BENTLEY, RICHARD IRVINE, médecin et surintendant d’asile, né le 1er janvier 1854 à Toronto, fils du docteur John Bentley et d’une prénommée Catherine, de Newmarket, Haut-Canada ; le 30 juillet 1884, il épousa à New Westminster, Colombie-Britannique, Mary Amy Woods, et ils eurent au moins un fils et une fille ; décédé en 1909 à Port Moody, Colombie-Britannique.
Après des études à Newmarket, Richard Irvine Bentley fit sa médecine au Trinity College de la University of Toronto ; il obtint son diplôme en juin 1876, au dernier rang de sa classe. Contrairement à certains de ses condisciples qui avaient fait meilleure figure, il ne poursuivit pas sa formation en Europe, mais se rendit plutôt à Nazira (Inde) où il devint médecin à la plantation de thé de l’Assam Company en 1878. Quatre ans plus tard, il revint au Canada en vue d’ouvrir un cabinet à New Westminster, en Colombie-Britannique. Cependant, ses tentatives échouèrent parce qu’il y avait déjà trop de médecins dans la région. En juin 1883, on le nomma médecin à l’asile provincial d’aliénés et chirurgien du Royal Columbian Hospital, puis en janvier 1885, médecin à la New Westminster Gaol. En 1882, une commission d’enquête sur l’administration de l’asile avait recommandé d’installer un surintendant médical résidant pour assurer « régularité, bon ordre, économie et [...] discipline efficace ». Bentley obtint le poste, et en janvier 1885, avec celle qu’il avait épousée peu de temps auparavant, Mary Amy Woods, fille de l’archidiacre Charles Thomas Woods, il emménagea dans la nouvelle résidence construite pour le surintendant sur le terrain de l’asile.
Le traitement des malades, l’administration interne de l’asile et toutes les questions relatives au personnel et à la discipline relevaient exclusivement de Bentley. Une intendante placée sous sa supervision, Flora Amelia Ross*, avait la charge des salles réservées aux femmes. Contrairement à ce qui se passait dans d’autres provinces, il n’y avait pas, en Colombie-Britannique, de mouvement de réforme des asiles. Les surintendants étaient isolés de leurs collègues et coupés des débats psychiatriques qui se déroulaient dans le reste du pays. Bentley ne croyait pas qu’on puisse faire grand-chose pour les patients au point de vue médical. Il s’efforçait donc simplement d’améliorer leur état mental en les tenant occupés à travailler sur les terrains de l’asile. On redonna belle apparence à l’immeuble, mais les salles, elles, demeuraient affreusement inadéquates. L’absence d’une section réservée aux Chinois préoccupait particulièrement Bentley. Faisant écho au malaise racial qui régnait alors dans la province, il soutenait que « cette classe indésirable » devait être placée à part, en partie « à cause du désagrément qu’éprouv[aient] les patients blancs et leurs amis à voir les deux races logées ensemble », mais aussi parce qu’on réaliserait des économies en parquant les patients chinois dans des locaux de l’établissement qui ne satisfaisaient pas aux normes fixées. En 1889–1890, on effectua d’importants travaux d’agrandissement et l’on relégua ces patients dans une salle distincte.
Comme la population de l’asile dépassait la centaine en 1890, Bentley demanda au gouvernement de le relever de ses fonctions au Royal Columbian Hospital et à la New Westminster Gaol. La province ayant accédé à sa requête, il quitta l’hôpital en 1891 et la prison l’année suivante. Il avait dit vouloir se libérer de ces charges pour consacrer plus de temps à l’asile, et pourtant, en 1893, une commission d’enquête conclut qu’il ne s’acquittait toujours pas de son mandat envers ses patients et son personnel d’une manière satisfaisante. Lui-même affirmait visiter les salles au moins une fois par jour, mais les malades et le personnel soignant disaient que, en fait, il s’y présentait rarement plus de quatre fois par semaine et que, même en ces occasions, il se montrait distant. La commission découvrit aussi que, en raison de son manque d’autorité sur le personnel, beaucoup de malades étaient mal traités. Elle résolut que les patients canadiens et britanniques de l’asile d’aliénés avaient droit à des conditions d’hébergement comparables à celles qui régnaient en Angleterre et, comme Bentley semblait incapable de répondre à cette exigence, elle réclama sa démission. Le 24 décembre 1894, il accepta de partir, non sans protester auprès du secrétaire de la province, James Baker, contre ce qu’il considérait comme des « déclarations erronées et dommageables » dans le rapport de la commission.
Après avoir quitté l’asile, Richard Irvine Bentley tenta, tant bien que mal, de se constituer une clientèle stable. Avec sa femme et ses deux enfants, il suivit les chercheurs d’or qui affluaient vers l’Alaska, puis en 1897, s’installa dans la localité minière de Slocan, en Colombie-Britannique, où il dispensa des soins. Finalement, la famille s’installa à Port Moody en 1907 ; Bentley mourut à cet endroit deux ans plus tard.
ACC, Diocese of New Westminster Arch. (Vancouver), Holy Trinity Cathedral (New Westminster, C.-B.), RBMS, 30 juill. 1884, 25 oct. 1885, 6 déc. 1887.— AN, RG 31, C1, 1891, New Westminster.— BCARS, GR 482 ; GR 693 ; GR 1731 ; GR 731.— City of Vancouver Arch., Add. mss 151.— Univ. of Toronto Arch., P78-0158 (Univ. of Toronto, répertoires des étudiants et listes des prix), 1872–1876.— C.-B., Legislative Assembly, Sessional papers, rapport annuel du surintendant médical, 1885, 1889–1890.— T. J. W. Burgess, « A historical sketch of our Canadian institutions for the insane », SRC Trans., 2e sér., 4 (1898), sect. iv : 3–122.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).
Mary-Ellen Kelm, « BENTLEY, RICHARD IRVINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bentley_richard_irvine_13F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
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