Titre original :  Margaret (Campbell) Baikie, Daniel Campbell, and Lydia Campbell. Mulligan, c.1895. Flora Baikie collection. Image courtesy Them Days, Happy Valley-Goose Bay, NL.

Provenance : Lien

BROOKS, LYDIA (Blake ; Campbell), auteure d’un journal, née le 1er novembre 1818 dans l’inlet Hamilton, Labrador, une des trois enfants de l’Anglais Ambrose Brooks et de sa femme inuit, Susan ; vers 1834, elle épousa à Rigolet, Labrador, William Blake, et ils eurent cinq enfants, puis Daniel Campbell, et de ce second mariage naquirent huit enfants ; décédée en avril 1905 à Mulligan River, Labrador.

En 1894, un ministre terre-neuvien du culte, Arthur Charles Waghorne, soumit pour publication à l’Evening Herald de St John’s l’autobiographie de Lydia Campbell, « vieille femme de la baie Grosswater, au Labrador, qu[’il] connai[ssait] quelque peu ». L’année précédente, il lui avait fait parvenir « un cahier d’exercices et la suppliait de bien vouloir noter, à [son] intention, quelques détails sur la vie et les usages au Labrador ». Écrits chez elle, à Mulligan River, sous forme de journal, les mémorables « Sketches of Labrador life » de Lydia Campbell parurent dans l’Evening Herald en 13 tranches, du 3 décembre 1894 au 17 mai 1895.

Apparemment, Mme Campbell n’avait eu pour instituteur que son père, trappeur pour le compte de la Hudson’s Bay Company. Il « n’avait, disait-elle, aucun livre de classe, rien d’autre que la bible familiale et un Common Prayer pour nous enseigner. Alors nous en avons appris un peu de cette façon ». Dans sa vieillesse, pourtant, elle se révéla une écrivaine observatrice, douée de sens poétique et pleine d’esprit. En lisant les tableaux de ce témoin du xixe siècle labradorien, on voit resurgir son enfance et sa famille. On participe aussi aux épreuves et aux bonheurs de ces gens qui vivaient au rythme des saisons : pêcheurs installés sur la pointe en été, ils regagnaient en septembre l’abri des baies afin de passer l’hiver à chasser dans les bois. Mme Campbell écrit par exemple : « C’est si joli à l’automne, quand nous revenons de nos quartiers d’été, à plus de 70 milles d’ici. Quand nous suivons la côte dans notre grand bateau, de voir les canards dans notre baie en nous approchant de la rivière, et quand nous accostons sur les jolies rives puis remontons le sentier sous nos arbres, hauts de 50, parfois de 60 pieds ou plus, il nous arrive souvent de rencontrer un essaim de perdrix qui s’envolent vers les arbres. Et puis, avant notre arrivée à la maison, si jolie, c’est la bousculade parmi les petits qui verront les premières navettes et les premières pommes de terre, et, bien sûr, tout, autour de la maison, est vert, tant il y en a des navettes, et entre elles et le mur de la maison, certains automnes, il y a des cascades de graines noires. »

Outre ses souvenirs personnels – dont bon nombre sont douloureux – les écrits de Lydia Campbell renferment beaucoup du folklore labradorien, rieur ou sombre, ainsi que des notations instructives sur les habitants autochtones. « Lorsque mon cher vieux père est arrivé d’Angleterre, il n’y avait pas beaucoup de Blancs ici [...] C’était merveilleux, disait-il souvent en parlant d’ici, on pouvait faire des milles sans voir personne, sauf des Esquimaux et des Montagnais, et eux étaient nombreux, disait-il, des douzaines de canots de Montagnais decendaient de la grande baie [...] Je sais bien, moi, comme il est joli de voir beaucoup de canots d’écorce rougeoyer dans le soleil. Moi je les ai vus arriver, les hommes en train de gouverner et les femmes de pagayer, les enfants de chanter ou de bavarder, mais où sont[-ils] à présent, [je] vois à peine une famille maintenant, sauf en hiver. »

Le missionnaire méthodiste Arminius Young passa les années 1903 à 1905 au Labrador et raconta par la suite les visites qu’il avait faites à Lydia Campbell. En le lisant, on voit que cette « vieille dame originale » était très estimée en tant que matriarche et mémorialiste.

Lydia Campbell a laissé une nombreuse descendance au Labrador. À Happy Valley, l’immeuble qui abrite Them Days, périodique dirigé par Doris Saunders, son arrière-arrière-petite-fille, a été baptisé en son honneur.

Anne Hart

D’autres détails concernant Lydia Campbell ont été transmis à l’auteure par Doris Saunders, de Happy Valley, Labrador, au cours de conversations téléphoniques en décembre 1989 et septembre 1990.  [a. h.]

Une version abrégée en édition bon marché du texte de l’Evening Herald, éditée par Saunders, a été publiée par Them Days sous le titre de Sketches of Labrador life ([Happy Valley], 1980) ; elle reproduit plusieurs photographies de Lydia et d’autres membres de la famille, qui se trouvent au bureau du magazine. Un certain nombre d’extraits du journal de Lydia ont aussi été publiés : « A bit about my life », [Doris Saunders], édit., Them Days, 2 (1976–1977), no 3 : 51–57 ; « Excerpts from Lydia Campbell’s diary », Elizabeth Goudie, édit., Them Days, 2, no 4 : 46–48 ; « Lydia Campbell », Jean Ball, édit., Remarkable women of Newfoundland and Labrador (St John’s, 1976), 10–16 ; « Sketches of a Labrador life », Anne Hart, édit., les Cahiers de la femme (Scarborough [Toronto]), 3 (1981–1982), no 1 : 4–9 ; et « Sketches of Labrador life », From this place : a selection of writing by women of Newfoundland and Labrador, Bernice Morgan et al., édit. (St John’s, 1977), 44–47.

Centre for Newfoundland Studies, Memorial Univ. of Nfld (St John’s), G. M. Sider, « House and history at the margins of life : an alternative interpretation of the « invention of tradition » (texte dactylographié, 1986) (traite des écrits autobiographiques de Lydia Campbell et d’Elizabeth Goudie).— Roberta Buchanan, « Autobiography as popular culture : autobiographies of Labrador women » (communication faite à la conférence de la Popular Culture Assoc., Atlanta, Ga, 1986 ; exemplaire au Centre for Newfoundland Studies).— Arminius Young, A Methodist missionary in Labrador (Toronto, 1916) ; One hundred years of mission work in the wilds of Labrador (Londres, [1931]).

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Anne Hart, « BROOKS, LYDIA (Blake ; Campbell) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/brooks_lydia_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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