BUCHANAN, PETER, marchand, né le 25 juillet 1805 à Glasgow, Écosse, troisième fils de Peter Buchanan et de Margaret Buchanan ; décédé le 5 novembre 1860 à Adamton House, près de Monkton, Écosse, et inhumé à Glasgow.
Peter Buchanan commença son apprentissage du commerce en 1820 dans le bureau de son père, lui-même marchand à Glasgow. Après la mort de ce dernier en 1826, il prit en charge la famille et liquida l’entreprise paternelle, laquelle avait subi de lourdes pertes dans le commerce des Antilles. À la même époque, il s’associa à l’entreprise de produits chimiques de Robert Laing, à Glasgow. En 1834, après avoir visité le Haut-Canada et le nord des États-Unis, il convint d’acheter la firme de marchandises sèches en gros appartenant à la William Guild Junior and Company de Toronto avec son jeune frère Isaac*, qui était déjà associé à l’entreprise. La société se réorganisa pour former la Peter Buchanan and Company, à Glasgow, qui s’occupait des finances et de l’approvisionnement, et l’Isaac Buchanan and Company, à Toronto, qui s’occupait des ventes et de, la distribution. Peter commença, à partir de son siège de Glasgow, à retirer ses capitaux de la firme de Laing en 1834 et obligea Isaac à récupérer ses autres placements dans le Haut-Canada, afin que tous leurs capitaux puissent être investis dans la nouvelle entreprise. Celle-ci réalisa par la suite de gros profits, d’autres gammes de produits furent ajoutées et de nouvelles succursales furent ouvertes. En 1840, dans une tentative pour obtenir la mainmise sur le commerce dans l’ouest du Haut-Canada, Isaac et son associé, Robert William Harris*, obligèrent Peter à accepter la formation de la Buchanan, Harris and Company à Hamilton, laquelle devint bientôt, d’après Peter, la plus grosse maison de commerce de la province. Des succursales furent ouvertes à Montréal en 1841 et à New York quatre ans plus tard.
Bien qu’Isaac ait été officiellement son égal, Peter devint avec le temps l’âme dirigeante de l’entreprise. Une grande quantité de capitaux était nécessaire pour financer les marchandises en transit et pour soutenir le crédit, et la principale fonction de Peter consistait à gérer les opérations financières complexes de la société en Grande-Bretagne. Les Buchanan empruntèrent la plupart des capitaux qui servirent à financer leur entreprise en plein essor. Grâce à sa personnalité et à sa réputation, Peter put accumuler adroitement des marges de crédit chez les fournisseurs, les banques et les intermédiaires commerciaux tels que les agences maritimes. Il puisa dans ces sources de financement pour effectuer les paiements et utilisa les remises de fonds en provenance du Canada, qui tendaient à être saisonnières et à suivre les vicissitudes du commerce canadien des céréales, pour rembourser les dettes de la société. Buchanan vendait également les envois de marchandises de l’entreprise et en surveillait l’expédition à partir de la Grande-Bretagne, de même qu’il dirigeait les acheteurs de la compagnie. Par opposition à Isaac, Peter préconisait généralement la prudence en affaires et insistait sur la nécessité de consolider les bénéfices, mais il était incontestablement ambitieux et attentif aux nouvelles possibilités qui s’offraient. Son capital dans l’entreprise, qui était au départ de £7 500, augmenta à un rythme exceptionnel, dépassant les £190 000 (cours de Halifax) en 1856.
En 1838 et 1839, puis de nouveau de 1841 à 1843, Buchanan demeura à Toronto pour diriger les opérations commerciales de l’entreprise au Canada pendant qu’Isaac gérait les affaires en Grande-Bretagne. Durant ces années, Peter se prononça ouvertement sur des questions commerciales et se joignit aux mêmes clubs sociaux qu’Isaac, ainsi qu’à la milice locale. Par la suite, les affaires le ramenèrent plusieurs fois au Canada ; il y fit son plus long séjour de mai à octobre 1860, au moment où l’entreprise fut réorganisée. À cause de sa participation dans la Buchanan, Harris and Company et de ses visites au Canada, il devint le plus important homme d’affaires britannique à s’intéresser à la ville de Hamilton, où il était fort connu et où les opérations de l’entreprise furent concentrées après la fermeture du magasin de Toronto en 1844. Pour aider Hamilton et promouvoir son propre commerce, Peter exerça de 1845 à 1855 les fonctions de représentant à Londres de la compagnie ferroviaire la plus prospère des débuts du chemin de fer, la Great Western Rail-Road Company (appelée Great Western Railway à partir de 1853) [V. Charles John Brydges*]. Buchanan n’avait jamais fait affaire auparavant avec les chemins de fer, mais il devint rapidement une figure importante de la compagnie et s’occupa des négociations financières avec une habileté consommée. Il apporta sa plus grande contribution au cours de la période de 1849 à 1852, au moment où il engagea, avec Robert S. Atcheson, influent homme d’affaires anglais, la compagnie ferroviaire dans un projet inusité mais habilement conçu en vue de réunir des fonds sur le marché de Londres, traditionnellement méfiant à l’égard des projets coloniaux non encore réalisés. Le succès remporté par la vente d’obligations convertibles auprès des investisseurs britanniques permit à la Great Western de faire de rapides progrès. À mesure que la compagnie se bâtit une réputation et forma son propre personnel après 1853, le rôle de Buchanan en tant que représentant diminua, même s’il se joignit en 1854 au nouveau conseil d’administration de la Great Western à Londres.
Buchanan avait également été nommé en 1852 représentant de la Hamilton and Toronto Railway Company, filiale de la Great Western, et avec l’aide d’éminents Londoniens associés à la Great Western, il réunit des fonds pour cette filiale. Le groupe chercha à réaliser de gros profits à l’occasion de cette campagne et fut accusé par la suite de manœuvres frauduleuses. À cause en grande partie de cette accusation, la construction fut retardée si longtemps qu’une hausse abrupte des coûts absorba les profits escomptés. Pour protéger ses intérêts, Buchanan demeura actif dans la gestion de la Hamilton and Toronto Railway jusqu’à ce que les travaux soient achevés et que la société ait été fusionnée avec la Great Western en 1856, puis il s’en retira immédiatement.
Durant la période où il travailla comme représentant des compagnies ferroviaires, Buchanan utilisa efficacement sa haute cote de crédit pour le compte d’autres sociétés canadiennes en quête de capitaux. À la fin des années 1840, il aida l’Upper Canada Trust and Loan Company à trouver un appui financier en Grande-Bretagne. Il aida également la Commercial Bank of the Midland District, qui s’occupait d’une partie de ses transactions, à s’assurer de meilleures relations bancaires en Grande-Bretagne. D’un caractère réservé, Buchanan, qui demeura célibataire, était peu connu en dehors des cercles d’affaires britanniques, dont il était cependant un membre réputé. Il fit partie des conseils d’administration de la Buchanan Society (1849–1852), prestigieux organisme de charité et de généalogie, et de la Merchant’s House of Glasgow (1849–1853). En 1860, il fut élu membre du conseil d’administration de l’Union Bank of Scotland.
La solide position commerciale de Buchanan atténua quelque peu le dur impact de la crise de 1857 sur les entreprises des Buchanan au Canada et les effets de l’absence, cette année-là, d’importantes sources de financement en Grande-Bretagne. Face à la situation précaire de ses entreprises, il prit néanmoins des moyens pour corriger les problèmes financiers et comptables immédiats, notamment les faibles remises de fonds de la succursale de Hamilton, dont Isaac était directeur. La mort prématurée de Peter en 1860 mit brusquement un terme aux mesures draconiennes et souvent brutales qu’il avait instaurées pour réorganiser l’entreprise. Au cours d’une partie de chasse en Écosse, un de ses neveux le blessa accidentellement d’un coup de feu à la jambe, et il mourut par la suite du tétanos.
La carrière de Peter Buchanan illustre d’une façon particulièrement éloquente les liens commerciaux privés qui existaient entre la Grande-Bretagne et le Canada à cette époque et qui jouèrent un rôle important dans le développement rapide du système commercial canadien.
APC, MG 24, D16 ; RG 30, 1–2, 5, 10–11, 19, 361.— HPL, M. H. Farmer, « Calendar of the Buchanan papers, 1697–1896 [...] » (copie dactylographiée, 1962).— SRO, RD5/1113 : 165–181.— Williams & Glyn Bank Ltd. (Londres), Glyn Mills & Co., corr. received (mfm aux APC).— Daily Spectator, and Journal of Commerce, 22, 26 nov. 1860.— Times (Londres), 21 févr.–12 avril 1861.— Glasgow directory, 1826–1860.— Notes on the members of the Buchanan Society, nos. 1–366 (1725–1829), R. M. Buchanan, compil. (Glasgow, Écosse, 1931), n° 131.— P. A. Baskerville, « The boardroom and beyond : aspects of the Upper Canadian railroad community » (thèse de ph.d., Queen’s Univ., Kingston, Ontario, 1973).— Douglas McCalla, « The Buchanan businesses, 1834–1872 : a study in the organization and development of Canadian trade » (thèse de d.phil., Univ. of Oxford, Angl., 1972) ; « Peter Buchanan, London agent for the Grand Western Railway of Canada », Canadian business history ; selected studies, 1497–1971, D. S. Macmillan, édit. (Toronto, 1972), 197–216 ; The Upper Canada trade, 1834–1872 : a study of the Buchanans’ business (Toronto, 1979) ; « The Canadian grain trade in the 1840’s : the Buchanans’ case », SHC Communications hist., 1974 : 95–114.
Douglas McCalla, « BUCHANAN, PETER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/buchanan_peter_8F.html.
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