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BILSKY, MOSES, marchand et leader communautaire, né le 10 décembre 1829 à Kovno (Kaunas, Lituanie), fils d’Ely Bilsky ; en 1874, il épousa à Brooklyn (New York) Pauline Reich, et ils eurent six fils et six filles ; décédé le 4 janvier 1923 à Ottawa.

Arrivé au Canada en 1843, Moses Bilsky vécut avec son père à Montréal, puis à Kemptville, dans le Haut-Canada. Ensuite, après le départ de son père pour la Palestine – ou pour la Russie, selon certains récits –, il habita chez des parents dans l’État de New York. En 1856 ou en 1857, il s’installa à Ottawa ; il était le premier Juif à s’établir dans cette ville.

En 1862, Bilsky se trouvait dans les gisements aurifères de la région de Cariboo, en Colombie-Britannique. Cependant, à cause de l’anarchie qui y régnait, du coût de la vie et de ses minces chances de succès, il descendit à San Francisco où, en pleine guerre de Sécession, il s’enrôla dans l’armée de l’Union. Il fut blessé en participant à la répression d’une émeute survenue dans cette ville à la suite de l’assassinat d’Abraham Lincoln. Après les hostilités, on lui offrit un emploi de mineur en Amérique du Sud, mais, en débarquant à Panama, il découvrit qu’on l’avait engagé pour prendre part à une opération de trafic d’armes vers le Mexique en vue de renverser l’empereur Maximilien. Sans le sou, il s’embarqua clandestinement à bord d’un navire à destination de San Francisco.

En 1874, Bilsky se trouvait sur la côte Est, où il épousa Pauline Reich, Berlinoise d’origine. Le couple s’installa à New York ; leur premier enfant, Alexander, vit le jour aux États-Unis en 1876. Arrivés en Ontario peu après, les Bilsky vécurent à Kemptville, à Mattawa, puis à Ottawa, où en 1877 Moses ouvrit un bureau de prêts sur gages. Vers 1901, il tenait un deuxième commerce – une boutique d’horlogerie, de bijouterie et d’optique – auquel il associa son fils Alexander en formant la M. Bilsky and Son Limited. Dans l’intervalle, les Bilsky avaient passé quelque temps à l’extérieur d’Ottawa. Ils demeurèrent à Mattawa de 1882 environ à 1885 et à Montréal de 1885 à 1891.

La maison des Bilsky, rue Nicholas, devint le foyer de la communauté juive d’Ottawa. Les immigrants y étaient les bienvenus, et Pauline se levait tôt pour laver et repriser leurs vêtements, dans l’espoir qu’ils soient moins gênés d’en avoir si peu. Les jours saints, on y tenait des offices, le plus souvent célébrés par Moses (qui ne savait peut-être pas lire ni écrire l’anglais). C’est lui qui fit venir de New York le premier exemplaire de la Torah qu’il y eut à Ottawa. En 1892, il contribua à la fondation de la première synagogue, Adath Jeshurun, située à côté de son bureau de prêts sur gages. Il organisa aussi une chevra kadisha (société funéraire) et, en 1899, une société sioniste. Par ailleurs, il appartint à la loge maçonnique de Kemptville et aux Foresters à Montréal.

Selon l’Ottawa Evening Journal, Bilsky se retira des affaires en 1915, année où la M. Bilsky and Son prit le nom de Bilsky Limited à la suite d’une réorganisation. Certains membres de sa nombreuse famille connurent la renommée. Sa fille Lillian* se dévoua pour des œuvres philanthropiques à l’échelle nationale et internationale. Le mari de Lillian, Archibald Jacob Freiman, ouvrit un grand magasin à Ottawa et fut président de la Zionist Organization of Canada. L’avocat et industriel Allan Bronfman*, actif dans les communautés de Winnipeg et de Montréal, était aussi un gendre de Bilsky.

Moses Bilsky mourut en janvier 1923 à son domicile, alors situé avenue Daly. L’Ottawa Citizen, qui annonça son décès à la une, le décrivit comme un homme d’affaires d’une « grande valeur et d’une honnêteté à toute épreuve ». Malgré le froid intense, une foule nombreuse se pressa à ses funérailles. Des gens de toutes confessions étaient présents, dont le maire Frank H. Plant, des conseillers municipaux et des parlementaires provinciaux et fédéraux. La synagogue King Edward Avenue était bondée ; des centaines de personnes durent rester dans la rue. Pendant la cérémonie, la dépouille de Bilsky fut conduite à l’intérieur du sanctuaire. Rare dans la pratique juive, cet honneur n’avait encore été conféré à personne à Ottawa.

Stephen A. Speisman

AN, RG 31, C1, 1901, Ottawa, St Nicholas Ward, div. 3 : 22 (mfm aux AO).— AO, RG 80-2 ; 80-8-0-915, nº 9448.— BCA, GR-0216, 34-35.— Ottawa Citizen, 6 janv. 1923.— Ottawa Evening Journal, 5 janv. 1923.— Yiddisher Zhurnal/Daily Hebrew Journal (Toronto), 8 janv. 1923.— Annuaire, Ottawa, 1878–1901.— Canadian Jewry, prominent Jews of Canada [...], Zvi Cohen, édit. (Toronto, [1933]).— Bernard Figler, Lillian and Archie Freiman : biographies (Montréal, [1962]).— The Jew in Canada : a complete record of Canadian Jewry from the days of the French régime to the present time, A. D. Hart, édit. (Toronto et Montréal, 1926).— Ontario Geneal. Soc., Ottawa branch, The United Jewish Community Cemetery, concession IV, lot 7, Gloucester Township, Carleton County, Bank Street, Highway 31, Ottawa, Ontario (Ottawa, 1997), sect.1 : 1–2.

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Stephen A. Speisman, « BILSKY, MOSES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bilsky_moses_15F.html.

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Auteur de l'article:    Stephen A. Speisman
Titre de l'article:    BILSKY, MOSES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    28 novembre 2024