BOWLES, GEORGE JOHN, administrateur et entomologiste, né le 14 juin 1837 à Québec, fils aîné de John Bowles, cordonnier, et de Margaret Cochrane ; le 31 octobre 1861, à Québec, il épousa Isabella Patterson, fille d’un officier de l’armée britannique, et ils eurent un fils et deux filles ; décédé à Montréal le 16 juin 1887.

Après avoir vécu à Québec les premières années de son enfance, George John Bowles suit sa famille à Trois-Rivières en 1844. C’est dans une école de cette ville qu’il commence ses études, mais, faute de moyens pour les poursuivre, il doit s’efforcer de parfaire en autodidacte ses connaissances littéraires et scientifiques. En 1851, sa famille revient à Québec et, dès l’année suivante, il entre au service de la Banque de prévoyance et d’épargnes de Québec en qualité de commis. Après être resté près de 20 ans au service de cet établissement bancaire, il occupe au moment de son départ le poste de caissier adjoint au directeur général. En 1872, il quitte Québec pour s’établir à Montréal, où il devient secrétaire-trésorier de la British American Bank Note Company, charge qu’il conservera jusqu’à sa mort.

C’est à Québec, vers 1863, que le goût de Bowles pour l’histoire naturelle se précise et qu’il commence de s’intéresser à l’entomologie. En 1864, avec William Couper, alors secrétaire adjoint de la Société littéraire et historique de Québec, et l’abbé Louis-Ovide Brunet*, professeur d’histoire naturelle à l’université Laval, il organise la filiale de Québec de l’Entomological Society of Canada, fondée à Toronto l’année précédente. La filiale de Québec sera active jusque vers 1872, se réunissant dans les salles de la Société littéraire et historique et disposant du petit musée d’histoire naturelle de cette société.

De 1864 à 1872, Bowles s’était montré l’un des membres les plus actifs de la petite société, collectionnant et étudiant les insectes de la région de Québec, plus particulièrement les lépidoptères. Il manifestait également un intérêt tout spécial pour les espèces nuisibles à l’agriculture et à l’horticulture, intérêt dont témoignent les articles qu’il adressa au Canadian Naturalist and Geologist et au Canadian Entomologist. Son premier article, paru dans le Canadian Naturalist and Geologist en 1864, marque un événement dans l’histoire de l’entomologie économique au Canada : Bowles y signale l’apparition en Amérique du Nord de la piéride du chou (Pieris rapæ), une espèce européenne de lépidoptère particulièrement nuisible aux cultures maraîchères. Vraisemblablement transportés par les transatlantiques mouillant dans le port de Québec, les premiers spécimens y avaient trouvé un milieu favorable et s’y étaient reproduits en grand nombre. Bowles prédisait que, si l’on ne s’employait pas activement à détruire les chenilles à chaque saison, l’espèce, encore limitée à la région de Québec, se répandrait bientôt dans tout le reste du Canada, causant des dommages importants aux cultures.

Établi à Montréal à partir de 1872, Bowles continue de s’intéresser à l’entomologie. Dès l’année suivante, il participe à la fondation de la filiale de Montréal de l’Entomological Society of Ontario, qui avait remplacé, en 1871, l’Entomological Society of Canada [V. William Couper]. Il restera jusqu’à sa mort l’une des principales figures de cette filiale dont il sera président de 1875 à 1881, puis de 1884 à 1887. En 1875, il profite de sa première élection à la présidence pour tenter d’orienter le développement de la petite société montréalaise et d’élever le niveau scientifique de ses travaux. Les amateurs qui en sont membres s’occupent surtout de collectionner les lépidoptères et les coléoptères de l’île de Montréal. Les exhortant à diversifier leurs intérêts et à élargir le champ de leurs études, Bowles leur signale que l’entomologie est appelée à participer à la solution des grands problèmes de la biologie, plus particulièrement celui de l’origine des espèces. Il leur rappelle, en outre, que l’entomologie est une science pratique dont l’importance est considérable pour l’agriculture, l’exploitation des forêts et la médecine. Aussi Bowles engage-t-il les membres de la filiale de Montréal à faire des collections dans tous les ordres d’insectes et à étudier non seulement les formes, mais également les étapes de leur développement individuel, l’influence du milieu et de l’alimentation, le rôle de leur instinct, le comportement et la distribution géographique des espèces, bref, l’ensemble de l’histoire naturelle des insectes. Prêchant d’exemple, Bowles publie dans le Canadian Entomologist et dans les rapports annuels de la Société d’horticulture de Montréal et Société pomologique et fruitière de la province de Québec de nombreux articles sur des questions très diverses de taxonomie et de systématique, de comportement des espèces et d’entomologie économique.

En plus d’être membre de l’Entomological Society of Ontario, Bowles appartenait à la Société d’histoire naturelle de Montréal, à la New York Entomological Society et à l’American Association for the Advancement of Science. Il occupa pendant plusieurs années le poste d’éditeur adjoint du Canadian Entomologist. Sa correspondance – encore dispersée – montre qu’il entretenait des relations suivies avec des entomologistes américains, dont John Lawrence LeConte, Samuel Hubbard Scudder et William Henry Edwards, et avec des naturalistes canadiens, plus particulièrement James Fletcher, William Saunders* et l’abbé Léon Provancher*. À sa mort, ses imposantes collections entomologiques furent déposées au Redpath Museum de la McGill University, à Montréal.

Plus qu’un simple collectionneur, Bowles était un entomologiste accompli, sachant voir l’importance que pouvait prendre l’étude des insectes dans l’élucidation des grandes questions scientifiques de l’époque et le rôle pratique que l’entomologie pouvait jouer dans le développement de l’agriculture canadienne en identifiant les espèces nuisibles. Par ses contributions à la littérature entomologique et par la part active qu’il prit à l’organisation de sociétés savantes, il tient une bonne place dans le petit nombre des naturalistes qui, au xixe siècle, se sont intéressés à la faune et à la flore du Canada.

Raymond Duchesne

George John Bowles a écrit de nombreux articles dans le cadre de sa participation à différentes sociétés scientifiques dont : « On the occurrence of Pieris rapæ in Canada », Canadian Naturalist and Geologist, nouv. sér., 1 (1864) : 258–262 ; « Address of the incoming president of the Montreal Branch of the Entomological Society of Ontario », Entomological Soc. of Ontario, Annual report (Toronto), 6 (1875) : 10–13 ; « The importance of practical entomology », Montreal Horticultural Soc. and Fruit Growers’ Assoc. of the Prov. of Quebec, Report (Montréal), 3 (1877) : 95–98. Bowles a également signé une douzaine d’articles dans le Canadian Entomologist (London, Ontario) de 1869 à 1887 ; plusieurs de ces articles ont pour objet l’analyse des lépidoptères, des insectes migratoires et des nouvelles espèces de papillons.  [r. d.]

Arch. de la Soc. entomologique du Québec (dép. de biologie, univ. Laval), Minute books of the Montreal branch of the Entomological Soc. of Ontario, 1873–1887.— Arch. du séminaire de Chicoutimi (Chicoutimi, Québec), Fonds Léon Provancher, Lettres de G. J. Bowles, 8 oct. 1867, 17 déc. 1874, 16 déc. 1878, 16 janv. 1882, 14 août 1884.— ASQ, mss-m, 474–477 ; 479 ; 484.— F. W. Goding, « In memoriam : George John Bowles », Entomological Soc. of Ontario, Annual report, 20 (1889) : 20s.— E.-J. Leroux et R.-O. Paradis, « Histoire et perspectives de la protection des plantes au Québec : aspect entomologique », Phytoprotection (Ottawa), 51 (1970) : 99–123.— J.-M. Perron, « Histoire des sociétés d’entomologie au Québec », Soc. entomologique du Québec, Annales (Sainte-Foy), 19 (1974) : 18–27.

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Raymond Duchesne, « BOWLES, GEORGE JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bowles_george_john_11F.html.

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Auteur de l'article:    Raymond Duchesne
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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