BLACK, JAMES, l’un des fondateurs du mouvement des Disciples du Christ dans le Haut-Canada, né le 15 août 1797 dans la paroisse de Kilmartin (région de Strathclyde, Écosse), fils de John Black et de Janet Campbell ; le 15 février 1828, il épousa Lois Humphrey du canton de Grimsby, Haut-Canada, et ils eurent neuf enfants ; décédé le 21 avril 1886 dans le canton d’Eramosa, Ontario.

Dans sa jeunesse, James Black allait à l’école durant l’hiver et gardait les moutons durant l’été. À 15 ans, il commença d’enseigner dans une école paroissiale, à Bellanoch, dans l’Argyllshire. Il habitait une région qui subissait l’influence d’un mouvement baptiste écossais naissant, lancé au tournant du siècle par Robert et James Alexander Haldane, lesquels s’étaient séparés de l’Église d’Écosse. Black fut impressionné par le ministre « haldanite » de la localité avoisinante de Lochgilphead, Dugald Sinclair, qui se rendit plus tard dans le Haut-Canada. Parce qu’il mettait en doute les énoncés du credo de l’Église d’Écosse, Black se vit refuser un nouveau poste d’enseignant, et, en 1820, il émigra avec ses parents dans le canton d’Aldborough, au Haut-Canada, où l’on ne tarda pas à l’engager comme professeur et à lui confier la tâche de présider les offices religieux des baptistes et des presbytériens écossais de la région. En 1825, Black déménagea avec sa famille dans le canton de Nassagaweya, mais il quitta la ferme de son père afin d’enseigner à Martin’s Mills (Milton) et plus tard à Beamsville. En 1829, année qui suivit celle de son mariage, Black s’établit sur une ferme, dans le canton d’Eramosa, où il demeura jusqu’à sa mort. Bien que remarquablement robuste, il ne se plaisait pas aux travaux agricoles. Il trouva le temps de faire partie du conseil scolaire, de remplir les fonctions de commissaire municipal durant les années 1840 et de prêcher l’Évangile.

Black s’associa peu à peu au mouvement des Disciples du Christ, dont les membres cherchaient à promouvoir l’union des chrétiens en rejetant les énoncés du credo et les structures ecclésiales des religions établies. Le premier bâtiment où ils se réunirent dans l’ouest du Haut-Canada fut érigé sur sa ferme à la fin des années 1820. C’est au début des années 1830, semble-t-il, que Black se mit à lire les écrits du porte-parole du mouvement des Disciples du Christ aux États-Unis, Alexander Campbell, dont il partageait l’idée de rejeter le déterminisme calviniste : comme d’autres adhérents, Black évitait de s’étendre sur les origines complexes du mouvement et il ne pouvait indiquer avec précision à quel moment il était passé du groupe baptiste à celui des Disciples du Christ. La seule autorité reconnue par ces derniers était la Bible, et ils hésitaient à faire des déclarations doctrinales ou même à s’engager dans des discussions théologiques. Ils attendaient dans la joie le jour où tous les chrétiens iraient prier dans des églises locales, modestes et indépendantes, qui n’auraient entre elles que des liens non officiels. Ils espéraient que, par suite d’un mécontentement général à l’égard des Églises en place, les vieilles structures allaient s’écrouler, laissant le champ libre au rétablissement du christianisme du Nouveau Testament. Il y eut bien, dans les régions rurales du Haut-Canada où leurs congrégations étaient installées, une certaine insatisfaction à l’endroit des Églises en place, mais ce sentiment n’atteignit jamais l’ampleur qu’espéraient les Disciples du Christ.

Des années 1830 aux années 1860, Black quitta souvent sa ferme pour aller encourager de nombreuses congrégations qu’il aida à s’établir dans le comté de Wellington et pour aller prêcher dans le secteur ouest de la province. Si les Disciples du Christ répugnaient à payer un ministre résidant, ils soutenaient plus volontiers un évangéliste tel que Black. Ce dernier encouragea le « mouvement coopératif », en vertu duquel des congrégations indépendantes, pendant les années 1840, commencèrent de s’unir en vue d’appuyer le travail évangéliste. Mais de fortes critiques s’élevaient au sein même des congrégations sur le fait que les membres s’efforçaient de s’organiser sur un plan plus vaste que celui de leur localité, risquant ainsi de perdre la pureté de leur christianisme en adoptant des structures ecclésiales. En 1863, Black désapprouva la conduite des Disciples du Christ d’Owen Sound qui s’étaient associés aux baptistes de l’endroit, bien que ceux-ci eussent adopté, comme les Disciples du Christ, la pratique de la communion hebdomadaire ; Black considérait, en effet, que cette « secte, bien qu’orthodoxe », constituait encore un groupe structuré. Sa méfiance à l’endroit des autres Églises apparaît dans un commentaire qu’il émit en 1858 : il y faisait allusion à Satan prêchant « sous les traits d’un ministre de la vraie doctrine ». En dépit de cette méfiance, Black participa aux travaux de la British and Foreign Bible Society. En 1854, il était président d’une filiale canadienne de l’American Bible Union, un organisme des Disciples du Christ qui préparait une « version pure » des Saintes Écritures. Au début des années 1860, en collaboration avec Lazarus Parkinson, il dirigea l’Adviser, une revue mensuelle qui paraissait à Toronto – les Disciples du Christ publièrent un grand nombre de ces revues dont l’existence fut brève.

En 1871, « à cause de son âge avancé », Black ne prêcha plus que dans les comtés de Wellington et de Halton. Lorsqu’il mourut en 1886, le mouvement des Disciples du Christ s’était enrichi de nombreuses congrégations. Black avait joué un rôle de premier plan, car, en raison de la suspicion de la-secte à l’égard des structures ecclésiales traditionnelles, le succès de chacune des congrégations n’était pas tant lié aux conditions sociales qu’aux qualités de chef dont faisaient montre les croyants dévoués comme lui.

Richard E. Ruggle

Emmanuel College Library (Toronto), Disciples of Christ coll., Proc. of the Wellington County Co-operation of Disciples of Christ, Record book 1, 31 janv. 1869–5 juill. 1908.— Adviser (Toronto), juin 1862, mars, mai, déc. 1863, août 1864.— Ontario Evangelist (Guelph, Ontario), mai 1886.— Reuben Butchart, The Disciples of Christ in Canada since 1830 [...] (Toronto, 1949).— Frank Day, Here and there in Eramosa [...] (Rockwood, Ontario, 1953), 9, 11, 19, 26, 32, 51 s., 89s., 141s.— History of the Baptists in Scotland from pre-Reformation times, George Yuille, édit. (Glasgow, [1926]), 70, 116s.— Joshua Norrish, The early history of Nasagiweya (Guelph, 1889).

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Richard E. Ruggle, « BLACK, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/black_james_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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