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BELL, WILLIAM ROBERT, officier de milice, fermier et homme d’affaires, né le 28 mai 1845 à Brockville, Haut-Canada, fils de Robert Bell, marchand de bois, et de Maria Sherwood ; le 17 décembre 1867, il épousa Catharine Ellwood, et ils n’eurent pas d’enfants, puis en mars 1896, Katharine Ormiston, et de ce second mariage naquirent deux garçons et deux filles ; décédé le 17 février 1913 à Winnipeg.
Après avoir fait ses études à Brockville, William Robert Bell séjourna dans l’ouest des États-Unis durant une courte période, puis revint au Canada pour participer aux expéditions visant à repousser les raids féniens en 1866 et 1870 [V. John O’Neill*]. Il travailla à titre de commis de chemin de fer à Brockville et chef de gare à Pakenham. Bell était fort adroit au cricket, au jeu de crosse et surtout au tir au fusil. Il fit partie de la première équipe de tireurs que la milice canadienne envoya aux championnats de Wimbledon, en Angleterre, en 1872 et y retourna apparemment dans les années suivantes. Grâce à ses bonnes relations à Brockville, il reçut le grade-titre de major dans le 41st (Brockville) Battalion of Rifles une semaine avant d’avoir 30 ans. Lorsqu’il quitta la milice, cinq ans plus tard, il était adjudant de cette unité.
À un moment quelconque, Bell se serait occupé d’une grande exploitation agricole, la Bell-Kelso Farm, au Minnesota. Pendant l’été de 1881, résolu à lancer une entreprise du même genre dans l’Ouest canadien, il partit à pied de Brandon, au Manitoba, suivit le tracé que devait emprunter le chemin de fer canadien du Pacifique et choisit un emplacement aux environs de l’endroit où se trouve maintenant Indian Head, en Saskatchewan. En février suivant, il sollicita du gouvernement fédéral l’autorisation d’acheter tous les lots portant un numéro pair dans un secteur d’à peu près 100 milles carrés. En avril 1882, le gouvernement de sir John Alexander Macdonald* approuva la vente de ces terres, environ 23 658 acres, à 1,25 $ l’acre, à la condition que la ferme serve à faire connaître le potentiel de la région et qu’elle accueille des colons à un rythme deux fois plus rapide que ne le stipulaient les règles fédérales sur les concessions statutaires. En outre, la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique accepta de vendre à Bell les lots qui lui avaient été réservés dans le même secteur, ce qui porta la superficie totale de la ferme au chiffre faramineux de 53 000 acres. La question des terres ayant été réglée, la Qu’Appelle Valley Farming Company Limited fut constituée officiellement le 12 mai 1882. Le conseil d’administration comprenait le sénateur Joseph Northwood, de Chatham, en Ontario, et Edgar Dewdney, le nouveau lieutenant-gouverneur des Territoires du Nord-Ouest. Bell était le principal actionnaire ; il prit 1 100 des 6 000 actions et fut nommé directeur général de l’exploitation.
On ne tarda pas à appeler l’entreprise la ferme modèle Bell. Et elle méritait bien ce nom. Les labours se firent sous contrat à compter de juin 1882 ; dès la fin de l’été, ils étaient faits sur plus de 2 500 acres. Les sillons étaient si longs, dit-on, que les équipes faisaient volte-face une seule fois par jour, le midi, pour revenir à leur point de départ. Dès juin 1883, grâce à un ambitieux programme de construction lancé par la compagnie, quelque 70 bâtiments s’élevaient sur la ferme, dont plusieurs impressionnantes structures en pierre. En outre, la compagnie acheta l’emplacement municipal d’Indian Head pour avoir des services de soutien, en particulier un hôtel et un élévateur. La ferme elle-même était divisée en parcelles de 213 acres. Chaque fermier occupait une parcelle et habitait une petite maison, mais le travail se faisait collectivement, par équipes d’hommes dotées de chevaux et de machines, surtout pendant les semailles et la moisson. Chaque année, on cultivait seulement les deux tiers de chaque parcelle de 213 acres ; le reste était mis en jachère.
Bell dirigeait la ferme comme un général en campagne. Il supervisait et coordonnait les activités au moyen d’un réseau téléphonique. La nuit, une équipe de commis compilaient les statistiques de la journée et calculaient les coûts de production. L’entreprise suscitait énormément d’intérêt. Par exemple, des membres de la British Association for the Advancement of Science la visitèrent en 1884 pendant leur tournée dans l’Ouest canadien. Cependant, les récoltes des premières années ne furent pas du tout encourageantes, à cause de gelées précoces et de la piètre qualité des semences. De plus, Bell connut en 1883 une défaite personnelle : candidat au Conseil des Territoires du Nord-Ouest dans la circonscription de Qu’Appelle, il ne fut pas élu, malgré le soutien actif de Dewdney.
Au début de 1885, la compagnie construisit un imposant moulin à farine pendant que Bell allait en Angleterre promouvoir le potentiel de l’Ouest canadien et trouver des étudiants pour un futur collège d’agriculture à Indian Head. Toutefois, la rébellion du Nord-Ouest porta à la ferme un coup dont elle n’allait jamais se remettre. Hommes et chevaux furent affectés au transport des fournitures militaires ; cet été-là, seulement un millier d’acres furent cultivés. Bell lui-même fut absent plusieurs mois : du 1er avril au 31 juillet 1885, il fut quartier-maître à Qu’Appelle pour les troupes de campagne du major-général Frederick Dobson Middleton*. Il obtint aussi des contrats de transport pour une compagnie qu’il avait à Lachine, dans la province de Québec, la Bell, Lewis and Company. En 1886, la ferme, dans une très mauvaise situation, fut refinancée sous le nom de Bell Farm Company Limited. Pour réduire ses dettes, la nouvelle société vendit l’emplacement municipal d’Indian Head ainsi que 675 acres au gouvernement fédéral pour une nouvelle ferme expérimentale qui serait dirigée par un fermier de la région, Angus Mackay*. Ces mesures n’apaisèrent les créanciers que temporairement. En avril 1889, la Cour suprême des Territoires du Nord-Ouest ordonna le démantèlement et la vente de la ferme. Bell se porta acquéreur de près de 13 000 acres et tenta de réaliser à nouveau son idée première, sur une échelle plus modeste, mais il échoua. De toute évidence, il quitta la région peu après la mort de sa femme, Catharine Ellwood, en octobre 1895. Des créanciers saisirent la ferme l’année suivante.
En 1896, Bell se rendit en Angleterre ; c’était, diton, sa vingt-troisième traversée de l’Atlantique. En mars, il épousa Katharine Ormiston. Installé à Dublin durant quatre ans, il fit breveter un procédé de fabrication de briquettes en tourbe pressée. Il vendit son exploitation en 1900, retourna à Brockville pour une courte période, puis s’installa à Winnipeg, où il détint un siège à la Winnipeg Grain and Produce Exchange et travailla à la conception d’un entrepôt de grain en métal galvanisé pour les fermes. Au moment de sa mort, en 1913, il était, dit-on, l’un des principaux actionnaires de l’Edmonton Standard Coal Company.
Comme en témoigne sa grande ferme modèle, William Robert Bell croyait beaucoup au potentiel agricole des Prairies. Les lourdes pertes subies par cette exploitation montrèrent que l’agriculture, dans cette région mal connue, en était encore au stade expérimental et qu’il ne suffisait pas d’exploiter de grandes superficies selon un plan soigneusement orchestré. Il fallait aussi adopter de nouvelles variétés de semences et de nouvelles techniques agricoles.
AN, RG 15, DII, 1, 1174, dossier 5617880 (mfm au Saskatchewan Arch. Board, Regina, R-2.297).— AO, RG 80-27-2, 27 : 39.— Brockville Times (Brockville, Ontario), 18 févr. 1913.—Morning Leader (Regina), 18 févr. 1913.— Qu’Appelle Vidette (Fort Qu’Appelle, [Saskatchewan]), 17 oct. 1895.— Canada Gazette, 1871–1872 : 1237 ; 1880 : 1422.— Vittorio De Vecchi, « From Kensington to Indian Head » (conférence devant la Soc. canadienne d’hist. et philosophie des sciences, Saskatoon, 1979).— Indian Head : history of Indian Head and district (Indian Head, Saskatchewan, 1984).— W. E. Johnson et A. E. Smith, Indian Head Experimental Farm, 1886–1986 ([Ottawa], 1986).— [J. W.] G. MacEwan, Fifty mighty men (éd. spéciale, Saskatoon, 1982).— E. C. Morgan, « The Bell farm », Sask. Hist., 19 (1966) : 41–60 ; réimpr. dans Pages from the past : essays on Saskatchewan history, D. H. Bocking, édit. (Saskatoon, 1979), 45–63.
W. A. Waiser, « BELL, WILLIAM ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bell_william_robert_14F.html.
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Auteur de l'article: | W. A. Waiser |
Titre de l'article: | BELL, WILLIAM ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
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