BULYEA, GEORGE HEDLEY VICARS, homme d’affaires, homme politique et lieutenant-gouverneur, né le 17 février 1859 à Gagetown, Nouveau-Brunswick, fils de James Albert Bulyea et de Jane Blizzard, fermiers ; le 29 janvier 1885, il épousa à cet endroit Annie Blanche Babbit ; décédé le 22 juillet 1928 près de Peachland, Colombie-Britannique.

Les parents de George Hedley Vicars Bulyea étaient tous deux d’ascendance loyaliste. Bulyea fit ses études à la grammar school de Gagetown et à la University of New Brunswick, où il reçut en 1878 un diplôme avec spécialisation en mathématiques et en français. Enseignant à la Sheffield Academy de 1878 à 1882, il partit ensuite pour l’Ouest et s’installa d’abord à Winnipeg, puis en 1883 à Qu’Appelle (Saskatchewan). Là, il s’engagea dans diverses entreprises commerciales, notamment la vente de meubles et d’assurances ainsi que dans le négoce de la farine, des céréales et du fourrage. Dès 1886, il était commissaire d’écoles, membre fondateur de la South Qu’Appelle Agricultural Association et trésorier du conseil local des Royal Templars of Temperance. En 1888, il occupait la présidence de la Northwest Prohibitory Alliance. Il était de confession baptiste. Sa femme, Annie Blanche Babbit, militerait beaucoup à l’Union chrétienne de tempérance des femmes et à la Baptist Ladies’ Aid de Regina. Elle fut aussi présidente du Local Council of Women de 1901 à 1905. Leur seul enfant, Percy McFarlane Bulyea, mourut en 1901 à l’âge de 15 ans.

En 1891, Bulyea se porta candidat au siège de South Qu’Appelle à l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest, mais il perdit. Après une première victoire en 1894, il fut réélu en 1898 et en 1902. Il fit partie du gouvernement du premier ministre Frederick William Gordon Haultain* à compter du 7 octobre 1897, d’abord à titre de membre non résidant (essentiellement ministre sans portefeuille), puis à compter de janvier 1898 en qualité de commissaire du Yukon. Nommé le 12 janvier 1899 commissaire de l’Agriculture et secrétaire des Territoires, il devint le 4 février 1903 commissaire des Travaux publics et exerça cette fonction jusqu’en 1905 tout en gardant son poste de secrétaire. En politique fédérale, il soutenait le Parti libéral. C’était aussi un fervent défenseur des droits territoriaux. Dès 1890, il avait affirmé que le pouvoir de dépenser les revenus perçus dans les Territoires et la subvention annuelle d’Ottawa devait appartenir à un Conseil responsable devant l’Assemblée. La responsabilité ministérielle fut instaurée en 1897, mais à cause de la politique fédérale de colonisation de l’Ouest le gouvernement territorial faisait face à une demande de services de plus en plus forte, sans que la subvention d’Ottawa augmente suffisamment pour qu’il soit en mesure d’y répondre. Un nombre croissant d’habitants des Territoires revendiquaient donc un plein statut de province.

Bulyea se trouvait dans une situation difficile. D’une part, il restait fidèle aux libéraux fédéraux, était l’un de leurs principaux organisateurs dans le district d’Assiniboia et tenait à éviter les conflits entre Ottawa et le gouvernement territorial, dont les membres, officiellement, ne se réclamaient d’aucune formation politique. D’autre part, à titre de membre de ce gouvernement, il était très conscient des difficultés engendrées par le sous-financement fédéral et mesurait bien la popularité du parti pris du premier ministre Haultain en faveur des droits provinciaux. Haultain se rapprochait de plus en plus ouvertement des conservateurs fédéraux, et cette tendance s’accentua après que leur chef Robert Laird Borden*, qui dirigeait l’opposition à Ottawa, eut pris position en faveur des Territoires en 1902. Bulyea accompagna Haultain à Ottawa au début de 1903 pour plaider en faveur de l’autonomie. Toutefois, dans les mois suivants et en 1904, il parut se brouiller avec son chef, car il laissait entendre que les revendications en faveur des droits provinciaux seraient satisfaites en grande partie si les Territoires obtenaient des fonds supplémentaires et avaient le droit d’accorder des chartes à des chemins de fer.

Haultain et Bulyea représentèrent le gouvernement territorial aux négociations tenues à Ottawa en janvier et février 1905 sur le statut de province. Convaincu de pouvoir la défendre auprès des libéraux de l’Ouest, Bulyea appuya en particulier la version révisée de l’alinéa sur l’instruction publique contenue dans les projets de loi d’autonomie telle qu’elle fut formulée après que Clifford Sifton eut démissionné du cabinet de sir Wilfrid Laurier*. Le 25 juillet, après avoir conclu à l’impossibilité de confier une charge quelconque à Haultain parce qu’il avait exprimé en public son opposition à certains aspects de l’entente, Laurier offrit à Bulyea le poste de lieutenant-gouverneur de la nouvelle province de l’Alberta (en Saskatchewan, le poste alla à Amédée-Emmanuel Forget). « Votre longue fidélité au parti, écrivait Laurier, vous donne droit à ce que le parti est en mesure de vous offrir de mieux. » Bulyea accepta et prêta le serment d’office le jour de la création de la province, le 1er septembre 1905. Un autre mandat de cinq ans lui serait confié le 5 octobre 1910.

En temps normal, le rôle d’un lieutenant-gouverneur consistait surtout à participer à des cérémonies. Le 24 novembre 1905, Bulyea posa le dernier crampon de la section du Canadian Northern Railway qui aboutissait à Edmonton. Le 15 mars 1906, il inaugura la première session de la première législature de l’Alberta au Thistle Rink d’Edmonton. En 1908, la University of Alberta et son alma mater lui décernèrent un doctorat en droit. Deux ans plus tard, les circonstances le conduisirent à s’adonner à des activités d’un autre genre. À cause du scandale provoqué par un absurde contrat pour la construction de l’Alberta and Great Waterways Railway, le gouvernement libéral d’Alexander Cameron Rutherford*, premier détenteur du fauteuil de premier ministre en Alberta, vacillait [V. Charles Wilson Cross]. En février, Bulyea confia à Laurier qu’il fallait trouver « un ou des boucs émissaires » et dit espérer que « le Parti libéral ne subir[ait] pas de conséquences fâcheuses ou plutôt de préjudices ». Bientôt, il devint évident que le scandale entraînerait la chute du premier ministre. Bulyea, Laurier et le sénateur Peter Talbot, président de l’Alberta Liberal Association, se mirent donc en quête d’un remplaçant qui pourrait restaurer l’unité au sein du caucus gouvernemental. Finalement, leur choix se porta sur le juge en chef Arthur Lewis Watkins Sifton. Le 26 mai 1910, Bulyea informa l’Assemblée qu’il avait accepté la démission de Rutherford et demandé à Sifton de former un gouvernement. Il prorogea l’Assemblée afin de donner à Sifton le temps de se faire élire et de consolider son gouvernement. Cette procédure « inconstitutionnelle » fit hurler de rage l’opposition. Bulyea lui-même dit à Laurier : « J’ai bien peur d’avoir dû faire certaines choses qu’un L.G. [lieutenant-gouverneur] n’est pas censé faire, mais je pense que les résultats me donnent raison et, pour la prorogation de la Chambre, j’avais l’appui du premier ministre sortant et du nouveau premier ministre et, inutile de le dire, de presque tous les députés. » Le reste de son mandat fut assez calme.

George Hedley Vicars Bulyea quitta son poste de lieutenant-gouverneur en 1915 ; Robert George Brett lui succéda. Nommé le 20 octobre de la même année président de la Board of Public Utility Commissioners en Alberta, Bulyea exerça cette fonction jusqu’au 1er mai 1923. Il mourut le 22 juillet 1928 dans son ranch près de Peachland, en Colombie-Britannique, et fut inhumé cinq jours plus tard à Qu’Appelle. On peut voir dans l’édifice de l’Assemblée législative à Edmonton un portrait de lui, peint par Victor Albert Long.

David J. Hall

Il n’existe pas de collection volumineuse de papiers Bulyea. Les sources primaires les plus utiles pour sa correspondance sont les papiers Laurier et les papiers Sifton conservés à BAC, MG 26, G, et MG 27, II, D15, respectivement. On trouve aussi beaucoup de renseignements intéressants dans The formation of Alberta : a documentary history, D. R. Owram, édit. (Calgary, 1979). La source secondaire de loin la plus importante est L. G. Thomas, The Liberal party in Alberta : a history of politics in the province of Alberta, 1905–1921 (Toronto, 1959). [d. j. h.]

BAC, MG 26, A ; H.— PAA, PR1966.93/8 ; PR1969.42.— Univ. of Alta Arch. (Edmonton), file 2315-5 (honorary degree recipients) ; A. C. Rutherford fonds.— Calgary Herald, 23 juill. 1928.— Edmonton Journal, 23 juill. 1928.— Qu’Appelle Progress (Qu’Appelle, appelé par la suite Qu’Appelle Station [Qu’Appelle, Saskatchewan]), 1885–1886, 1889 ; publié ensuite sous le nom de Progress, 1899.— Alberta, Board of Public Utilities Commissioners, Annual report (Edmonton), 1915/1916–1923.— Alberta in the 20th century : a journalistic history of the province, [Ted Byfield et al., édit.] (12 vol. parus, Edmonton, 1991– ), 2–3.— F.-J. Audet, Dictionnaire biographique des gouverneurs, lieutenants-gouverneurs et administrateurs du Canada et de ses provinces, 1604–1921 (2 vol., s.l.n.d.).— D. R. Babcock, Alexander Cameron Rutherford : a gentleman of Strathcona (Calgary, 1989) ; « Autonomy and alienation in Alberta : Premier A. C. Rutherford », Prairie Forum (Regina), 6 (1981) : 117–128.— John Blue, Alberta, past and present, historical and biographical (3 vol., Chicago, 1924), 1.— Canadian annual rev., 1901–1928.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— CPG, 1901–1915.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 3.— Directory of the Council and Legislative Assembly of the North-West Territories, 1876–1905 (Regina, 1970).— D. J. Hall, Clifford Sifton (2 vol., Vancouver et Londres, 1981–1985).— J. S. Heard, « The Alberta and Great Waterways Railway dispute, 1909–1913 » (mémoire de m.a., Univ. of Alta, 1990).— C. C. Lingard, Territorial government in Canada : the autonomy question in the old North-West Territories (Toronto, 1946).— J. G. MacGregor, A history of Alberta (Edmonton, 1972).— A. O. MacRae, History of the province of Alberta (2 vol., [Calgary], 1912), 1.— Howard Palmer et Tamara Palmer, Alberta : a new history (Edmonton, 1990).— The parliamentary guide and work of general reference for 1898–9 [...], A. J. Magurn, édit. (Winnipeg et Ottawa, 1898).— J. T. Saywell, The office of lieutenant-governor : a study in Canadian government and politics (Toronto, 1957 ; réimpr., 1986).— Univ. of Alta, Calendar (Edmonton), 1908/1909–1910/1911.

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David J. Hall, « BULYEA, GEORGE HEDLEY VICARS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bulyea_george_hedley_vicars_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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