BLACK, THOMAS REUBEN, cultivateur, constructeur et homme politique, né le 16 octobre 1832 à Amherst, Nouvelle-Écosse, quatrième fils de Josiah Black, fermier, et de Hannah Embree, et frère de Joseph Laurence ; le 20 mars 1860, il épousa Eunice Bent, et ils eurent deux fils et trois filles, puis en avril 1905, Bethia Clarke ; décédé le 14 septembre 1905 à Amherst.
Les ancêtres de Thomas Reuben Black figuraient parmi les colons du Yorkshire qui s’étaient établis dans le comté de Cumberland, en Nouvelle-Écosse. Thomas Reuben fit ses études à l’Amherst Academy. Dès son jeune âge, il acheta de son père la ferme familiale, où il travailla à introduire de nouvelles races de bétail et à moderniser les techniques d’exploitation. Toute sa vie, il allait s’intéresser vivement à l’agriculture, mais, apparemment, il cesserait d’exploiter sa ferme une fois entré en politique vers 1885. Devenu entrepreneur vers 1880, il acheva en 1884 la construction du Black’s Block, élégant immeuble en pierre situé dans la rue principale et abritant des magasins, des bureaux et des salles de réunion. Ses fréquentes professions de foi en sa ville natale n’étaient donc pas de vaines paroles. Bien qu’il n’ait pas participé aux nombreux travaux de construction résidentielle qui se firent à Amherst après 1902, il y possédait beaucoup de biens immobiliers. En outre, il fit partie du conseil d’administration de la Rhodes, Curry and Company [V. Nelson Admiral Rhodes]. De confession baptiste, il agit à titre de diacre de son église et fut administrateur de l’Acadia University.
En 1884, sir Charles Tupper*, député fédéral de Cumberland, démissionna de son siège pour devenir haut-commissaire du Canada en Grande-Bretagne. Cumberland était une circonscription importante et, à cause du départ de Tupper, les conservateurs risquaient de la perdre. La chose devint encore plus probable lorsque William Thomas Pipes, député libéral provincial du comté de Cumberland, annonça qu’il se présenterait aux élections fédérales. Après des discussions intenses, les organisations locales des deux partis en arrivèrent à un compromis. Charles James Townshend*, député conservateur à l’Assemblée, n’aurait pas d’adversaire au scrutin fédéral, et le libéral Black pourrait briguer seul le siège de Townshend. On ignore pourquoi Black, alors âgé de 51 ans, fut choisi candidat. Jusque-là, il avait seulement tenté de se faire élire conseiller de comté, en 1879.
À l’Assemblée, Black se fit connaître par la vigueur avec laquelle il défendait ses intérêts. À titre de président du comité sur l’agriculture, il préconisait la modernisation des techniques d’exploitation agricole ; il s’opposa au projet de fusion de la School of Agriculture de Truro avec une école technique que l’on envisageait de fonder. Son expérience d’entrepreneur lui permettait de prendre des décisions sur la construction et la réfection des ponts et routes de sa circonscription. Comme bon nombre de ses concitoyens d’Amherst, c’était un fervent adepte de la tempérance. En outre, il préconisait un suffrage féminin limité.
Black se distingua en politique surtout en 1887. L’année précédente, le gouvernement libéral, insatisfait de la place de la Nouvelle-Écosse dans la Confédération, avait adopté des résolutions dans lesquelles il invitait les Maritimes à s’unir, en dehors du pacte fédéral, et précisait que, si cette union ne se réalisait pas, la province se retirerait seule de la Confédération. Le scrutin provincial convoqué peu après ne porta que sur la question du retrait et donna aux libéraux une majorité confortable. Par contre, aux élections fédérales de 1887, ce furent surtout des adversaires du retrait qui l’emportèrent. Concluant que le retrait n’avait pas obtenu un appui suffisant, le premier ministre de la province, William Stevens Fielding*, présenta une motion, toujours en 1887, proposant que la question soit écartée indéfiniment. Black ne se trouvait pas à la Chambre pour voter sur les résolutions de 1886, mais il avait fait partie des quelques députés libéraux provinciaux des circonscriptions en voie d’industrialisation qui s’étaient opposés au retrait. Il pensait que l’unification des Maritimes serait plus avantageuse pour la province, et il voulait que l’on s’applique à concrétiser cette solution. Selon lui, Fielding l’avait trahi en ne faisant de l’union des Maritimes un enjeu des élections provinciales, comme le préconisaient les résolutions. La motion de Fielding fut adoptée. Black fut le seul libéral à s’y opposer, croyant que les résolutions formaient un tout et qu’en votant contre la mise en suspens de la question du retrait, il se prononcerait aussi contre la reconsidération éventuelle de l’union des Maritimes. Aux élections de 1890, il subit la défaite – à cause de dissensions parmi les libéraux, d’après une notice nécrologique. Il regagna son siège en 1894 et l’occupa durant dix ans ; à compter de 1896, il fut également ministre sans portefeuille.
En 1904, le premier ministre de la province, George Henry Murray*, remania son cabinet dans l’espoir de faire nommer le procureur général James Wilberforce Longley* à la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse. Cette nomination suscitait tellement d’opposition qu’elle n’eut pas lieu, mais, dans le cadre des combinaisons de Murray, Thomas Reuben Black succéda, au Sénat, à Robert Barry Dickey, d’Amherst. Pour la seconde fois, il devait son avancement politique à des manœuvres de son entourage. Il semblait prêt à reprendre le flambeau de la tempérance, mais il mourut avant d’avoir pu se replonger dans les travaux parlementaires.
Cumberland County Court of Probate (Amherst, N.-É.), Estate papers, no 271.— Daily News (Amherst), 11 juill. 1904, 14, 16 sept. 1905.— Halifax Herald, 15 sept. 1905.— Morning Chronicle (Halifax), 3, 27 juill. 1884, 15 sept. 1905.— Beck, Politics of N.S., 2 : 28.— Historical record of the posterity of William Black [...], Cyrus Black, compil. (Amherst, 1885).— N.-É., House of Assembly, Debates and proc., 1887 : 256–259, 360–363.
Peter Latta, « BLACK, THOMAS REUBEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/black_thomas_reuben_13F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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