Titre original :  Alexis L'Esperance

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BONAMI (Bonamis), dit Lespérance (L’Espérance), ALEXIS, « voyageur », guide et chef des convois de bateaux de la Hudson’s Bay Company, né le 27 novembre 1796 à Saint-Michel-d’Yamaska (Yamaska, Québec), fils de Pierre Bonami, dit L’Espérance, et de Marguerite Gouin ; en juin 1825, à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba), il épousa sa concubine, Marguerite Guernon (Grenon ou Gouin), et les enfants nés de cette union furent peut-être au nombre de 18 ; décédé le 11 décembre 1890 à Saint-François-Xavier, Manitoba.

Alexis Bonami, dit Lespérance, naquit dans une famille de trafiquants de fourrures dont plusieurs furent engagés comme voyageurs par des entrepreneurs de Montréal. Durant la guerre de 1812, il servit dans un régiment commandé par le lieutenant-colonel James Cuthbert. C’est probablement en qualité de voyageur que Bonami entreprit sa carrière à la Hudson’s Bay Company ; son travail quotidien consistait alors à pagayer et à faire le portage de canots transportant des provisions et des ballots de fourrures. Il s’était proposé de retourner au Bas-Canada à l’expiration de ce premier contrat, mais il demeura dans l’Ouest avec la compagnie et il joua un rôle de premier plan à titre de guide et de chef des convois de bateaux durant au moins un demi-siècle. En 1826, à l’âge de 29 ans, Bonami devint guide à Norway House (Manitoba), signant un contrat de trois ans avec la Hudson’s Bay Company. Il se peut qu’en 1828 il ait été choisi pour guider George Simpson* au cours de l’historique voyage qui permit à celui-ci de se rendre en canot jusqu’à la côte ouest en empruntant le fleuve Fraser.

Après l’union, en 1821, de la North West Company et de la Hudson’s Bay Company, Simpson avait encouragé l’utilisation des York boats, dans lesquels on pouvait transporter de plus grosses cargaisons en utilisant un équipage restreint, et ces bateaux furent bientôt les seuls dont on se servit sur les deux grandes voies qui menaient de York Factory (Manitoba) à la colonie de la Rivière-Rouge et au fort Edmonton (Edmonton). À la fin des années 1820, Bonami avait acquis un certain prestige et il ne fut probablement jamais obligé d’accomplir la tâche pénible et servile de rameur sur un York boat.

Bonami se rendit célèbre en tant que chef du convoi du portage La Loche. La Hudson’s Bay Company commença d’utiliser les York boats sur la route allant de York Factory au fleuve Mackenzie (Territoires du Nord-Ouest) en 1823, et, après avoir fait l’essai de différents parcours en vue de résoudre les problèmes causés par la nécessité de faire le plus rapidement possible, à l’aller et au retour, le transport des marchandises de la région du Mackenzie, la compagnie arrêta finalement son choix sur la route compliquée, mais sûre, de la rivière Rouge. En 1832, Bonami fut le chef du premier convoi de bateaux montés par des équipages de la Rivière-Rouge qui emprunta cet itinéraire, le plus long et le plus difficile de la traite des fourrures. Chaque année, à la fin de mai, sitôt le lac Winnipeg dégagé de ses glaces, le convoi de quatre à six York boats quittait la colonie de la Rivière-Rouge. Les membres de l’expédition descendaient la rivière du même nom et, traversant le lac Winnipeg, se rendaient à Norway House où ils débarquaient leur chargement de fourrures, de vivres et d’articles de traite. Embarquant alors les approvisionnements destinés à la région du Mackenzie, qui étaient gardés dans les entrepôts de ce poste, ils suivaient la rivière Saskatchewan, faisaient du portage jusqu’à la rivière English (rivière Churchill, Saskatchewan) et atteignaient le lac La Loche (Saskatchewan). De là, ils transportaient le chargement à dos d’homme jusqu’au milieu du portage Methy (Saskatchewan), où une équipe du district du Mackenzie leur remettait des fourrures en échange des provisions. Bonami et son équipage retournaient ensuite à Norway House et, descendant la rivière Hayes, se rendaient à York Factory ; ils y arrivaient à la mi-août, à temps pour rejoindre le navire ravitailleur qui venait de Grande-Bretagne une fois l’an. Après avoir déchargé leurs fourrures, ils repartaient avec les nouvelles provisions ; ils en laissaient une partie à Norway House et apportaient le reste à la colonie de la Rivière-Rouge où ils arrivaient au milieu ou à la fin d’octobre. Le convoi du portage La Loche parcourait quelque 4 000 milles sur des voies d’eau périlleuses en observant un horaire rigide. On utilisa cette route jusque vers la fin du xixe siècle, mais, à compter des années 1860, le transport des chargements sur les 12 milles du portage Methy fut effectué par les charrettes de la colonie de la Rivière-Rouge.

Il incombait à Bonami de faire en sorte que les guides et les convoyeurs (tripmen) à ses ordres respectent l’horaire et d’assurer la protection de son chargement et de ses passagers. Ses grandes qualités comme chef de convoi et sa connaissance approfondie de la route lui valurent la haute estime et le respect de ses camarades. Les convoyeurs travaillaient jusqu’à 18 heures par jour, sept jours par semaine, et seul le mauvais temps pouvait les réduire à l’inaction. Une imprudence ou une simple malchance pouvait suffire à précipiter équipage et chargement dans les eaux traîtresses. Le travail des hommes était souvent compromis par la maladie ou les blessures et, même dans les années 1860, il leur était parfois difficile d’obtenir des provisions adéquates. Les membres du convoi du portage La Loche étaient recrutés chaque année à la Rivière-Rouge et recevaient un traitement un peu inférieur au salaire annuel que la Hudson’s Bay Company accordait habituellement aux transporteurs : les hommes du milieu gagnaient £12, les hommes d’avant £14, les hommes d’arrière £16 et le guide £25. Un grand nombre des membres de ce convoi passaient l’hiver à la colonie de la Rivière-Rouge, où ils augmentaient fréquemment leurs maigres revenus en chassant, en s’engageant comme ouvriers occasionnels et en faisant la contrebande des fourrures.

En 1835, Bonami se vit concéder par la Hudson’s Bay Company un terrain de 50 acres sur la rivière Assiniboine, près d’Upper Fort Garry (Winnipeg) ; ce terrain faisait face à un lot de 70 acres, de l’autre côté de la rivière, dont il s’était peut-être porté acquéreur. Avec l’aide de sa famille, il put exploiter une ferme étonnamment vaste. En moins de trois ans, il eut du bétail et trois acres de champ cultivé ; au début des années 1840, il cultivait de 10 à 15 acres, ce qui était bien plus que la moyenne de la colonie.

Au moment de sa retraite, qu’il prit à une date inconnue, Bonami obtint, dit-on, une pension annuelle de la Hudson’s Bay Company. Peu après sa mort, survenue en décembre 1890, le Manitoba, journal de Saint-Boniface, fit son éloge en ces termes : « M. Lespérance [...] a figuré noblement au milieu de cette phalange d’intrépides voyageurs dont les fatigues, les dangers comme le courage, ne peuvent être appréciés que par ceux qui les ont partagés. »

Carol M. Judd

AP, Saint-Michel (Yamaska), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 28 nov. 1796.— PAM, HBCA, B.235/b/3 ; B.239/k/1 : 39, 101 ; B.239/u/1 : no 70 ; D.4/102 : 47 ; D.4/103 : 22 ; E.6/7.— R. M. Ballantyne, Hudson’s Bay ; or every-day life in the wilds of North America, during six years’ residence in the territories of the Honourable Hudson’s Bay Company (2e éd., Édimbourg et Londres, 1848).— Le Manitoba (Saint-Boniface), 17 déc. 1890.— Carol [Judd] Livermore, Lower Fort Garry, the fur trade, and the Red River Settlement (Ottawa, 1977).— R. [G.] Glover, « York boats », Beaver, outfit 279 (mars 1949) : 19–23.— L.-A. Prud’homme, « Alexis Bonami dit Lespérance », Rev. canadienne, 29 (1893) : 207–218.

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Carol M. Judd, « BONAMI (Bonamis), dit Lespérance (L’Espérance), ALEXIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bonami_alexis_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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