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BRISTOL, EDMUND JAMES, avocat, homme d’affaires et homme politique, né le 4 septembre 1861 à Napanee, Haut-Canada, fils d’Amos Samuel Bristol, médecin, et de Sarah Minerva Everitt (Everett) ; le 21 septembre 1899, il épousa Mary Dorothy Armour, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 14 juillet 1927 à Toronto.
Edmund James Bristol naquit dans une famille traditionnellement dévouée à la couronne. Cette famille était de souche anglaise, mais devait sa renommée à son loyalisme. L’arrière-grand-père d’Edmund James avait combattu pendant la Révolution américaine, ses grands-pères, pendant la guerre de 1812, et son père, contre les féniens.
Après avoir fréquenté des écoles publiques de Napanee et l’Upper Canada College de Toronto, Bristol passa à la University of Toronto en vue de faire carrière en droit. Étudiant de premier cycle, il fut élu président de la Literary and Scientific Society du University College. Il obtint une licence ès arts en 1883 et termina ses études à l’Osgoode Hall. Admis au barreau le 17 mai 1886, il demeura à Toronto, s’associa au cabinet Howland, Arnoldi, and Bristol et commença à faire de la politique dans le camp conservateur. Il fut nommé conseiller fédéral de la reine en 1896 et conseiller provincial du roi en 1908. Son mariage avec Mary Dorothy Armour en 1899 l’aida beaucoup dans sa carrière. Son beau-père, John Douglas Armour, était juge en chef de l’Ontario et son beau-frère Eric Norman Armour s’associa au même cabinet que lui en 1902.
Autorité reconnue en matière de droit des entreprises et de droit international, Bristol passait le plus clair de son temps à s’occuper de sa pratique et d’autres affaires dans lesquelles il réussissait fort bien. De ses bureaux de la rue Victoria, au cœur du district financier de Toronto, il facilita bon nombre de fusions, d’acquisitions et de capitalisations de sociétés. Par exemple, il négocia la fusion de deux détaillants de marchandises sèches qui donna lieu en 1910 à la formation de la Murray-Kay Limited. De même, il usa de ses relations politiques afin d’obtenir des investissements, des permis et des constitutions juridiques de société pour la Canada Securities Corporation, entreprise de formation récente qui talonnait déjà des maisons de commerce telle la Dominion Securities Corporation, fondée par George Albertus Cox*. Toutefois, son secteur de prédilection était le transport : il appartenait au conseil d’administration de la Northern Navigation, de la Canada Steamship Lines et de la Compagnie de navigation du Richelieu et d’Ontario, qui était alors en plein essor grâce à des fusions. Son portefeuille personnel lui permettait de faire couramment des transactions boursières de 1 000 dollars. Souvent appelé à se rendre à Londres, à Paris et à New York, il mêlait parfois affaires et politique. Au cours d’un voyage à Londres en 1917, il représenta le ministère de la Marine et des Pêcheries dans des négociations avec le gouvernement impérial au sujet du transport maritime.
Bristol avait acquis de l’influence en politique à titre de vice-président et de président de la Toronto Conservative Association et de l’Ontario Conservative Association. Élu sans opposition député de Toronto Centre à la Chambre des communes au cours d’un scrutin partiel en 1905, il représenterait cette circonscription (qui deviendrait en 1925 Toronto Est Centre) jusqu’en 1926. Eric Norman Armour, qui avait déjà été candidat au Parlement, dirigeait ses campagnes et, pendant ses voyages, s’occupait de sa correspondance d’affaires et de sa correspondance politique.
Bristol était un parlementaire d’une espèce rare, utile beaucoup plus en raison de ses talents administratifs que de ses médiocres dons d’orateur. Pendant la Première Guerre mondiale, il servit avec compétence Albert Edward Kemp, député de Toronto East, tour à tour président de la Commission de ravitaillement, ministre de la Milice et de la Défense puis ministre responsable des forces d’outre-mer. Le travail de Bristol consista, semble-t-il, à s’occuper du courrier de Kemp, surtout durant les deux années où celui-ci veilla au ravitaillement. Une fois, Kemp se plaignit de ses fréquentes absences en disant qu’il avait besoin de son aide « jour et nuit ». Après la fin des hostilités, plus précisément en 1921, Bristol fut durant trois mois ministre sans portefeuille dans le cabinet d’Arthur Meighen*. Au cours de la vingtaine d’années où il fut député, il passa peu de temps en Chambre. En 1915, en le voyant surgir en plein débat, George Perry Graham* avait fait une pause pour « souhaiter la bienvenue à cet étranger ». Bristol comptait sur le travail d’organisation en coulisse, plutôt que sur la rhétorique, pour gagner des appuis. Pendant la campagne de 1911, il avait assisté à des réunions de stratégie avec le chef fédéral Robert Laird Borden* et le premier ministre de l’Ontario, sir James Pliny Whitney*. En qualité de président de l’Ontario Conservative Association, il dirigea les campagnes provinciales jusque dans le courant des années 1920.
Bristol présente un intérêt particulier, car une bonne partie de ce qui subsiste de sa correspondance politique porte sur la distribution de faveurs. Comme sa circonscription comptait une proportion exceptionnellement forte d’électeurs juifs et italiens, ces lettres forment un excellent tableau des arrangements négociés entre eux et la bourgeoisie anglo-protestante qui dominait l’appareil politique. Bristol semble avoir été remarquablement dénué de préjugés ethniques, mais peut-être sa tolérance dénote-t-elle tout simplement de l’habileté politique. Par ses efforts constants en faveur de ses partisans juifs, et dans une moindre mesure italiens, il aida beaucoup ces groupes à se tailler une place dans l’espace politique canadien.
Ce régime de favoritisme connut son apogée au début de la Grande Guerre, dans les années où le gouvernement dépensait sans compter. On avait immensément besoin d’uniformes militaires et une bonne quantité d’entre eux étaient commandés aux manufacturiers juifs de vêtements de Toronto Centre. Régulièrement, Bristol se plaignait, au cabinet, que les fidèles partisans torontois ne recevaient pas une part équitable des contrats, mais en fait il négociait lui-même l’attribution de nombreuses commandes. En janvier 1915, il défendit son bilan dans ce domaine devant le maire Thomas Langton Church*. Il ne tarda cependant pas à découvrir que même son réseau de favoritisme ne pouvait fournir tout le nécessaire au gouvernement. En outre, l’inefficacité du système exacerbait les attentes des fournisseurs et l’antagonisme des électeurs. Dans le programme que la coalition formée par Borden défendit pendant la campagne électorale de 1917, l’élimination du favoritisme figurait juste en dessous de la nécessité de gagner la guerre. Les réformes apportées par la suite aux achats gouvernementaux privèrent Bristol de son meilleur instrument de gestion politique et l’amenèrent à se soucier beaucoup moins du sort de tel ou tel électeur en particulier. Il restait néanmoins un excellent organisateur. Le caucus fédéral lui confia la direction de la campagne de 1921 dans le centre de l’Ontario et, jusqu’à sa mort, il fut l’un des principaux organisateurs du parti, tant sur la scène nationale que provinciale.
La vie sociale d’Edmund James Bristol était conforme à son rang dans sa profession et dans les affaires politiques. De confession anglicane, il appartenait à des clubs prestigieux de Toronto, d’Ottawa, de Montréal et de Londres. En 1895, le Royal Canadian Yacht Club lui remit la coupe du prince de Galles. Lui-même et sa femme, tous deux membres du Toronto Hunt Club, aimaient l’équitation et la chasse, et pratiquaient le golf avec passion. Victime d’une hémorragie cérébrale en février 1927, Bristol en fit une deuxième le 13 juillet et mourut le lendemain. Sa succession valait 23 000 $, ce qui était bien peu pour un homme entre les mains de qui était passé tant d’argent.
AO, F 68 ; RG 22-305, nº 57455 ; RG 80-8-0-1052, nº 4650.— BAC, MG 27, II, D9, 28, 54, 83 ; MG 30, A16, 25.— Alan Gordon, « Patronage, etiquette, and the science of connection : Edmund Bristol and political management, 1911–1921 », CHR, 80 (1999) : 1–31 ; « Taking root in the patronage garden : Jewish businessmen in Toronto’s Conservative party, 1891–1921”, OH, 88 (1996) : 31–46.— Norman Ward, « The Bristol papers : a note on patronage », Rev. canadienne d’économie et de science politique (Toronto), 12 (1946) : 78–87.
Alan Gordon, « BRISTOL, EDMUND JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bristol_edmund_james_15F.html.
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Auteur de l'article: | Alan Gordon |
Titre de l'article: | BRISTOL, EDMUND JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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