BENOÎT (Boneval, Bonwah), PIERRE, Indien de la tribu des Malécites, décédé le 20 mai 1786 dans la paroisse de Queensbury, comté d’York, Nouveau-Brunswick.
L’importance de Pierre Benoît, aux premiers temps de l’histoire du Nouveau-Brunswick, tient au procès pour meurtre auquel sa mort donna lieu. Tôt le matin du 20 mai 1786, William Harboard et David Nelson, deux colons, vétérans des Queen’s Rangers (lst American Regiment), étaient à pêcher quand ils entendirent des chiens aboyer au loin. En retournant chez eux, ils découvrirent deux chiens en train de malmener un des porcs de Nelson ; les autres porcs avaient disparu. Ils tirèrent sur l’un des chiens et, présumant que les porcs manquants avaient été transportés sur une embarcation, ils descendirent à la rivière Saint-Jean. Ainsi qu’il fut rapporté par la suite, ils sommèrent deux Indiens, qui étaient dans un canot, de s’arrêter : « Vous avez mes cochons. » « Non, non », répondit-on, « vous avez tué mon chien. » Les Blancs tirèrent alors au-dessus de la tête des Indiens. Nelson tira une deuxième fois, et Pierre Benoît s’écroula, touché à mort. L’autre occupant du canot était sa femme.
Quatre jours plus tard, Nelson et Harboard furent questionnés par les juges de paix du comté d’York et on leur enjoignit de se tenir à la disposition de la justice. « Les Indiens [...] réclament à grands cris une décision immédiate », écrivit Edward Winslow*, l’un des juges qui reçurent les dépositions. La bande campait autour de la maison de l’autre juge, Isaac Allen, se conduisant avec une « grossièreté » qui affligea toute sa famille. Les colons, ajoutait Winslow, « ne peuvent se faire à l’idée que deux hommes de bonne réputation doivent être sacrifiés pour satisfaire les barbares exigences d’une poignée de sauvages ».
Le procès se déroula à St Ann’s (Fredericton) le 13 juin, sous la présidence du juge en chef George Duncan Ludlow. Le solliciteur général, Ward Chipman*, menait la poursuite au nom de la couronne ; les accusés n’avaient pas d’avocat et plaidèrent non coupables à une accusation de meurtre. Trois témoins seulement furent appelés à comparaître, aucun d’entre eux n’étant indien. Un grand nombre d’habitants assistèrent au procès et montrèrent « l’inquiétude et la sympathie les plus profondes » à l’égard des accusés. Néanmoins, le jury trouva Harboard et Nelson coupables. Harboard obtint son pardon, apparemment parce que le coup fatal n’avait pas été tiré par lui ; Nelson fut pendu le 23 juin.
L’exécution de David Nelson fut attribuée au désir de prévenir de sérieuses difficultés avec les Indiens, à ce moment-là. Et, quoique le type de « provocation sans importance » qui avait occasionné le meurtre de Benoît dût se répéter souvent dans les années suivantes, cette intervention concrète de la justice, dès le début, incita tant les Blancs que les Indiens à plus de retenue.
Military operations in eastern Maine and N.S. (Kidder), 284.— Winslow papers, A.D. 1776–1826, W. O. Raymond, édit. (Saint-Jean, N.-B., 1901), 332s., 357n.— Royal Gazette and the New Brunswick Advertiser, 27 juin 1786.— W. O. Raymond, The first trial for murder on the River St. John, Dispatch (Woodstock, N.-B.), 13 nov. 1895, 6 ; repris sans référence à cet article par « Observer » [E. S. Carter], First criminal trial in Fredericton, Telegraph-Journal (Saint-Jean, N.-B.), 25 oct. 1929, 4.
L. F. S. Upton, « BENOÎT (Boneval, Bonwah), PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/benoit_pierre_4F.html.
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Année de la publication: | 1980 |
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