BONNEMERE, FLORENT, frère, jésuite, apothicaire, chirurgien, né en 1600 à Bordeaux (France), décédé à Québec le 16 août 1683.

Bonnemere, arrivé à Québec le 14 août 1647, était entré chez les Jésuites à Paris le 23 juillet 1619. Il aurait été surtout apothicaire ; cependant, il est connu pour s’être intéressé aussi à la médecine et à la chirurgie.

La pratique de l’apothicairerie, réglementée en France à partir de Charles VII, relevait au xviie siècle d’une corporation, tout comme la médecine. Les apothicaires possédaient leur Collège et, à la fin d’un apprentissage de sept ans, ils devaient présenter une thèse de maîtrise et un « chef d’œuvre » pharmaceutique. Leur fonction principale consistait dans la préparation des médicaments d’après les ordonnances des médecins ; ils devaient les porter aux malades à domicile et en surveiller les effets. L’apothicairerie utilisait une quantité considérable de médicaments composés de produits chimiques et de plantes médicinales et jouait un rôle important dans les soins aux malades. Pour le seul service de Louis XIV, on comptait neuf apothicaires attitrés.

Les apothicaires furent relativement nombreux en Nouvelle-France. Le premier fut Louis Hébert, fils d’un apothicaire de Paris. Plusieurs d’entre eux furent des religieux, particulièrement des jésuites, ce qui s’explique peut-être par le fait que l’apothicairerie n’était pas soumise aux mêmes restrictions que la médecine et la chirurgie dans sa pratique par des membres du clergé. Le sulpicien Gabriel Souart, premier curé de Montréal, ayant étudié la médecine avant d’entrer dans les ordres, dut obtenir une autorisation du pape pour pratiquer son art, après son arrivée au pays.

Le frère récollet Pacifique Duplessis était apothicaire. Les Jésuites, qui étaient responsables d’un dépôt considérable de médicaments, comptaient un bon nombre d’apothicaires : les frères Noël Juchereau [V. Jean Juchereau de La Ferté], Gaspard Gouault, Florent Bonnemere, Jean Vitry, Jean Boussat, Jean-François Parisel, Charles et Jean-Jard Boispineau*. Il semble bien que Bonnemere ait pratiqué aussi la médecine et la chirurgie. Il traita pour l’hydropisie l’ursuline Marie de Saint-Joseph [V. Savonnières]. D’après Bonnemere, cette religieuse lui serait apparue à deux reprises après sa mort (1652), dont une fois pour le prévenir d’un danger mortel alors qu’il traversait le fleuve Saint-Laurent sur la glace.

Dans un cahier intitulé « Miracles arrivez en leglise de Ste Anne du petit Cap Coste de Beaupré en Canadas », colligés en 1687 par le curé Thomas Morel, est reproduit un document que Bonnemere avait signé en ajoutant à son nom : « exercant la médecine à Québec ».

Le Journal des Jésuites (septembre 1659) contient les deux notes suivantes : « de F. Bonnemer ; moderanda actio chirurgi circa foemineum sexurn » (au sujet du frère Bonnemere ; il doit retrancher de son activité de chirurgien le soin du sexe féminin). Et, en marge : « Chirurgus non curet foeminas » (Comme chirurgien, il ne doit pas soigner les femmes). D’après ces deux notes, il y a lieu de croire que Bonnemere pratiquait couramment la chirurgie.

Antonio Drolet

ASQ, Paroisses diverses, 84, p. 11 et Polygraphie, XIII : 2, p. 18 (Thomas Morel, Miracles arrivez en leglise de Ste Anne du petit Cap Coste de Beaupré en Canadas. 1687).— JJ (Laverdière et Casgrain).— JR (Thwaites), XXXVIII : 163–165 ; XXXIX : 267 ; XLV : 115 ; LXXI : 147 et passim.— Marie Guyart de l’Incarnation, Lettres (Richaudeau), I : 529–531.— Maude E. Abbott, History of medicine in the Province of Quebec (Montréal, 1931).— Ahern, Notes pour l’histoire de la médecine, 65.— Boissonnault, Histoire de la faculté de médecine de Laval, 45.— Paul Delaunay, La Médecine et l’Église : contribution à l’histoire de la pratique médicale par les clercs (Paris, 1948).— Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales (1ère série, 26 vol., Paris, 1864–82), V.— J. J. Heagerty, Four centuries of medical history in Canada and a sketch of the medical history of Newfoundland (2 vol., Toronto, 1928).— Gabriel Nadeau, Le Dernier Chirurgien du roi à Québec : Antoine Briault (1742–1760), L’Union médicale du Canada, LXXX (1951) : 705–726, 855–861, 981–998, 1106–1115.— Les Ursulines de Québec, I : 193s.

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Antonio Drolet, « BONNEMERE, FLORENT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bonnemere_florent_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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