BROSSARD, URBAIN, maître maçon, fils de Mathurin et de Michelle Bidaut, né à La Flèche, en Anjou, en 1633 ou 1634, inhumé à Montréal le 10 avril 1710.
Il vint à Ville-Marie avec la recrue de 1653. Engagé comme maçon et défricheur, il s’adonna toute sa vie à la construction et aux travaux agricoles.
Sa première entreprise date du 30 novembre 1658 : il s’engage à construire, à partir de mai suivant, une maison pour Raphaël-Lambert Closse*. En 1660, François Bailly* le prend pour trois ans comme associé. En compagnie de Michel Bouvier, il construit, six ans plus tard, une maison pour Pierre Chauvin. Avec Gilles Devennes et Bouvier, il élève en 1672, à Lachine, une vaste maison pour Jean Milot, taillandier et marchand de Montréal. En tête du contrat, un dessin, signé par Brossard (ses associés ne savaient pas écrire), montre les dispositions de ce bâtiment. Couvert par un toit en pavillon, il mesurait 50 pieds sur 25 et comprenait un rez-de-chaussée et deux étages, deux cheminées, une forge, un puits et un four extérieur. Avec les mêmes associés, Brossard construit en 1676 une maison pour Daniel Greysolon Dulhut, et, en 1680, avec le seul Bouvier, une maison pour Philippe Dufresnoy Carion.
Les dix années suivantes ne sont marquées que par des travaux d’ordre secondaire : fondations, pignons et mansardes pierrottés, cheminées et foyers. Suivent ensuite plusieurs ouvrages importants : en 1690, avec Michel Dubuc, une maison pour le marchand Claude Pothier ; en 1692, les maisons de Pierre Legardeur* de Repentigny et, de Claude Dudevoir, en compagnie respectivement d’Étienne Campot et de Jean Mars ; en 1695, un agrandissement considérable à la maison de Jean-Vincent Philippe de Hautmesnil ; enfin, en 1704, avec Jean Deslandes, un moulin dans la seigneurie de Pierre de Saint-Ours.
Brossard était bon maçon et connaissait la taille de la pierre ; à l’occasion, il agissait même comme fournisseur de pierre et carrier. Ses marchés nous renseignent sur les méthodes de travail et les procédés de construction utilisés de son temps. On y voit que les entreprises sont généralement exécutées par des sociétés de maçons solidairement responsables et non par un seul entrepreneur. Ces maçons n’engagent, la plupart du temps, que « leur peyne et leurs outils », et, comme ils sont une vingtaine à Montréal et dans les environs, ils n’éprouvent pas le besoin de former des apprentis. L’emploi de la pierre taillée est rare ; on se contente le plus souvent de « pierre de Caillous et des champs ». Il faut enfin noter la fréquence du colombage pierrotté, mode ancien de construction dont l’usage se poursuivra au siècle suivant.
En 1660, Brossard avait épousé Urbaine, fille unique de Sébastien Hodiau, Fléchois comme lui. Celle-ci mourut en 1681, après lui avoir donné huit enfants, dont Catherine, qui épousa le maçon Jean Sareau, et Madeleine, qui s’unit au fils du maçon Étienne Campot, François, le taillandier.
AJM, Greffe d’Antoine Adhémar ; Greffe de Bénigne Basset ; Greffe d’Hilaire Bourgine ; Greffe de Claude Maugue ; Greffe de Pierre Raimbault.— ANDM.— Jug. et délib., II : 734.— Recensements de 1666–1667 et 1681 (Sulte).— DBC, I : 79s.— R.-J. Auger, La grande recrue de 1653 ( « MSGCF », I, Montréal, 1955), passim.— [Faillon], Histoire de la colonie française, II : 536.— Morisset, L’architecture en Nouvelle-France, 129.— É.-Z. Massicotte, Maçons, entrepreneurs, architectes, BRH, XXXV (1929) : 133s.
Jules Bazin, « BROSSARD, URBAIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/brossard_urbain_2F.html.
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Auteur de l'article: | Jules Bazin |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |