BROWN, PETER, journaliste et auteur, né le 29 juin 1784 à Édimbourg, en Écosse, fils de James Brown et de Jean Lyon ; en 1813, il épousa Marianne Mackenzie et ils eurent six enfants ; décédé le 30 juin 1863 à Toronto, Haut-Canada.

Peter Brown, fils d’un constructeur prospère, devint commerçant de tissus et « marchand général ». À Édimbourg, dans les années 1830, il possédait un vaste magasin de fournitures en gros et il était un citoyen respecté. Whig libéral instruit et consciencieux, il appuyait le mouvement réformiste qui prenait de l’ampleur en Grande-Bretagne et particulièrement à Édimbourg même. Aussi obtint-il le poste de percepteur des taxes dans l’administration municipale réformiste qui fut élue en 1835. L’année suivante, son service fut impliqué dans la perte de fonds publics évalués à quelque £2 800 qui avaient été mêlés avec ses comptes particuliers. Il ne fut pas accusé de malhonnêteté, et des amis qui s’étaient portés garants pour lui comblèrent le déficit. Brown se sentit profondément blessé dans sa réputation et il résolut de restituer l’argent. Se trouvant dans l’impossibilité de le faire, en raison de la crise économique mondiale, il décida d’émigrer en Amérique afin de refaire sa fortune. En avril 1837, il s’embarqua pour New York avec son fils aîné, George*, âgé de 18 ans.

À New York, ils ouvrirent un petit magasin de « marchandises sèches » dont le revenu permit à Brown de faire venir sa femme et ses quatre autres enfants en 1838. Cependant, il ne tarda pas à s’intéresser aux événements politiques des États-Unis et il se mit à rédiger des articles pour l’Albion de New York, journal de la communauté britannique. Malgré ses idées libérales à l’égard du régime parlementaire, il était opposé au suffrage universel. Il voyait des contradictions notables entre les revendications de liberté des Américains et la corruption de leur prétendue démocratie. En outre, il était un fervent abolitionniste et ne pouvait supporter l’existence de l’esclavage. Il fut ainsi amené à écrire une vive réplique à un volume américain critiquant les affaires britanniques, The glory and shame of England, rédigé en 1841 par C. E. Lester. L’ouvrage de Brown, The fame and glory of England vindicated, publié l’année suivante, était une comparaison à l’emporte-pièce des institutions et des lignes de conduite britanniques et américaines ; il souleva beaucoup d’intérêt en Grande-Bretagne, aux États-Unis et dans les colonies avoisinantes de l’Amérique du Nord britannique. C’est peut-être à la suite de cette expérience que Brown décida de se consacrer entièrement à la rédaction de textes sur les affaires publiques. En juillet 1842, il lança son propre journal, le British Chronicle, un modeste hebdomadaire qui s’adressait aux Écossais vivant à New York et au Canada.

Le journal prospéra et participa bientôt au débat qui divisait alors l’Écosse, à savoir la grande scission survenue dans l’Église presbytérienne quand l’Église libre se sépara du corps principal des fidèles. Presbytérien évangélique convaincu, Brown appuya en termes éloquents dans son journal les partisans de l’Église libre. Il fut alors invité par les principaux représentants de ce groupe au Canada à épouser la querelle presbytérienne. Il accepta l’invitation, mit un terme à la publication de son premier journal en juillet 1843 et lança le Banner à Toronto le mois suivant.

Son fils George collabora étroitement avec lui à la rédaction de cet hebdomadaire, comme il l’avait fait pour le précédent. Ensemble, ils ne tardèrent pas à engager le Banner dans les luttes politiques canadiennes et dans la querelle religieuse presbytérienne. De fait, le journal appuya vigoureusement la campagne menée par les réformistes pour l’obtention du gouvernement responsable. L’intervention des deux hommes dans la politique aboutit à la création d’un organe entièrement voué à la cause réformiste, le Globe de Toronto, fondé par George Brown en mars 1844. Peter et son fils Gordon participèrent à la rédaction et à la direction de ce journal, tandis que George collaborait encore au Banner ; les deux journaux étaient publiés au même bureau.

En 1848, toutefois, le Globe exigeait de plus en plus de travail ; le Banner avait vu l’Église libre du Canada s’établir avec succès, et Peter prenait de l’âge. Son journal cessa de paraître en juillet de cette année, mais il continua de collaborer loyalement et activement au Globe de son fils. Au début de 1850, il abandonna le journalisme ; il fut encore actif durant des années au sein de la Toronto Anti-Slavery Society et dans d’autres groupes philanthropiques ou d’esprit réformiste. D’une avidité incorrigible pour la discussion politique ou intellectuelle, au demeurant la bonté et l’amabilité mêmes, il mourut à Toronto le lendemain de son soixante-dix-neuvième anniversaire de naissance.

J. M. S. Careless

Les renseignements biographiques sont tirés de notre ouvrage Brown of The Globe, plus spécialement du chapitre 1 du premier volume.  [j. m. s. c.]

Peter Brown, The fame and glory of England vindicated [...] (New York et Londres, 1842).

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J. M. S. Careless, « BROWN, PETER (1784-1863) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/brown_peter_1784_1863_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    28 novembre 2024