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BURKE, EDMUND, architecte, né le 31 octobre 1850 à Toronto, fils de William Burke, marchand de bois et constructeur, et de Sarah Langley ; le 27 juillet 1881, il épousa à Sackville, Nouveau-Brunswick, Minnie Jane Black, fille de Joseph Laurence Black*, et ils eurent trois filles et un fils ; décédé le 2 janvier 1919 à Toronto.
Edmund Burke était l’aîné d’une famille de six enfants. Il commença ses études à la Jesse Ketchum School de Toronto, puis, de 1863 à 1865, alla à l’Upper Canada College, où il se rangea parmi les premiers de sa classe. À l’âge de 14 ans, il amorça son apprentissage chez son oncle, l’architecte torontois Henry Langley*. Il compléta sa formation en suivant des cours du soir en mathématiques au Mechanics’ Institute. En 1872, son oncle le prit comme associé ; leur association se fit dans les formes l’année suivante.
Étant donné que Langley faisait surtout de l’architecture religieuse, la compétence de Burke en ce domaine était assurée. Sa première commande importante – l’église baptiste Jarvis Street (1874–1875) – révèle une maturité rare et un degré exceptionnel d’indépendance par rapport à son mentor. Financée par le principal client de Burke, le sénateur William McMaster*, baptiste comme lui, l’église était l’une des premières en Ontario à avoir un amphithéâtre et comportait une école du dimanche faite de classes disposées en étoile, suivant le fameux plan Akron conçu par l’évêque américain John Heyl Vincent. D’origine américaine, la femme de McMaster, Susan, et le révérend John Harvard Castle*, de l’église baptiste Bond Street, qu’elle proposa comme pasteur de l’église Jarvis Street, semblent avoir influé sur le choix de ce plan. Les versions subséquentes du même plan étaient remarquables non seulement en raison de leurs variations de style, mais aussi de la distance qui, à l’intérieur, séparait les points d’appui des arcs. En voici quelques exemples notables : l’église méthodiste Sherbourne Street (aujourd’hui l’église unie St Luke), bâtie en 1886–1887, apparemment l’un des premiers bâtiments torontois qui ait été inspiré du style néo-roman de l’architecte américain Henry Hobson Richardson ; l’église méthodiste Trinity (aujourd’hui l’église unie Trinity–St Paul), construite en 1887–1889, dont l’intérieur, défini par quatre arches géantes couvertes d’un toit à lanterneau, est fort impressionnant ; l’église baptiste Walmer Road, datant de 1892, qui présente un curieux amalgame typique de la tendance arts et métiers – brique rouge, clair-étage orné de tuiles et pierre rustiquée.
Par contraste, les ouvrages résidentiels réalisés dans la même période par la firme Langley and Burke présentaient toute la gamme des caractéristiques associées à l’éclectisme ou au style Queen Anne. Les maisons dont la conception peut être attribuée à Burke seul s’inspiraient souvent des idées de l’architecte britannique Richard Norman Shaw. Burke comprimait les plans de Shaw, qui étaient grandioses et souples, pour en faire des rectangles bien nets, de manière que les bâtiments conservent la chaleur et que la lumière du soleil pénètre dans chaque pièce. À l’extérieur, il utilisait divers détails éclectiques tels les bardeaux, la terre cuite et les bordures de pignon décorées – détails en vogue notamment grâce à Shaw –, ce qui rompait la monotonie des maisons de ville en brique rouge de Toronto. Burke comptait parmi ses clients l’entrepreneur torontois Robert Simpson* et les éminents baptistes Daniel Edmund Thomson et Charles Joseph Holman. La firme de Burke employa le style américain à bardeaux, analogue au style Queen Anne, pour des cottages de Lorne Park, près de Port Crédit, puis pour des maisons de Sackville et de Halifax.
En 1880–1881, Burke explora l’éclectisme de manière audacieuse, mais non point tout à fait satisfaisante, en remplissant une deuxième commande de McMaster. Le McMaster Hall, qui devait loger le Toronto Baptist College et où se trouve maintenant le Royal Conservatory of Music, combinait en effet des éléments du néo-roman de Richardson, du style Queen Anne et du néo-gothique de l’apogée de l’époque victorienne. L’Army and Navy Store de la rue King East, exécuté en deux phases de 1887 à 1890, présentait une synthèse plus réfléchie de motifs traditionnels et de matériaux fonctionnels, comme en témoigne la façade de trois étages en verre laminé enserrée dans une seule arche monumentale. En 1890, Burke était architecte-concepteur associé au bureau de Langley, et sa propension à innover défiait les traditions de ce bureau. En 1892, comme le fils de Langley était sur le point de se joindre à l’équipe, Burke acheta la prestigieuse étude de feu William George Storm* et s’établit à son compte, malgré une crise économique qui allait en s’aggravant.
Presque immédiatement après, Burke aborda deux importantes commandes de manière radicalement nouvelle. La première était l’Owens Art Gallery (1893), au Mount Allison College de Sackville, où sa sensibilité aux nouvelles tendances de l’architecture américaine refit surface. Dans une vigoureuse étude de l’éclectisme associé au style Beaux-Arts, il conçut une façade sans fenêtre dont la sévérité évoquait la solennité des mausolées de la période hellénistique. Les mêmes idées architecturales seraient appliquées avec succès dans la cour d’honneur de l’Exposition universelle de Chicago plus tard la même année. Pour sa deuxième commande, le magasin de Robert Simpson à Toronto (1894), Burke adopta un style et des techniques perfectionnés par les concepteurs et constructeurs des gratte-ciel de Chicago. Au Canada, les murs porteurs étaient encore la règle ; utiliser un treillis fenestré fait d’étroits piliers de brique soutenus au niveau de la mezzanine par des poutres métalliques en I était donc une innovation importante. Ce type de construction posait d’énormes problèmes de génie, mais Burke put compter sur l’aide d’un correspondant, lui aussi ancien élève de Langley, John Charles Batstone Horwood, qui terminait ses études à New York. En décembre 1894, Burke et Horwood s’associèrent.
Quelques mois plus tard, un incendie d’origine criminelle détruisit le chef-d’œuvre de Burke, mais Simpson lui confia immédiatement la reconstruction du magasin, en acceptant qu’il le fasse à l’épreuve du feu (Simpson avait refusé ces précautions la première fois. La construction de ce bâtiment marqua un point tournant dans l’architecture canadienne : après avoir résisté farouchement aux méthodes et matériaux nouveaux, les architectes canadiens assimilèrent la technique de construction des gratte-ciel, faisant ainsi un pas vers l’adoption de l’esthétique économique du modernisme. La réputation de Burke et Horwood dans le domaine de la conception des magasins de détail était faite. En 1910, lorsque la Hudson’s Bay Company chercha des architectes pour dessiner trois grands magasins dans l’ouest du Canada, elle retint Burke, Horwood and White – le troisième associé était Murray Alexander White – de préférence à une firme bien connue de Chicago, celle de Daniel Hudson Burnham.
Burke eut le mérite de travailler à l’organisation, à la formation et à la réglementation de la profession d’architecte avant même que celle-ci soit officiellement reconnue au Canada. Dès 1874, il fut élu à la toute nouvelle Ontario Society of Artists ; deux ans plus tard, il tenta avec d’autres, mais sans succès, de fonder une association d’architectes. En 1887, lorsque naquit l’Architectural Guild of Toronto, il fit partie de la direction de cet organisme. Cofondateur de l’Ontario Association of Architects en 1889, il en fut président en 1894 et de 1905 à 1907 ; il participa également aux nombreux programmes de formation de cette association à titre d’examinateur et d’instructeur, et fut durant des années président du chapitre de Toronto. En 1906–1907, il fit partie du bureau fédéral d’évaluateurs qui devait sélectionner, au moyen d’un concours public, un plan pour des édifices ministériels à Ottawa. Une âpre querelle ayant surgi parce que le gouvernement s’appropriait des idées présentées par les candidats, Burke réagit en mettant sur pied, avec d’autres en 1907, l’Institut d’architecture du Canada. À la première assemblée générale de cet organisme, tenue à Ottawa l’année suivante, il fut élu à l’un des postes de vice-président. Il fit partie du conseil de la Toronto Technical School et figurait parmi les membres de l’Engineers’ Club of Toronto et du Royal Institute of British Architects. Il était membre associé de l’Académie royale canadienne des arts et fut vice-président de la Toronto Guild of Civic Art, où il s’occupa beaucoup d’urbanisme.
Sérieux, prudent dans ses méthodes, résolu à se tenir à la fine pointe du progrès et toujours soucieux de servir le public, Burke avait l’estime de ses collègues et était à l’avant-garde de sa profession au Canada. Bien qu’il ait été libéral, il soutenait la Politique nationale protectionniste des conservateurs. Selon Henry James Morgan, il croyait « que le Can[ada] devait être une nation unie, sans distinctions de classe ni de confession religieuse, et s’oppos[ait] pour cette raison au bilinguisme et aux éc[oles] séparées » ; « toutes les questions de relations du travail touchant la population en gén[éral] », devaient, soutenait-il, être réglées par « arbitrage obligatoire ». À Toronto, il appartenait au National Club, au Canadian Club et au Rosedale Golf Club, et servit durant de nombreuses années à l’église baptiste Jarvis Street en tant qu’instituteur à l’école du dimanche, président du comité de la chorale et diacre.
Edmund Burke mourut d’une pneumonie en 1919. Inattendue, sa disparition fut vivement regrettée. Le conseil de l’Ontario Association of Architects loua sa droiture morale, sa conscience professionnelle et son altruisme et, faisant allusion à des qualités plus personnelles, sa bonté et son amabilité, souvent mises à l’épreuve dans de vifs débats. Il laissait dans le deuil sa femme et leurs trois filles. Il fut inhumé au Mount Pleasant Cemetery, dont il avait dessiné la chapelle mortuaire en 1893.
Les principaux dépôts regroupant des dessins provenant d’entreprises où Edmund Burke a été associé sont les AO, Architectural Drawings Coll., C 11 (coll. Horwood) ; la MTRL, BR, Henry Langley papers ; les Canadian Baptist Arch., McMaster Divinity College (Hamilton, Ontario) ; les PAM, HBCA ; les City of Vancouver Arch., Add. lutes 787 (plans pour le magasin de la Hudson’s Bay Company à Vancouver) ; et les ANQ-M, P-147 (coll. des plans d’architecture).
On trouve des textes de Burke ou des détails concernant sa carrière dans Allisonia (Sackville, N.-B.), American Architect and Building News (Boston), Beaver, Canadian Architect and Builder (Toronto), Civic Guild of Toronto, Monthly Bull., Construction (Toronto) et McMaster Univ. Monthly (Toronto).
AN, RG 11, 4239, file 1298-1 ; RG 31, C1, 1861, Toronto, St Andrew’s Ward : 1108 ; 1871, St Andrew’s Ward : 2 ; St David’s Ward : 9 ; 1881, St Thomas’s Ward : 19.— AO, C 11, MU 3985, indentures of agreement, 1871–1909 ; F 1140 ; F 1403 ; RG 22-305, nos 13364, 37398 ; RG 55-17-63, no 694 CP.— APNB, RS159, I5/4 : 420, no 8093.— Arch. privées, Robert Hill (Toronto), « The biographical dictionary of architects in Canada, 1800–1950 », Robert Hill, édit. (en cours de préparation).— Art Institute of Chicago, D. H. Burnham letter-books.— City of Toronto Arch., RG 5, F, building permits ; RG 242 (Civic Improvement Committee), report, 28 déc. 1911.— EUC-C, Church records, Toronto Conference, St Luke’s United (Toronto), Sherbourne Street Methodist, board of trustees, minutes, 1871–1894 ; Trinity Methodist United (Toronto), board of trustees, sept.–oct. 1887.— Mount Allison Univ. Arch. (Sackville), Mount Allison Univ., Board of regents, minutes of meetings, 31 mai, 8 août 1893.— Mount Pleasant Cemetery (Toronto), Burial records and tombstone inscription.— MTRL, BR, Civic Guild of Toronto papers ; Picture Coll.— UTA, A74-0018/96.— Evening Star (Toronto), 4, 15 mars, 13 avril 1893.— Globe, 3 janv. 1919.— Toronto Daily Mail, 29 déc. 1876.— Toronto Daily Star, 3 janv. 1919.— Annuaire, Toronto, 1850–1851, 1878, 1889, 1913.— E. [R.] Arthur, Toronto, no mean city, éd. rév. par S. A. Otto (3e éd., Toronto, 1986).— Canada, Chambre des communes, Débats, 1907–1913.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— A. [K.] Carr, « From William Hay to Burke, Horwood & White : a case history in Canadian architectural draughting style », Soc. for the Study of Architecture in Canada, Bull. (Edmonton), 15 (1990), no 2 : 41–51 ; « On the highest plane of his possibilities » : the career of Toronto architect Edmund Burke (1850–1919) » (thèse de
Angela K. Carr, « BURKE, EDMUND (1850-1919) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/burke_edmund_1850_1919_14F.html.
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Auteur de l'article: | Angela K. Carr |
Titre de l'article: | BURKE, EDMUND (1850-1919) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |