Ayant mis cet enseignement en pratique, les membres de la Canada Holiness Association « connaiss[aient] et accompliss[aient] la pleine et entière volonté de Dieu ».
La prétention selon laquelle les membres de l’association avaient atteint la perfection absolue, but ultime de tous les chrétiens, suscitait énormément de controverse. En 1893, Burns fut accusé par son Église de propager l’hérésie, d’attaquer l’Écriture sainte, de soutenir des positions ariennes, d’enseigner que la gouverne divine était le message essentiel de l’Évangile et de négliger les grandes doctrines méthodistes. Il refusa d’assister à son procès ; les accusations furent maintenues et, en 1894, la Conférence de Guelph lui retira la qualité de ministre. Son proche collaborateur, le révérend Albert Truax, avait été condamné deux fois en 1893 sous des accusations semblables. Pour l’Église méthodiste du Canada, rompre avec l’association, ce n’était pas renoncer à viser la sainteté, mais plutôt, comme le notait un contemporain, refuser des « prétentions impies au sujet de la sainteté ».
Presque aucune source ne donne d’indications sur la suite de l’existence de Burns. D’après son Autobiography, ouvrage posthume, l’Expositor parut jusqu’en 1901. Apparemment, au plus tard en 1898, la Canada Holiness Association se fondit dans la Christian Association ; cette année-là, Burns était pasteur de l’église de cette association à Toronto. En 1905, la Christian Association érigerait son premier temple, la First Church of the Christian Association ; cette église fermerait ses portes au début des années 1970, faute de fidèles.
Nelson Burns mourut en 1904 chez lui à Toronto. Dans un appendice à son Autobiography, Truax révéla que, bien que la cause du décès ait été l’angine, Burns avait invoqué le principe de la gouverne divine pour revendiquer le droit de mettre fin à ses jours rapidement et sans douleur.
L’ouvrage de Nelson Burns, Divine guidance, or the holy guest [...], a été publié à Brantford, Ontario, en 1889. Son Autobiography of the late Rev. Nelson Burns, b.a. a paru probablement à Toronto après sa mort.
EUC-C, 13/5, files 52–53 ; 40/2, box 11, file 2 ; 3022, files 21c, 24a, 132.— Univ. of Toronto Arch., P78-0158 (Univ. of Toronto, class and prize lists), 1853–1857.— Christian Guardian, 1879–1895.— Globe, 6 juin 1893, 16 juin 1904.— G. F. Atter, « The third force » : a Pentecostal answer to the question so often asked by both our own young people and by members of other churches, « Who are the Pentecostals ? » (Peterborough, Ontario, 1962).— S. D. Clark, Church and sect in Canada (Toronto, 1948).— Cornish, Cyclopœdia of Methodism.— Expositor of Holiness (Toronto), 1 (1882–1883)–12 (1893–1894).— J. W. Grant, The church in the Canadian era : the first century of confederation (Toronto, 1972 ; [éd. rév.], Burlington, Ontario, 1988).— A guide to the study of the holiness movement, C. E. Jones, compil. (Metuchen, N.J., 1974).— C. E. Jones, Perfectionist persuasion : the holiness movement and American Methodism, 1867–1936 (Metuchen, 1974).— [J. C. McLennan], « The Literary and Scientific Society – a fiftieth anniversary », Univ. of Toronto Monthly, 4 (1903–1904) : 135–138.— H. W. Pointen, « The Holiness Movement Church in Canada » (thèse de b.d., Univ. of Toronto, 1950).— B. R. Ross, « Ralph Cecil Horner : a Methodist sectarian deposed, 1887–1895 », article paru dans un numéro commun du Canadian Church Hist. Soc., Journal (Sudbury, Ontario), 19 (1977) et du EUC, Committee on Arch., Bull. (Toronto), no 26 (1977) : 94–103.— The so-called heresy case at Galt : containing the judicial record and history of the case before the courts of the Presbyterian Church in Canada [...] ([Toronto ?], 1889).
Ron Sawatsky, « BURNS, NELSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/burns_nelson_13F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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