Titre original :  Photograph Mr. and Mrs. J. Breakey, Montreal, QC, 1867 William Notman (1826-1891) 1867, 19th century Silver salts on paper mounted on paper - Albumen process 8.5 x 5.6 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. I-28993.1 © McCord Museum Keywords:  couple (556) , Photograph (77678) , portrait (53878)

Provenance : Lien

BREAKEY, JOHN, homme d’affaires, né le 9 avril 1846 à Chaudière Mills (Breakeyville, Québec), sixième des neuf enfants de Hans Denaston Breakey et de Theresa Murray ; le 5 novembre 1867, il épousa à Lévis, Québec, Helen Anderson, demi-sœur du révérend Duncan Anderson, et ils eurent quatre fils et cinq filles ; décédé le 26 juin 1911 à Breakeyville.

En 1830, quelque temps après la fermeture de l’entreprise familiale de blanchiment de toile que ses ancêtres huguenots Jean et Guillaume de Brequet avaient fondée en Irlande vers 1700, le père de John Breakey, Hans Denaston, alors âgé de 20 ans, émigra de Rockcorry (république d’Irlande). Selon la tradition familiale, il avait l’intention de rejoindre des parents dans le comté de Sullivan, dans l’État de New York, mais il fit naufrage dans le golfe du Saint-Laurent. Il réussit à se rendre jusqu’à Pointe-Lévy (Lévis, Québec), et décida d’y rester. Il travailla d’abord dans un parc à bois, puis en acheta un, d’où il expédiait des étais de mine en Angleterre. De plus, il tenait une épicerie dans sa maison à Pointe-Lévy.

En 1846, année de la naissance de John, Hans Denaston Breakey s’associa à son beau-frère Charles King, père de James*, afin de construire une scierie à Chaudière Mills et d’acquérir des concessions forestières dans la Beauce. C’est ainsi qu’ils devinrent les pionniers de l’exploitation forestière le long de la Chaudière et de ses tributaires. En 1846 et en 1847, ils signèrent des contrats pour abattre du pin dans le sud de la Beauce. À compter du printemps de 1847, ils expédièrent du bois par flottage du sud de la Beauce à Chaudière Mills. Ce flottage se ferait chaque année sans interruption jusqu’en 1947, et dans sa période de plus haute intensité, au xxe siècle, l’entreprise emploierait jusqu’à 2 000 hommes chaque printemps.

John Breakey étudia dans une grammar school privée, celle du révérend Duncan Anderson, ministre de l’église presbytérienne St Andrew de Lévis. Puis, il s’initia à tous les aspects du sciage et de la fabrication de bois d’œuvre, et en vint à connaître les machines utilisées dans les moulins à scier et la construction ferroviaire. À la mort de leur père, en 1863, l’aîné des fils survivants, William Isaiah, alors âgé de 21 ans, prit la direction de l’entreprise. D’après la tradition familiale, John le remplaça peu après. L’entreprise allait très mal, mais il réussit à la redresser et à la faire prospérer.

En 1870, William Isaiah se retira de l’entreprise et John forma la Henry King and Company avec son cousin Henry King et James Patton. L’année suivante, Patton vendit sa part à ses deux associés, qui continuèrent sous la raison sociale de King and Breakey. Huit ans plus tard, Breakey racheta la part de King. Il devint ainsi l’unique propriétaire de 453 milles carrés de concessions forestières dans le comté de Beauce ainsi que des moulins à scier de Chaudière Mills. En 1884, il fit l’acquisition de 57 milles carrés dans les cantons de Metgermette-Nord et de Metgermette-Sud. Dès 1895, il employait 600 hommes et 300 chevaux dans ses camps de bûcherons l’hiver ; l’été, 200 hommes travaillaient à la scierie et ailleurs avec l’aide de 20 chevaux. Chaque année, la scierie transformait 33 millions de pieds-planches en madriers, planches, lattes, traverses de chemin de fer et poteaux de téléphone ou de télégraphe. Une dizaine d’années plus tard, un historien de l’industrie forestière, James Elliott Defebaugh, estima que l’usine de Breakey était « l’une des plus grosses usines de planches d’épinette de la province de Québec, sinon la plus grosse ». En 1910, Breakey fit dresser des plans pour construire une autre scierie, mue à la vapeur, non loin de la première.

Au début, des bœufs et des chevaux tiraient le bois à partir de l’usine de Breakey jusqu’à New Liverpool (Saint-Romuald), sur le Saint-Laurent, où son entreprise avait des docks. Là, on le chargeait sur des schooners pour l’envoyer à Québec, puis outre-mer. En 1883, Breakey construisit un tronçon de chemin de fer de six milles entre sa scierie et Chaudière-Bassin, près de New Liverpool. En 1898, lui-même et d’autres membres de sa famille constituèrent juridiquement la Compagnie du chemin de fer de la vallée de la Chaudière en vue de construire une ligne qui longerait la Chaudière de Scott-Jonction (Scott) à Chaudière-Bassin, où elle rejoindrait le tronçon déjà en exploitation, et continuerait jusqu’au delà de Lévis, jusqu’à un terminus en eau profonde. Ce projet ne se réalisa jamais.

Breakey n’était pas seulement marchand de bois. Il était aussi un gros actionnaire de la Compagnie de téléphone de Québec et Lévis et appartenait au conseil d’administration de la Compagnie de chemin de fer du district de Québec, de la Compagnie du pont de Québec, de la Banque Union du Canada et de la Banque de Québec. De 1898 à 1908, il fut président de la Banque de Québec. En 1900, son avoir se situait entre 400 000 $ et 500 000 $ ; il détenait 21 800 $ d’actions de la Banque de Québec et 24 000 $ d’actions de la Banque Union. En outre, il avait investi dans des mines et des concessions minières. En août 1899, à titre de président de la Compagnie canadienne de l’éclairage électrique limitée, il avait signé le contrat de construction d’un barrage hydroélectrique sur la Chaudière, qui fournirait de l’électricité à Lévis et à des municipalités avoisinantes.

De confession presbytérienne, Breakey était membre du conseil d’administration du Morrin College de Québec et de l’église St Andrew de cette ville, mais lui-même et sa femme, Helen, étaient reconnus pour leur charité envers des membres de diverses confessions religieuses. En 1908, afin que ses ouvriers et leur famille aient plus facilement accès à un lieu de culte, il donna le terrain, les matériaux et les fonds nécessaires à la construction d’une église catholique à Chaudière Mills. En reconnaissance de ces dons et d’autres contributions, la paroisse fut baptisée Sainte-Hélène en l’honneur de sa femme et la municipalité devint Sainte-Hélène-de-Breakeyville.

John Breakey mourut à Breakeyville à l’âge de 65 ans. Il laissait l’administration de sa vaste entreprise d’exploitation forestière à sa femme et à trois de leurs fils : Andrew Hans Denaston William, Colin Cathcart et John (connu sous le nom de Ian). Peu après, ils commencèrent à produire du bois à pâte ; en 1922, ils cessèrent complètement les activités de sciage. En 1947, ils ajoutèrent une usine de pâte mécanique à leurs installations. Durant plus d’un siècle, les activités d’exploitation forestière de la famille Breakey furent le moteur de l’économie des rives de la Chaudière. Maintenant, la Beauce a une économie très diversifiée et ses habitants sont réputés pour leur esprit d’entreprise.

Alan Ross Breakey

ANQ-Q, CE1-66, 25 juill. 1846 ; CE1-75, 13 mai 1863 ; CE1-76, 5 nov. 1867 ; CT1-1, 5 juill. 1911 ; T11-1/32, no 172 (1911) ; 33, no 1214 (1920).— Arch. privées, Alan Breakey (Bragg Creek, Alberta), Corr., John Breakey (Chaudière Mills, Québec) à John Breakey (Londres), 25 août 1897 ; John Breakey à Harold Breakey, 15 oct. 1897.— Presbyterian Hist. Soc. of Ireland (Belfast), T. C. Breakey, memoirs, 1–2.— La Semaine commerciale (Québec), 13 sept. 1895.— Le Soleil, 31 août 1899.— A statutory history of the steam and electric railways of Canada, 1836–1937, with other data relevant to operation of Department of Transport, Robert Dorman, compil. (Ottawa, 1938).— La Beauce et les Beaucerons ; portrait d’une région, 1737–1987 (Saint-Joseph-de-Beauce, Québec, 1990).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— J. E. Defebaugh, History of the lumber industry of America (2 vol., Chicago, 1906–1907).— Pierre Poulin, « Déclin portuaire et Industrialisation : l’évolution de la bourgeoisie d’affaires de Québec à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle » (mémoire de m.a., univ. Laval, 1985).— Honorius Provost, Chaudière Kennebec ; grand chemin séculaire (Québec, 1974) ; Sainte-Marie de la Nouvelle-Beauce ; histoire civile (Québec, 1970).— Québec, Statuts, 1898, c. 64 ; 1899, c. 76.— Sainte-Hélène-de-Breakeyville, d’hier à aujourd’hui (s.l., 1984).— The storied province of Quebec ; past and present, William Wood et al., édit. (5 vol., Toronto, 1931–1932).— Robert Vézina et Philippe Angers, Histoire de Saint-Georges de Beauce (Beauceville, Québec, 1935).

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Alan Ross Breakey, « BREAKEY, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/breakey_john_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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