BULLEY, SAMUEL, capitaine de navire et marchand, né probablement en 1737, fils de John Bulley, d’Abbotskerswell, Angleterre ; en 1766, il épousa Joanna Wood, et ils eurent quatre fils et quatre filles ; décédé entre 1806 et 1809 à Teignmouth, Angleterre.

La firme Bulley and Job était une des quelque 12 firmes qui s’établirent à Teignmouth et dans les environs, entre 1770 et 1820. Toutes devaient leur existence à la pêche terre-neuvienne et principalement à la pêche hauturière sur le Grand Banc. Comme presque toutes les autres familles de la région, les Bulley étaient associés depuis des générations aux activités de pêche à Terre-Neuve. Cependant, peu de ces gens avaient réussi à s’enrichir ou à obtenir un rang social en s’adonnant à ce commerce, surtout si on les compare aux marchands de Poole, de Topsham ou de Dartmouth. La chance leur sourit à la fin de la guerre de Sept Ans : ce fut le début d’une expansion de la pêche à Terre-Neuve, qui dura près de 30 ans et qui permit à de nombreux employés, capitaines de navire, bye-boat keepers et planters de réussir. À cette fin, les hommes des villages situés aux alentours de Teignmouth choisirent la pêche sur le Grand Banc de Terre-Neuve, laquelle connut un essor rapide après 1763. Cette pêche était facilement accessible, car les navires étaient de petites dimensions et coûtaient peu. Par ailleurs, aux profits qu’on pouvait en retirer s’ajoutaient les bénéfices provenant du transport d’un grand nombre d’employés et de bye-boat keepers qui voyageaient chaque année entre les îles Britanniques et Terre-Neuve.

On ne connaît pas exactement les débuts de la carrière de Samuel Bulley, surtout en raison de l’existence de trois personnes du même nom qui firent du commerce à Terre-Neuve, à partir du Devon, entre 1750 et 1780. Il débuta probablement comme apprenti chez un des bye-boat keepers ou des propriétaires de navires du Devon, mais il acquit son propre navire en 1770 et en fut le patron pendant cinq années au cours desquelles il alla pêcher sur le Grand Banc de Terre-Neuve. Il s’associa probablement à la famille Wilking, propriétaire d’une pêcherie à St John’s. La guerre d’Indépendance américaine dut être pour Bulley une source de graves ennuis puisque, de 1775 à 1783, son nom n’apparaît ni parmi les propriétaires de navires, ni parmi les visiteurs à Terre-Neuve. Il devint probablement associé en second dans la Samuel Cocking and Company. Cependant, à la fin de la guerre, Bulley forma une nouvelle société avec Daniel Codner, de Kingskerswell, et Elias Rendell, de Combeinteignhead. En 1788, John Job, que Bulley semble avoir élevé après qu’il fut devenu orphelin en 1766, et qui avait fait son apprentissage comme tonnelier, fut envoyé à St John’s pour gérer le commerce terre-neuvien de la compagnie. Peu après, Job épousa une des filles de Bulley et devint un des associés de la compagnie. En 1796, Codner et Rendell s’étaient dissociés, et la firme prit le nom de Bulley and Job. Les deux fils aînés de Bulley, Samuel et Thomas, étaient alors adolescents ; en 1797, on envoya Samuel fils à Terre-Neuve comme mandataire, sous la tutelle de John Job. Un an plus tard, Thomas, âgé de 18 ans, devint commandant du brick Flora, propriété de la firme. En 1799, le Flora, ayant à son bord Job et les deux fils Bulley, fut capturé par un corsaire français pendant qu’il faisait route vers Terre-Neuve. Les passagers ne purent retourner en Angleterre qu’après une désagréable captivité de six mois. Samuel Bulley dut être fortement éprouvé par ce retard, car il n’y avait personne pour s’occuper du commerce à St John’s. Malgré ce revers et malgré les autres pertes causées par la guerre, la firme semble avoir prospéré. Tandis que les marchands de Dartmouth et de Poole devaient réduire leur activité commerciale à cause de la guerre, la firme Bulley and Job prenait régulièrement de l’ampleur. Par exemple, sa flotte, dont la moyenne était d’un navire par année de 1786 à 1793, passa à quatre par année de 1798 à 1806.

À la signature du traité d’Amiens en 1802, Samuel Bulley pouvait constater avec soulagement, sinon avec plaisir, que son entreprise avait pu survivre aux longues années de guerre. Cependant, les temps changeaient, et la pêche sur le Grand Banc, sérieusement compromise par les attaques ennemies et par les ravages des détachements de racoleurs qui enrôlaient de force un grand nombre de marins parmi les plus expérimentés, déclinait rapidement. Simultanément, l’ensemble des liens entre le sud-ouest de l’Angleterre et Terre-Neuve s’affaiblissaient, au fur et à mesure que la population sédentaire de Terre-Neuve s’accroissait et que la Révolution industrielle favorisait le développement des manufactures situées dans le nord et le centre de l’Angleterre au détriment de celles qui étaient déjà établies dans le sud-ouest du pays. Dès lors, le commerce avec Terre-Neuve se fit de plus en plus à partir de Liverpool ou de Londres plutôt qu’à partir de Dartmouth, d’Exeter ou de Poole. En 1805, la firme prit une décision qui allait assurer son salut : John Job et le plus jeune fils de Bulley, William Wilking, ouvrirent une succursale à Liverpool. Samuel père n’eut probablement presque rien à voir avec cette décision, car il était alors très malade. Il mourut peu de temps après, laissant à Job et à ses fils une modeste fortune et une base solide pour l’avenir.

Keith Matthews

East Devon Record Office, 53/6, box 34, testament de Daniel Codner of Kingskerswell, 1798 ; 2954A ; 3119A ; 3289S/1–2 ; 3419A ; 3420A ; Exeter City Arch., town customs accounts, 1750–1806.— Maritime Hist. Group Arch., Keith Matthews, « Profiles of Water Street merchants » (copie dactylographiée, 1980).— PANL, GN 2/1 ; P5/11.— PRO, ADM 7/154–155 ; 7/363–400 ; BT 98/3 17 ; CO 194.— St James Anglican Church (Teignmouth, Angl.), West Teignmouth, parish records.— Lloyd’s List.— London Evening-Post.— Public Advertiser (Londres).— Trewman’s Exeter Flying Post, or Plymouth and Cornish Advertiser (Exeter).— Whitehall Evening-Post or London Intelligencer (Londres).— Keith Matthews, A « who was who » of families engaged in the fisheries and settlement of Newfoundland, 1660–1840 ([St John’s], 1971).— Reg. of shipping.— C. G. Head, Eighteenth century Newfoundland : a geographer’s perspective (Toronto, 1976).— Keith Matthews, « A history of the west of England-Newfoundland fishery » (thèse de ph.d., Univ. of Oxford, Angl., 1968) ; Lectures on the history of Newfoundland 1500–1830 (St John’s, 1973).

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Keith Matthews, « BULLEY, SAMUEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bulley_samuel_5F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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