BROSSEAU, JULIEN, capitaine de navire, officier de milice, homme politique et fonctionnaire, né le 14 août 1837 à Laprairie (La Prairie, Québec), fils de Julien Brosseau, aubergiste, et d’Émérence Robidoux ; le 29 août 1857, il épousa au même endroit Philomène Fortin (décédée en 1887), et ils eurent 13 enfants, puis le 8 octobre 1889 à Trois-Rivières, Québec, Marie-Anne-Alphonsine Normand, veuve de l’avocat Joseph-François-Wenceslas Bureau, et deux fils issus de ce mariage lui survécurent ; décédé le 15 mars 1912 à Laprairie.

Julien Brosseau appartient à une famille établie à Laprairie depuis plusieurs générations et dont bien des membres ont fait partie de l’élite locale. On sait peu de chose des 20 premières années de sa vie, sauf qu’il étudie au séminaire de Saint-Hyacinthe de 1847 à 1851. En 1857, au moment de son mariage, il est capitaine du traversier à vapeur l’Aigle, qui fait la navette entre Laprairie et Montréal. Brosseau s’intéresse activement au développement de Laprairie. En 1867, il se joint à un groupe de résidents de son village pour mettre sur pied la Compagnie de navigation de Laprairie, reconnue juridiquement trois ans plus tard. Les associés veulent construire des bateaux, des quais et débarcadères, et assurer le transport du fret ainsi que des passagers entre le port de Montréal et Laprairie. Directeur de la compagnie durant plusieurs années, Brosseau en est nommé président en 1885.

Par ailleurs, du 21 janvier 1864 au 1er juin 1875, Brosseau a assumé les fonctions de secrétaire-trésorier de la municipalité de Laprairie. Appelé à suivre de très près la vie municipale pendant toutes ces années, il décide, en janvier 1876, de se présenter à la mairie. Élu le 17 janvier, il occupera ce poste jusqu’au 19 janvier 1885. À compter de 1892 et jusqu’à sa mort, il sera registrateur du comté de Laprairie.

Homme politique et homme d’affaires, Brosseau trouve également le temps de prendre part à la vie militaire. Dès le 14 juin 1872, il est nommé capitaine d’une compagnie d’infanterie du 21e bataillon de milice du Richelieu, bien que son nom n’apparaisse pas sur la liste des officiers de milice deux ans plus tôt. Il obtient ensuite une promotion directe au rang de lieutenant-colonel et commandant d’un nouveau bataillon d’infanterie de milice, le 85e, le 4 juin 1880. Ce bataillon, qu’il a mis sur pied avec d’autres membres de la petite bourgeoisie canadienne-française de la rive sud et de la rive nord de Montréal, ainsi que de la ville même, possède un corps d’officiers presque entièrement canadien-français.

Brosseau a le sens de l’organisation : l’enrôlement ainsi que les premiers temps d’activités du bataillon ne lui causent pas de problèmes sérieux. On ne tarde pas à créer une fanfare et un club de tir pour ces miliciens à temps partiel. Le rapport du ministre de la Milice et de la Défense sur le premier camp d’entraînement du bataillon est élogieux. Même si, à cette époque, les ressources accordées aux bataillons sont maigres, au point que les officiers doivent parfois y apporter leur soutien financier personnel, Brosseau ne semble pas se plaindre. Il se dit totalement satisfait de l’encadrement offert par la loi sur la milice de 1879, en vertu de laquelle il a formé son bataillon, et ne songe pas à faire de règlement supplémentaire.

Si le lieutenant-colonel Brosseau embrasse la carrière de volontaire avec enthousiasme et participe ainsi au militarisme qui anime une bonne partie de l’Europe et de l’Empire à cette époque, il ne semble pas pour autant avoir été un soldat remarquable. Au premier concours de tir du bataillon, en septembre 1882 à Laprairie, il termine parmi les derniers. Toutefois, ce sont surtout les occasions de s’illustrer militairement qui font cruellement défaut aux soldats volontaires et à Brosseau. En effet, le bataillon ne peut pas participer à la seule campagne militaire de l’époque, l’expédition du Nord-Ouest en 1885 [V. sir Frederick Dobson Middleton*]. Ce sont le 65e bataillon (fusiliers Mont-Royal) et le 9e bataillon des Voltigeurs de Québec qui représentent l’effort militaire principal du Canada français au moment de cet épisode. Après 12 ans à la tête du bataillon, Brosseau quitte le service militaire le 22 juillet 1892, sans avoir connu l’action.

L’histoire du 85e bataillon mis sur pied par Julien Brosseau est celle d’une réussite. Le bataillon continue de bien fonctionner après son départ et il réussit à maintenir son existence en devenant le régiment de Maisonneuve le 23 mars 1920. À cause de sa longue tradition et de son succès durant la Deuxième Guerre mondiale, le régiment de Maisonneuve va devenir un exemple et constituer un puissant ferment de la tradition militaire canadienne-française. Cette réputation, le régiment la doit en partie à Julien Brosseau.

Roch Legault

AN, RG 9, II, B4, 2 : 97.— ANQ-M, CE1-2, 14 août 1837, 29 août 1857 ; P-60 (copies conservées à la Soc. hist. de La Prairie de la Magdeleine, La Prairie, Québec).— ANQ-MBF, CE1-48, 8 oct. 1889.— Arch. du régiment de Maisonneuve (Montréal), D, 2 (biogr. du lieutenant-colonel Julien Brosseau) ; 29 (articles de journaux, 85e bataillon) ; 85e bataillon, reg. A.— Arch. du séminaire de Saint-Hyacinthe, Québec, Fichier des étudiants.— La Minerve, 15 mai 1885.— La Presse, 15, 19 mars 1912.— Le Richelieu (Saint-Jean, Québec), 11 juin 1936.— E. J. Chambers, Histoire du 65ème régiment Carabiniers Mont-Royal (Montréal, 1906).— Joseph Chevalier, Laprairie : notes historiques à l’occasion du centenaire de la consécration de l’église (s.l., 1941).— Philippe Constant [J.-J. Lefebvre], « le Breton Denis Brosseau † 1711, Trois-Rivières, tige d’une famille d’officiers canadiens », Soc. généal. canadienne-française, Mémoires (Montréal), 24 (1973) : 20–25 ; « le Sénateur Pierre Fortin (1823–1888) ; son ascendance – ses alliés », BRH, 68 (1966) : 87–96.— Jacques Gouin, Bon Cour et Bon Bras : histoire du régiment de Maisonneuve, 1880–1980 (Montréal, 1980).— Québec, Statuts, 1870, c. 43.— P.-G. Roy, la Famille Rocbert de La Morandière (Lévis, Québec, 1905).— Benjamin Sulte, Histoire de la milice canadienne française, 1760–1897 (Montréal, 1897).

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Roch Legault, « BROSSEAU, JULIEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/brosseau_julien_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    1 décembre 2024