BRUCE, JOHN, instituteur et inspecteur d’écoles, né probablement en 1801 dans le comté de Perth, Écosse, décédé le 19 janvier 1866 à Lachute, Bas-Canada.

Les 50 premières années de la vie de John Bruce demeurent obscures. On sait qu’il s’établit à Montréal avant 1830 et qu’il y enseigna avec succès pendant plusieurs années. Le 2 mars 1852, Bruce fut nommé inspecteur des écoles protestantes de Montréal, du comté de Huntingdon et d’une partie des comtés de Châteauguay et d’Argenteuil, en vertu de la loi scolaire de 1851 qui créait le poste d’inspecteur et fixait à 23 le nombre de ces nouveaux fonctionnaires. Le district sous sa juridiction comprenait 198 écoles réparties dans 15 municipalités.

Dès sa nomination, John Bruce, dont le salaire annuel était de $800, manifesta un zèle remarquable pour le progrès de l’enseignement. En mars 1853, il adressa aux instituteurs de son district une importante circulaire comprenant deux parties : des directives générales aux syndics, aux instituteurs et aux élèves eux-mêmes sur le fonctionnement des écoles, et des instructions, ou conseils pédagogiques, aux maîtres qui souhaitaient améliorer leurs méthodes d’enseignement. Bruce y déplorait l’incompétence de nombreux instituteurs attribuable, selon lui, aux faibles salaires et au peu de considération sociale dont ils jouissaient, ce qui entraînait l’instabilité du personnel enseignant. Dans sa réponse au comité présidé par Louis-Victor Sicotte* et chargé d’enquêter sur l’état de l’éducation dans le Bas-Canada, en 1853, Bruce souligna à nouveau l’incompétence des instituteurs : « comme corps, [ils] sont incapables, et bien inférieurs à ce que devraient être des maîtres d’écoles primaires ».

De 1853 à 1866, Bruce effectua de nombreuses visites d’inspection dans les écoles de son district. Sa correspondance officielle et ses rapports d’inspecteur présentés au surintendant de l’Éducation abondent en remarques judicieuses sur la condition des instituteurs et en appréciations réalistes sur la situation des établissements scolaires de son district. Bruce compléta son action pédagogique par des conférences sur l’éducation traitant, entre autres, de l’importance de la langue, de la culture physique et d’une association des instituteurs ; il publia aussi une série imposante d’écrits dans le Journal of Education for Lower Canada, fondé en 1857 et destiné aux éducateurs. Plusieurs de ces articles parurent en français dans le Journal de l’Instruction publique.

Le travail assidu de John Bruce fut récompensé, si l’on en croit le témoignage qu’il rendit en 1859, à propos des écoles dont il avait la responsabilité : « J’ai autant à me louer aujourd’hui que lors de mon dernier rapport des progrès que fait l’éducation dans mon district d’inspection, et ces progrès sont sensibles dans plus de la moitié des écoles. [...] Les élèves d’au moins les cinq-huitièmes des écoles dont j’ai fait l’examen font preuve de capacité et de beaucoup d’intelligence. Ce qui surtout indique du progrès, c’est qu’un grand nombre d’enfants même apprécient mieux qu’ils ne le faisaient, il y a quelques années, l’instruction et tous les avantages qu’ils en retirent ; dans quelques municipalités, j’ai également remarqué que les contribuables ont sur ce sujet des idées plus exactes et savent ce que vaut un bon système d’enseignement. [...] Mais ce qui m’a plu davantage, ce sont les changements que l’on a fait subir aux méthodes d’enseignement dont jusqu’ici on a fait usage. C’est aujourd’hui l’intelligence que l’on s’attache à éclairer. »

Bruce mourut alors qu’il s’adressait aux élèves du Lachute College en janvier 1866. Il avait consacré plusieurs années de sa vie à la fonction d’instituteur et, à titre d’inspecteur d’écoles, il avait rendu d’éminents services à l’éducation en contribuant, entre autres, à la fondation du Lachute College (1855) et à celle de la Huntingdon Academy.

Louis-Philippe Audet

Outre sa correspondance et ses rapports d’inspecteur d’écoles au surintendant de l’Éducation, conservés aux ANQ-Q, QBC 27, John Bruce a écrit plusieurs articles concernant l’éducation dans le Journal of Education for Lower Canada (Montréal) des années 1859 à 1866.  [l.-p. a.]

ANQ-Q, QBC 27, nos 195–209, 214, 219, 234.— Canada, prov. du, Assemblée législative, Journaux, 1852–1853, 3, app.X ; 4, app.J.J.— Morgan, Bibliotheca Canadensis, 53.— Lionel Allard et Gérard Filteau, Un siècle au service de l’éducation, 1851–1951 ; l’inspection des écoles dans la province de Québec (2 vol. polycopiés, [Québec, 1951]), I, II (copie aux ANQ-Q).— André Labarrère-Paulé, Les instituteurs laïques au Canada français, 1836–1900 (Québec, 1965), 153, 171–174, 180.

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Louis-Philippe Audet, « BRUCE, JOHN (mort en 1866) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bruce_john_1866_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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